Merci Masse Critique, merci Babelio, merci Belin ! Le sujet de l’essai est très intéressant, à savoir comment la soif de connaissances de la Renaissance mise entre parenthèses par les guerres de religions renaît de ses cendres dans la deuxième modernité à partir de la méthode scientifique de Descartes. Cette soif de connaissances conduit à un nouvel élargissement du monde mais aussi à son appropriation symbolique, cartographique, topographique, territoriale, économique, culturelle, religieuse, bref coloniale (avec l’impérialisme et le suprématisme qui vont avec et qui pourrir le monde au XIXe et XXe siècles)… Sauf que c’est fouillis ! Déjà l’auteur bon connaisseurs des Lumières va de Louis XIV à Napoléon III, de la Glorieuse Révolution à la Reine Victoria : les Lumières sont associés au XVIIIe siècle, donc si on va au-delà dans le temps dans les deux sens cela aurait été judicieux de bien le justifier (car au vu du sujet c’est très justifiable). Les notes de bas de page sont rassemblées à la fin de l’essai en 45 pages, mais j’ai eu la désagréable impression que les 260 pages précédentes n’étaient qu’une suite de notes de bas de pages : selon les passages on passe du particulier au général ou du général au particulier, on passe de la cause à l’effet ou de l’effet à la cause, et on passe d’un thème à l’autre dans une succession de récits, d’exemples, et de descriptions qui laissent difficilement deviner la pensée de l’auteur. Heureusement il répète suffisamment ses idées-forces pour qu’on ne passe pas à côté d’elles !
Dans un 1ère partie intitulée « A la source des mondes antiques », on évoque du « Caillou Michaux » (premier texte en cunéiformes découvert par les Européens) pour ensuite décrire le voyage d’André Michaux, avant d’évoquer les conditions des voyages vers l’Orient qu’on qualifie désormais d’Ancien.
On s’attarde sur le Grand Tour qui va de plus en plus loin (et qui n’est pas définit, heureusement que je savais ce que c’était, à savoir un voyage aux sources des humanités réalisé durant plusieurs années dans les milieux les plus fortunés et les plus cultivés), pour évoquer le rôle des consuls de plus en plus nombreux avec l’essor du commerce. Ils aident les voyageurs, les explorateurs, les savants et les antiquaires quand ils ne sont pas eux-mêmes voyageurs, explorateurs, savants et antiquaires (des Indiana Jones en dentelles avant d’être en costumes). Car l’Antiquité est à la mode, romaine d’abord, grecque ensuite, égyptienne et mésopotamienne enfin comme l’auteur le monde avec le « souper grec » d’Élisabeth Vigée Le Brun, peintre de Marie Antoinette, qui défraya les chroniques en son temps. Le sujet devient tellement important qu’il se vulgarise au point d’attirer satires et caricatures, mais d’un autre côté les antiquaires se transforment en archéologues (tandis que les pilleurs et les arnaqueurs se transforment en charlatan et en mystificateurs). Je ne vais pas mentir, cela aurait été nettement plus complet avec l’Italie, Rome, Herculanum, Pompéi, Piranèse père et fils, Caroline Bonaparte et tutti quanti...
