Le XIXe siècle continue de souffrir de préjugés tenaces. Déjà lointain sans l’être encore assez pour jouir du prestige que confère une antiquité vénérable, il n’évoque guère aujourd’hui qu’une idée de vieillerie.
Poser la question conduit à se demander d'abord pourquoi Dürer a exécuté ce dessin. Pourquoi, ou pour qui? L'a-t-il conservé lui-même comme souvenir de ses douleurs, ou le destinait-il à un médecin et, dans ce dernier cas, en attendait-il un traitement, ou répondait-il à une simple curiosité d'ordre scientifique?
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Jamais, il faut le dire, aucun graveur au burin n'était ni n'est depuis lors allé si loin dans le rendu des nuances de l'ombre et de la lumière, rendu aussi subtil, aussi délicat que celui auquel Van Eyck était parvenu, près d'un siècle plus tôt, en peinture. Mais la lumière n'est pas seule en cause: on admire aussi comment l'artiste a au rendre l'aspect des surfaces, la qualité tactile du bois, des étoffes, d'un pelage. Il en va de même dans les deux autres cuivres: c'est ainsi que Vasari le louait d'avoir su, dans Le Chevalier, la Mort et le Diable, rendreles reflets sur les armes et la robe noire du cheval.
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Les différences dans leur composition rendent cette hypothèse probable. Le père de Dürer se détache sur un fond abstrait qui, quoique la couche picturale soit très abîmée, ne présentait sans doute pas à l'origine un aspect très différent, tandis que le peintre paraît dans un cadre d'architecture, le bras droit reposant sur le rebord d'un petit muret, tandis que le fond est percé d'une fenêtre ouvrant sur un paysage, formule d'origine flamande qu'il adopte à l'époque pour la plupart de ses portraits.
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