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Critiques de Pierre Vermeren (17)
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L'impasse de la métropolisation

En retraçant les différentes étapes de la mutation des territoires français depuis la seconde moitié du XXe siècle, ce court essai permet d'aborder la problématique de la métropolisation. Ce phénomène de concentration des richesses, des classes aisées et des activités tertiaires au coeur des très grandes agglomérations a gagné la France au cours des dernières décennies et l'a profondément transformée. On compte une douzaine de métropoles en France qui, avec leurs banlieues, abritent un peu plus d'un quart de la population française mais produisent plus de la moitié de la richesse nationale.

L'objet du livre de Pierre Vermeren est surtout d'alerter sur les conséquences négatives de cette évolution qui a entraîné l'éviction des classes populaires des métropoles : ségrégation sociale, crise des transports, dégâts écologiques causés par le béton-roi, envolée des prix de l'immobilier, artificialisation des sols, délinquance et insécurité sont quelques-uns des maux qu'on peut imputer en partie à ce phénomène. Mais le pire est sans doute le fossé qui se creuse entre les habitants de ce que le géographe Christophe Guilluy appelle « la France périphérique », qui se battent pour un emploi décent et voient les services publics s'éloigner, et ceux des agglomérations qui réclament des arbres pour sauver la planète et améliorer leur cadre de vie. La révolte des banlieues de 2005 ou, plus récemment, le mouvement de protestation des gilets jaunes illustrent avec fracas ce que cette polarisation de la société peut entraîner comme ressentiments et mal-être dans les territoires relégués. L'auteur plaide en conséquence pour une vision plus équilibrée de l'aménagement du territoire.

La lecture de cet essai sera utile à qui voudrait comprendre la révolte des gilets jaunes, la victoire des listes écologiques aux élections municipales dans plusieurs grandes métropoles et quelques autres phénomènes sociétaux moins visibles. Si l'ouvrage peut amener à réfléchir, on regrettera que l'auteur se soit contenté de recenser les effets négatifs de la métropolisation sans chercher à proposer de solution. On aurait également aimé que certains points soient plus détaillés mais le format réduit de ce livre ne s'y prêtait manifestement pas. Ces deux reproches ne sont toutefois pas les principaux qu'on est en droit d'adresser à ce livre.

« L'effet le plus saillant de la métropolisation du territoire français est d'avoir créé deux France séparées, l'une de l'autre, par leurs intérêts économiques et par leurs configurations sociales. Trente à trente-cinq millions de citoyens relégués dans la France périphérique ont pour l'essentiel été sortis du système de la production nationale de richesses » écrit l'auteur en conclusion. Déjà, ce constat mérite d'être nuancé. Si on ne peut nier que certains territoires, comme le quart Nord-Est et le pourtour méditerranéen notamment, souffrent de fragilités particulièrement prononcées, d'autres régions comme la Bretagne ou les Pays de la Loire par exemple, s'en sortent beaucoup mieux. En réalité, et contrairement à ce que laisse entendre le refrain médiatique et politique dominant, les inégalités entre territoires sont faibles dans l'Hexagone, grâce à des mécanismes de redistribution efficaces. de plus, non seulement les fractures ne se creusent pas, mais, mieux, elles se résorbent. C'est difficile à croire mais ce que montrent plusieurs études récentes, dont celle de l'économiste Laurent Davezies (L'Etat a toujours soutenu ses territoires, Seuil, 2021).

Tout porte à croire que le mouvement inverse à la métropolisation est peut-être déjà amorcé. Ainsi, le choc de la crise sanitaire actuelle s'est réparti de façon très hétérogène sur les territoires, en ne recoupant que partiellement les inégalités préexistantes. La baisse d'activité a été particulièrement forte en Île-de-France. Seules huit des trente zones d'emploi les plus affectées par le choc dû au covid-19 figurent dans les trente plus fragiles d'avant crise. Par ailleurs, en affectant les mobilités résidentielles des Français, la crise actuelle semble avoir provoqué l'amorce d'un nouvel « exode urbain ». Il semble ainsi que cette crise remette en cause les conclusions de l'auteur, ce qui donne vaguement l'impression qu'il nage à contre-courant. Son essai reste intéressant mais vient après bien d'autres ouvrages qui ont fait le même constat à l'époque où celui-ci était encore pertinent.
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Le choc des décolonisations

Professeur d’histoire contemporaine à Paris-1, Pierre Vermeren signe un ouvrage aux frontières de l’étude universitaire et de l’essai polémique. Son sujet ne se comprend pas immédiatement à la lecture de son titre et a besoin d’un sous-titre pour s’éclairer. Le « choc des décolonisations » dont il parle n’est pas seulement celui des années 60 qu’une lecture trop hâtive de l’histoire réduit au départ de la France de ses colonies et à leur accession à l’indépendance. Ce choc s’étend en fait jusqu’aux printemps arabes qui marque, selon lui, après les « indépendances confisquées » par des élites corrompues et brutales, une « seconde décolonisation ».

