Citations de Pierre Thiry (257)
... En entendant la porte s'ouvrir, Sissi avait eu le réflexe de se cacher sous ses draps. Elle était glacée d'effroi à l'idée de voir apparaître le redouté Lord Cyklopp. Avec toutes les rumeurs qui couraient à son sujet, elle n'avait pas la moindre envie d'apparaître en pyjama devant lui. Elle aurait voulu que cette nuit n'ait jamais existé. Elle ne souhaitait pas se laisser embrocher, finir calcinée dans une cheminée. Elle était paralysée de terreur à cette idée. Et pourtant, avec le froid qu'il faisait, quelques personnes faibles d'esprit se seraient certainement ruées d'elles-mêmes vers une telle issue, préférant mourir rôties plustôt que de froid. Sissi était plus courageuse. Elle préférait grelotter dans cette lugubre cour de château et être vivante. Cela valait mieux que de se laisser enflammer pour satisfaire l'appétit du cruel Lord Cyklopp.
Les lourds gonds de fonte grinçaient. Des pas pesants faisaient clapoter la neige fondue. On s'approchait. Elle hasarda un oeil au-dessus de ses draps. Son coeur palpitait. Ce qu'elle vit la laissa sans voix. L'être qui pataugeait dans cette gadoue hivernale avait une figure horrible. Il était tellement grand, sa démarche était tellement surprenante qu'elle imagina un instant que ce monstre était un singe. Il avait la bouche fendue comme celle d'un cheval. Sa lèvre inférieure descendait plus bas que son menton. Sa bouche semblait être celle d'un dromadaire. Ses dents, aiguës comme celles d'un crocodile, partaient de travers, dans tous les sens. ...
Le guide a l’air d’être Astérix devant l’obélisque ascétique d’un lugubre très romantique. (Lia Métonymie)
C’était juste une matinée d’hiver. (Valse froide)
Elle se dressait, droite, raide comme un sapin. Elle était toute blanche, éblouissante comme un glacier des Alpes sous un soleil d'hiver. Cela donnait l'impression qu'elle appartenait à un cygne ou bien à une oie plutôt qu'à un coq. Bien des poules trouvaient à cette plume rebelle un charme indéfinissable qui mes plongeait dans des abîmes de rêves romanesques. "Pour être parfaite, une beauté doit être imparfaite..." se disaient-elles dans leur caquètement poétique.
"Tracer les mots avec jubilation
Implique de traîner d'un air affable
Son matériel de dramatisation :
Stylo, plume, encre et rêve sur la table
Il faut laisser mûrir la phrase aimable
Ne la cueillir pour la fabrication
Que lorsqu'on a bien épicé sa fable
D'une pincée de procrastination
Le lecteur doit bouillir d'excitation
Son attente doit être indéfrisable
Surprenez-le par votre conclusion :
L'écriture est un sport très convenable !
(Extrait du poème "L'écriture est un sport (recette d'écriture)")
"Lorsque je n'écris pas je rêve
Aux livres à venir, sans trêve
J'imagine de nouveaux styles
Lorsque je n'écris pas, je grogne
Je fais la tête ou bien la trogne
J'ai l'impression d'être inutile..."
[extrait du sonnet "Lorsque je n'écris pas..."]
Le Señor Sonéklacique
Le tout petit Señor Sonéklacique
Tenait une cantina au Mexique
(Dans les cactus un bar c'est sympathique)
Mais un type à l'air pas très séraphique,
V'nait tous les soirs, hurlant d'un air grognon
YÉ VOUDRAI OUNA TEQUILA SINON...
La modestie c'est fait pour les frimeurs
Pourquoi tous ces gens s'obstinaient à aller travailler tous à la même heure, dans la même direction, vers des bureaux tous plus horribles les uns que les autres?
.. Alice regardait son oncle avec admiration et envie, comment faisait-il pour connaître autant d'histoires. Elle aimait bien ces conversations animées avec l'oncle Sigismond à la table familiale, chez ses grands-parents. La maison de ces derniers était grande, biscornue, pleine de recoins mystérieux. Elle était située au milieu d'un grand jardin. Alice aimait beaucoup aller y jouer, en compagnie de Raymond et Ramsès. Raymond était un petit lapin blanc ; Ramsès un gros chien : un Saint-Bernard. Elle racontait à Ramsès et Raymond de longues histoires fantaisistes que les adultes n'entendaient jamais. On ignore ce qu'un lapin et un chien pouvaient penser de ces contes, mais ce qui est sûr, c'est que ces trois-là ne se quittaient guère.
Alice n'acceptait de se séparer de Raymond et Ramsès que lorsque l'oncle Sigismond était là, car avec lui, on ne s'ennuyait jamais. On n'arrêtait pas de rire et de s'amuser.
Ce jour-là, l'oncle Sigismond avait proposé à Alice de s'amuser à deviner des titres de livres et des noms d'auteurs. Alice était d'autant plus ravie d'y jouer que cette joute verbale avait plutôt bien commencé pour elle. Son oncle avait ouvert le jeu en lui demandant quels livres avait écrit Hans-Christian Andersen. ...
"L'homme ne s'était jamais imaginé qu'un carré de laitues puisse exprimer un état d'âme, une humeur, un sens de l'humour. Mais aujourd'hui, cela lui paraît évident. Ces légumes sont doués de vie. Ce sont des êtres vivants."
"C'est toi qui, pétillante d'énergie,
M'as appris à regarder l'avenir
Pour oublier le poids du souvenir
Et ne pas m'enliser en nostalgie
C'est toi qui m'a appris que deux sourires
Font tourner l'univers, danser les cœurs,
Font tourner la tendresse en profondeurs,
C'est toi qui m'as appris que l'art fait rire."
(Extrait du poème "Toi qui...")
"L'érudition ne devient vraiment intéressante que lorsqu'elle n'est pas prise au sérieux mais qu'elle devient un objet de joyeux savoir..."
(Extrait de la Postface)
Un élégant et alangui alligator
Sapé comme un sapeur, ronflait comme un cador
Sur la plage d'une île où gisait un trésor
Surveillé par de démocratiques castors.
[extrait du sonnet 89]
Tout ne peut pas se laisser deviner, même par les esprits les plus pénétrants.
Et si l'humanité ne songe plus guère à la lune, il n'y a guère de raison que cette planète se soucie des songes de l'humanité.
"A cause de ces lignes, Trieste avait à jamais pour toi l'allure d'un prélude aux aventures les plus baroques et les plus imprévisibles. Ces lignes plus que toutes les autres de la littérature t'avaient convaincue que l'on voyageait plus en lisant des livres qu'en fréquentant des trains."
Ils sont amoureux, mais ils ont peur de l’amour. Ils sont merveilleux, mais ils ont peur de ces émotions incandescentes. Et si c’était un piège ? Chacun veut y courir. La bousculade est générale, certains s’en sortent, d’autres s’y noient. Certains sont victimes, mais un jour ils se vengent.
Le vieux Bloy, maëlstrom braillard
Epuisait sa phrase au gueuloir:
Ouste! allez! sortez du plumard!
Narrez la vie de Marchenoir!
Que vous êtes naïve!
Crédule comme une endive!