Le Monde, à certains jours, nous apparaît comme une chose effroyable: immense, aveugle, brutal. Il nous ballotte, nous entraîne, nous tue, sans faire attention. Héroïquement, on peut bien le dire, l'Homme est arrivé à créer, parmi les grandes eaux froides et noires, une zone habitable où il fait à peu près clair et chaud, - où les êtres ont un visage pour regarder, des mains pour adoucir, un coeur pour aimer. Mais que cette demeure est donc précaire! A chaque instant, par toutes les fentes, la grande Chose horrible fait irruption, - celle dont nous nous forçons à oublier qu'elle est toujours là, séparée de nous par une simple cloison: feu, peste, tempête, tremblement de terre, déchaînements de forces morales obscures, entraînent en un instant, sans égards, ce que nous avions péniblement construit et orné avec toute notre intelligence et notre coeur.