Pierre Vermeren dresse un constat très négatif de la décolonisation dans la première partie de son livre. Des régimes autoritaires ont été instaurés, qui ont souvent reproduit les modes de gouvernement du colonisateur, brisant les rêves de démocratie. Les libertés publiques n’ont jamais été établies. Les puissances occidentales ont fermé les yeux sur ces dérives au nom de la lutte contre le communisme jusqu’en 1989, contre l’islamisme ensuite. Mais, la responsabilité de cette histoire incombe au premier chef, selon Pierre Vermeren qui les connaît bien pour leur avoir consacré sa thèse de doctorat en 2000, aux élites de ces pays auxquelles la deuxième partie de l’ouvrage est consacrée. Il a la dent dure avec elles, leur reprochant de s’être approprié l’Etat néo-patrimonial, d’avoir chaussé les habits du colonisateur, instauré le culte de la personnalité, muselé l’opposition et mobilisé les populations autour d’idéologies délétères (marxisme, panarabisme…).

Dans une dernière partie, Pierre Vermeren renverse la perspective pour s’intéresser à la France et aux Français face à leurs anciennes colonies. L’historien fait ici œuvre d’historiographe en soulignant que la fin dramatique de l’Algérie française a renvoyé dans l’ombre de la mémoire nationale tout le passé colonial. La remarque n’est pas sans finesse mais occulte la part autonome qu’occupe la mémoire de la colonisation de l’Afrique noire, dont témoignent par exemple les cérémonies du cinquantenaire des indépendances en 2010. Il fait également œuvre de sociologue en dressant un tableau, trop bref, des colons après 1960, une majorité de pieds-noirs « aisés mais ruinés » (re)venant en métropole et remontant en silence dans la hiérarchie sociale d’une France en plein boom économique, une minorité de pieds-rouges déchantant vite au piège de la révolution algérienne. Plus de cinquante ans après les indépendances, les témoins directs de cette page de notre histoire cèdent la place à des générations qui ne connaissent pas ces pays et embrassent souvent des positions radicales, soit en rejetant par idéologie le colonialisme et en se berçant d’illusions tiers-mondiste, soit au contraire en versant dans la nostalgie du colonialisme et dans son corollaire, l’afropessimisme.

On l’aura compris : ce livre est ambitieux qui embrasse le temps long de la colonisation, de la décolonisation et de l’actualité la plus contemporaine. Il embrasse aussi un vaste espace : le Maghreb – dont Pierre Vermeren, qui lui a consacré ses précédents ouvrages, est un spécialiste reconnu – mais aussi l’Afrique subsaharienne, sur laquelle ses connaissances sont moins précises, quand il fixe la date de parution du brûlot de François-Xavier Verschave La Françafrique en 1988 ou attribue à Jean-Pierre Bat une thèse d’histoire sur la guerre du Biafra qu’il n’a pas écrite. Cette extension géographique ne convainc pas totalement. L’évolution des régimes nord-africains – entre lesquels l’auteur prend soin de distinguer systématiquement les cas fort dissemblables du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie – n’est guère comparable à celle des régimes subsahéliens – où là encore toute tentative de généralisation se révèle hasardeuse. L’histoire du Maghreb précolonial et les modalités de la colonisation française en Afrique du nord sont d’une essence profondément différente de celles qui caractérisèrent l’Afrique occidentale et équatoriale française. D’ailleurs, il n’est pas anodin que l’onde de choc des « printemps arabes », qui s’est fait sentir du Maroc au Bahreïn, n’ait qu’à peine effleuré l’Afrique subsaharienne, à supposer que le renversement de Blaise Compaoré au Burkina Faso puisse leur être imputé.
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L'impasse de la métropolisation

Reçu dans le cadre d'une Masse critique - merci au passage à Babelio et aux Editions Gallimard, j'attendais beaucoup de la lecture de cette impasse de la métropolisation.

A la fois en tant que citoyen, et comme enseignant d'histoire-géographie, où cette thématique est présente dans les programmes dès le collège.

Lecture au final décevante.

Certes, le constat est là, il est à mon sens parfaitement dressé par l'auteur, qui prend d'ailleurs le temps de remonter aux sources du phénomène, en présentant l'histoire de cette métropolisation, venue des Etats-Unis, comment cette vision de l'organisation de l'espace d'un territoire s'est peu à peu imposée en France, etc. Je ne vais pas refaire tout le développement proposé par Pierre Vermeren, les premiers chapitres sont à ce titre très éclairants. Les impasses sont elles aussi clairement énoncées, encore que j'ai eu le sentiment parfois, surtout dans la seconde partie de l'ouvrage, que le propos était moins étayé, ou plus exactement moins neutre, plus politique. Sans que cela soit clairement énoncé comme étant l'objectif de l'ouvrage. A titre d'exemple, Howard Zinn, dans son "Histoire populaire des Etats-Unis", annonce clairement dès l'introduction quelle est sa perspective. Ce n'est pas le cas ici. Surtout, comme l'a souligné un autre babelionaute dans sa critique du même ouvrage, à aucun moment - ou alors en de très rares occasions - l'auteur ne propose ou n'évoque de pistes, pour essayer de contourner ces impasses, pour résoudre les déséquilibres posés par ce phénomène de métropolisation. En d'autres termes, on retrouve bien le "bilan sans complaisance" évoqué en quatrième de couverture, mais rien sur "une vision plus équilibrée de l'aménagement du territoire". Mais sans doute n'était-ce pas là l'objectif de l'auteur, qui reste à mon sens dans l'observation voir la dénonciation, même si force est de reconnaître la justesse de la plupart des constats qu'il dresse.

Enfin, un point m'a profondément dérangé, s'agissant d'un ouvrage rédigé par un historien : l'absence totale de bibliographie, et des sources qui manquent quelque peu de variété me semble-t-il, et qu'on ne trouve évoquées que dans les notes de bas de page.
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La France qui déclasse : De la désindustrialisa..

Il ne s’agit pas ici d’un ouvrage sur la crise les gilets jaunes, mais plutôt d’une analyse de quels événements, de quelle situation, de quelles impasses, elle est le dénouement.



Pierre Vermeren nous expose ici comment, en une quarantaine d’années environ, nous sommes passés d’une économie productive, c’est-à-dire basée pour l’essentiel sur la production de biens matériels, industriels, agricoles, miniers,… à une économie tertiarisée (et en partie mondialisée). Comment, à un moment donné, nos élites pour des raisons idéologiques, économiques, financières ont décrété ce modèle obsolète et organisé la fin de l’industrie, de l’emploi, de l’agriculture, la fin de la classe ouvrière, la fin des campagne, etc. une économie sans production matériel, une « France sans usine », et quelles ont été les conséquences de ces choix en terme de recomposition sociale et territoriale et bien sûr en terme économique.



Cette amputation du capital productif du pays (au profit des sociétés financières disons-le) est pour lui la première des impasses où les dernières générations politiques ont conduit la France, et il cite à cet égard l’étude de Laurent Izard, dans son livre « La France vendue à la découpe ».



S’y ajoutent l’endettement, à la hauteur de son PIB « 99% en 2018 » et des dégâts environnementaux et humains catastrophiques pour les générations encours et futures.



Une étude convaincante, qui fourmille de cas concrets et d’exemples dans de très nombreux domaines, navrants hélas, assortie de nombreuses sources intéressantes.

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Le choc des décolonisations

Rédigé par un professeur d’histoire contemporaine spécialiste du monde arabe, cet essai éclaire et met en perspective la situation des pays arabes de ces dernières années. Le printemps arabe du début de la décennie 2010 est tout récent, et les historiens travailleront dessus avec du recul dans quelques années. Cependant, ces événements ont marqué l’Europe, qui a des liens particuliers avec cette région.

Ces pays ont pour la première fois vraiment été les acteurs de leur propre histoire, ils ont joué le premier rôle par et pour eux-mêmes.

Où chercher les racines de ces mouvements ?

L’auteur se donne pour tâche d’éclaircir ces révolutions à la lumière du passé et de la décolonisation en particulier.

Le printemps arabe, une deuxième décolonisation ? Après une décolonisation des états, celle des peuples ? La décolonisation a-t-elle vraiment eu lieu dans les années 50 ?

Ce livre présente essentiellement les territoires de l’ancien empire colonial français, avec quelques élargissements. C’est une lecture très intéressante qui apporte un éclairage pertinent sur près de 70 ans de notre histoire contemporaine.

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Le choc des décolonisations

Balayant un demi-siècle à la suite de la décolonisation des années soixante en Afrique du nord et dans les pays sub-sahariens, l’auteur dresse un tableau tragique de ces décennies. Force est de constater que la corruption, le clientélisme, le népotisme, les guerres ethniques, l’explosion démographique… ont été et sont le cadre de fond de ces pays. Les ex-puissance coloniales n’ont certes pas totalement les mains blanches. Elles servent essentiellement aux oligarchies à masquer leur crapulerie et leur incompétence, sauf celle de mettre à sac leur pays à leur profit. On notera le rôle plus que pervers des ONG. La plupart ne sont que des cache-nez à des intérêts très présents, en plus d’engraisser leurs dirigeants avec l’argent du contribuable. Elles n’ont rien de “non” gouvernementales la plupart du temps ! Une mention particulière pour le sémillant Kouchner, le guignol médiatique, dont on n’arrive pas à savoir s’il était un idiot utile ou une petite frappe qui a trouvé le bon filon. Beaucoup d’ouvrages ont été publié depuis des lustres pour dénoncer la crapulerie des zumanitaires (Bruckner… notammant). En un mot synthèse magistrale que le wokisme décolonial n’a surtout pas envie de lire.
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La France en terre d'islam

Je tiens d'abord à remercier les Éditions Belin ainsi que Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique.

Commençons par la forme: une belle couverture, un papier et un format de police agréable, un seul bémol les renvois aux notes dans le premier chapitre...pas tout à fait au point, heureusement ça s'arrange ensuite.

Le fond ensuite, extrêmement intéressant et documenté, fouillé, détaillé... parfois trop pour les néophytes comme moi. Le style est un peu trop factuel et sec pour vraiment me passionner. En clair je crains d'être un peu passée à côté de ce document faute de connaissances suffisantes sur l'Islam et par manque d'un réel talent de conteur chez l'auteur. Un excellent sujet, une connaissance remarquable du propos mais à réserver aux véritables amoureux de l'Histoire.
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Le Maroc : Un royaume de paradoxes

Bien que je ne sois pas convaincue par le traitement d'une thématique X en 100 questions, ce livre m'a permis de faire le point sur la situation historique, économique, géographique, religieuse, etc du Maroc en 2020.



Comme son titre l'indique, le Maroc est un pays de paradoxe qui reste bloqué dans l'analphabétisme et la corruption, par contre, le salafisme, le wahhabisme et les Frères Musulmans ont pris une certaine marge politique et religieuse alors que le trafic de haschisch s'installe inexorablement, il est la première ressource nationale, et pendant ce temps-là, le roi Mohammed VI continue à s'enrichir alors qu'une majorité de son peuple tente de vivre correctement.



Sans compter que ses relations avec l'Algérie ne sont toujours pas au beau fixe et ne parlons pas de la question du Sahara, elle reste très compliquée.



Ce livre contient une mine d'informations qui donne au bout du compte une idée globale de la géopolitique marocaine.
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Histoire de l'Algérie contemporaine : De la R..

Brillante synthèse d’un siècle et demi d’histoire. Celle des divers mouvements “indépendantistes” et salafistes, on ne le disait pas pendant ces décennies, éclaire la situation actuelle du pays. Accuser l’ancienne puissance coloniale ne suffit pas à excuser l’incompétence, la, corruption et la gabegie des potentats arabo-musulmans ont la seule préoccupation est de garder le pouvoir et le fric, en arrosant les militaires et les fonctionnaires avec l’argent du pétrole… avec la complaisance des gouvernements français ; à peu d’exceptions, par lâcheté et clientélisme. A lire pour comprendre les invasions en cours.
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L'impasse de la métropolisation

Trois points de vue divergents sur les conséquences de la concentration des activités économiques et résidentielles dans les grandes villes. Un débat vif au cœur de la cohésion territoriale française.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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L'impasse de la métropolisation



La métropolisation est la concentration des richesses, des classes aisées et des activités tertiaires au coeur de très grandes agglomérations. On compte une douzaine de métropoles en France qui, avec leurs banlieues abritent un peu plus d'un quart de la population française (sur 5% du territoire), mais produisent plus de la moitié de la richesse nationale. Ces métropoles comptent les deux tiers des cadres français, un peu plus des deux tiers des immigrés. Ces deux populations travaillent majoritairement dans le tertiaire, le cadre comme informaticien, banquier, avocat par exemple et l'immigré dans les services à la personne et les services sous-qualifiés aux entreprises. Mais ils n'habitent pas au même endroit. le CSP+ logera dans la ville-centre ou sa banlieue huppée, l'immigré dans les cités des banlieues plus pauvres.





Hors de ces métropoles, c'est la France périphérique que Christophe Guilluy a décrit avec brio dans son essai éponyme, cette France périphérique déclassée, zone de relégation et exclue de la mondialisation. Depuis quelques dizaines d'années, cette métropolisation a ainsi créé une double fracture dans la société française: ville-centre contre cités de banlieue, et métropole contre France périphérique. Cette double fracture est devenue source de tensions, les épisodes de la révolte des banlieues en 2005 et des gilets jaunes en 2018 - 2019 en sont une illustration.





Mais le modèle de la métropolisation est à bout de souffle et commence à craquer, et le vote écologique dans la plupart des métropoles aux élections municipales de 2020 en est une des conséquences. Entassement des habitants, envolée des prix de l'immobilier, crise des transports, pollution, artificialisation des sols, ségrégation sociale, précarisation des emplois peu qualifiés de service, délinquance et insécurité sont les maux les plus visibles de cette métropolisation. Mais le pire est sans doute l'abîme qui se creuse entre les habitants de la France périphérique qui se battent pour un emploi décent (et votent à droite) et les bobos des agglomérations qui réclament des arbres pour sauver la planète et améliorer leur cadre de vie (et votent à gauche)!





Un essai qui fait réfléchir. Mais si l'auteur recense bien les effets négatifs de la métropolisation, il ne propose pas - hélas - de solutions. Il laisse juste entrevoir une lueur d'espoir en remarquant qu'à l'occasion de la crise du Covid, des CSP+ de la métropole parisienne ont commencé à imaginer leur vie ailleurs et en particulier dans des villes moyennes. Mais nul ne sait si la fin de la pandémie ne verra pas la fin du télétravail et ne réduira pas à néant le désir de certains de quitter l'Ile de France.

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La France qui déclasse : De la désindustrialisa..

Je suis en pleine lecture de cet ouvrage, et historien de formation, je peux affirmer que ce livre est un livre d'opinion, et de constats, et non un livre purement historique. Si il raconte quelques faits intéressants (RN10..), ceux-ci servent à étayer l'opinion de son auteur. Dommage. D'autant que certains points rapidement survolés auraient mérités un traitement beaucoup plus conséquent. Pour le dire autrement, l'opinion de l'auteur semble l'emporter sur les faits qu'il décrit sans que celui-ci ne chercher à expliquer ou à comprendre les causes de ces phénomènes
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Histoire du Maroc depuis l'indépendance

Un petit bouquin d'une centaine de pages très intéressant pour mieux comprendre l'histoire contemporaine du Maroc, de l'Indépendance à l'avènement du règne de Mohammed VI.



Les chapitres sur les luttes politiques intestines entre Isqtiqlal, UNFP et autres partis communistes, nationalistes, socialistes, islamistes m'ont moins intéressée, bien qu'ils soulignent le jeu d'équilibriste des rois Mohammed V et Hassan II pour conserver leur trône, si je les compare à la deuxième partie de l'ouvrage, sur la lutte face à l'Espagne franquiste puis face au Polisario soutenu par l'Algérie pour la conquête du Sahara occidental, la politique d'arabisation ou encore la répression très violente, à l'intérieur et en dehors des frontières marocaines, envers les critiques du pouvoir.



J'y ai découvert l'existence de l'opération française Lamantin, destinée à repousser les Front Polisario du territoire mauritanien, ainsi que l'aide militaire important de la France et des Etats-Unis apportée au Maroc durant la guerre du Sahara occidental. Pierre Vermeren rappelle également les relations étroites et non assumées qu'entretiennent la Maroc et Israël, et l'implication du Mossad dans l'assassinat de l'opposant Mehdi Ben Barka.



Une belle (et dense) introduction à l'histoire politique contemporaine du Maroc.
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L'impasse de la métropolisation

Merci à Babelio et à Gallimard pour ce livre reçu dans le cadre d'une opération "masse critique"

"la métropolisation est une modalité du capitalisme néolibéral, présentée en idéal politique et de civilisation"; cette citation tirée de l' introduction, annonce clairement l'esprit du livre. Pierre Vermeren détaille les décisions qui ont permis aux privilégiés (on dit les élites maintenant!), de chasser les ouvriers des centres villes et de les reléguer dans des banlieues de plus en plus étendues. Et pour avoir la main mise et le contrôle sur l'ensemble on a créé les métropoles.

Cette tendance s'est beaucoup accentuée suite à mai 68. Aujourd’hui on y accueille plus volontiers les touristes et les étudiants: ces gens là ne votent pas sur place, tout comme les immigrés logés dans les communes périphériques; ceux ci assurant les services aux personnes, l'entretien des locaux et des espaces.Une fois tout mis en place, les cadres supérieurs devenus majoritaires font appel aux écolos (élections municipales de 2020), pour maintenir et améliorer leur confort de vie bobo.

Le mérite du livre est de bien faire apparaitre comment toutes ces décisions d'aménagement sont prises dans un entre-soi politico-financier faisant en outre le bonheur des grands professionnels du bâtiment, sans que les habitants-usagers soient concertés. (La 5G, Linky, etc perpétuent actuellement cette modalité de fonctionnement dans notre démocratie soi disant représentative).

L'impasse de la métropolisation est donc une impasse démocratique, y compris dans le fonctionnement des conseils municipaux à la botte des barons en place dans ces grandes métropoles. Cette métropolisation participe ainsi grandement dans la mise en place d'une France coupée en deux.

Contrairement à certains je n'attendais pas de proposition miracle de la part d'un historien, d'autant plus que l'on sait bien que l'abandon du système économique actuel basé les profits à outrance semble être la seule solution.

Je conseille ce petit livre (128 pages), aux jeunes intéressés par le sujet de l'aménagement des territoires mais aussi aux curieux , pour la clarté de ses arguments et sa facilité d’accès.







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La France en terre d'islam

Très instructif, mais assez complexe!

Je ne suis pas déçue de cette lecture, mais je suis frustrée car de mon côté j'ai eu l'impression que mon manque de connaissances sur l'histoire du Maghreb m'a empêché d'apprécier pleinement ce livre qui revient sur des temps forts de la coexistence de la France en Afrique du nord au 19e et 20e siècle.

On se souvient grâce à cette lecture que les échanges entre la France et l'Islam ne date pas d'hier.



Petit bémol, le manque de liant,qui engloberait tous les éléments développés.





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La France en terre d'islam

Lu grâce à la générosité de masse critique. Je remercie Babélio et les éditions Belin pour cette découverte.



Il est difficile de me prononcer sur cette lecture. Je pense ne pas avoir assez de connaissance dans le domaine de l'islam pour apprécier réellement l'écriture. Je m'attendais à un livre plus "romancé", avec des anecdotes sur l'Histoire faciles à retenir. Au lieu de ça, j'ai eu cette désagréable impression de me retrouver dans les rangs de la fac avec un professeur qui débite son cours de façon somnolente.

Je n'ai pas tellement apprécié la forme, "trop brouillonne" à mon goût. Les chapitres et sous parties se succèdent de façon illogiques parfois.

Cependant, je souhaitais en apprendre plus sur le lien qui nous uni à l'islam, et j'ai eu ce que je voulais. Le livre regorge de détail, et il m'est arrivé plus d'une fois de m'extasier sur une partie de l'Histoire dont je ne connaissais rien! Mon compagnon a eu son lot de : "Ha bah ça alors! Savais tu qui était Lalla Fatma N'Soumer? Elle est devenue mon modèle" ou encore "Connais-tu la vraie histoire du Canal de Suez? Sais-tu ce qu'est le Saint-Simonisme? "

Bref, j'ai gagné en culture générale.

Avec les événements récents, les préjugés, les amalgames, je pense que ce livre pourrait aider à rappeler à certains comment nous avons pu en arriver là.
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Misère de l'historiographie du

Un vibrant (et convaincant) plaidoyer en faveur d’un réveil de l’historiographie française sur l’Afrique du Nord.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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