Dans une 2e partie intitulée « Le monde est une collection », on part des collection de coquillages très à la mode à la fin du XVIIIe siècle pour la simple raison qu’ils se conservent très bien eux et leurs couleurs au contraire du reste du vivant… L’auteur retrouve ses premières amours est très prolixe et très précis sur les réseaux sociaux pré-industriels, et s’épanche longuement sur la République des Lettres qui devient la République des Savants qui s’échange des courriers accompagnés d’échantillons avant de s’échanger des échantillons accompagnés de lettres : il faut cultiver ses réseaux pour obtenir un maximum d’échantillons et augmenter sa collection, puis cultiver son statut en mettant en valeur sa collection pour la donner à voir à l’autoproclamée haute et bonne société (avant de démocratiser le procédé en créant les musées privés puis public)
Pour avoir une collection encore faut-il collecter, et là on part sur un long passage sur la botanique justifié par le fait que les sciences naturelles rattrapent leurs retards sur les sciences physiques (retard provoqué par les préjugés hautains sinon suprématistes des physiciens ayatollahs des sciences exactes sur les naturalistes perçus comme des fantaisistes, des illuminés voire des charlatans). Mais après tout les voyages dont on profité les botanistes étaient motivés par des observations astronomiques destinés aux physiciens : il fallait bien rejoindre les lieux des éclipses pour préciser et améliorer les sciences exactes (ah ça, on nous rabat les oreilles du voyage de Cook pour observer le transit de Vénus devant le Soleil quelque part dans l’Océan Pacifique). L’auteur retrouve encore sa zone de confort sur les sociabilités des classes aisées en nous décrivant le Réseau Linné, les élèves et les héritiers de celui qui a rejeté Aristote pour révolutionner les sciences naturelles pour les hisser au rang des sciences exactes. Et si on apprend que la région du Cap, qui possède deux fois plus d’espèces florales que la France, est le carrefour des sciences botaniques, l’auteur insiste bien sur le fait que la conservation des échantillons est particulièrement compliquée (d’où les doublons, les envois de graines et le recours aux dessinateurs pour restituer les couleurs qui se perdent les herbiers desséchés).
Dans une 3e partie intitulée « Toujours plus loin », l’auteur se recentre encore plus sur Joseph Banks, James Cook et l’Endeavour qu’il relate par le menu en s’attardant sur les « naturels » laissés sur place ou ramenés en Angleterre, avant d’évoquer les premières expédition polaires et les premières explorations africaines…
Dans la science comme dans la culture, pour réussir il est plus important de savoir se vendre que d’entreprendre : Joseph Banks qui finalement ne fait qu’accompagner James Cook s’entoure de personnes de renom pour se faire un nom, feuilletonise et dramatise l’expédition, magnifie le rôle qu’il y joue, enjolive les choses comme il faut, fait marcher à font les réseau qu’il s’est précédemment constitué, courtise à mort en flattant les puissants, et met en place un plan media d’autant plus efficace qu’il est accompagné d’un plan marketing pour améliorer le retour sur investissement (car il a bien fait savoir le montant d’argent qu’il a sacrifié pour la connaissance, mais pas celui que la connaissance lui a rapporté). Au contraire James Bruce qu’il a découvert quasiment à lui tout seul la source du Nil Bleu et le Royaume d’Abyssinie est voué aux gémonies parce qu’il n’a pas su se vendre (et parce qu’il a remercié les Français qui lui ont apporté leur aide alors que les « French Wars » nourrissaient une francophobie plus forte que jamais)…
Dans une 4e partie intitulée « Un monde d’objet, d’images et de livres », ça part dans tous les sens même si on reste dans le sous titre avec la trilogie explorer / collecter / publier qui aurait pu constituer le plan thématique de l’ouvrage… On revient sur la nécessité de médiatiser son travail pour qu’il soit reconnu, par les gazettes qui en se parant de gravures deviennent des périodiques imprimés qui peuvent faire ou défaire des réputations pourvu qu’on dispose du bon réseau de personnes bien placées. La parole pouvant être mise en doute, il faut prouver ses dires donc ramener des échantillons : minéraux, végétaux, animaux, humains… Vu les difficultés de collecte, de conservation et de transports on recourt à des dessinateurs pour transporter la réalité mais le plus simple reste de ramener des objets et d’en prouver l’authenticité. Car voyageurs et explorateurs peuvent aussi raconter ce qu’ils veulent ! L’auteur prend pour exemple la Terre de Feu : les représentations d’Alexander Buchan et Sydney Parkison qui accompagnent Joseph Banks divergent entre elles alors que toutes deux enjolivent les choses en dépeignant un terre idyllique, alors que personne ne croit les dires de Johann Reinhold Forster qui parle d’une terre misérable qui pourtant seront ultérieurement confirmés par Charles Darwin (je ne résiste pas à la tentation d’un troll athée : les évangélistes n’étaient déjà d’accord entre eux sur l’apparence de Jésus au même moment et au même endroit, tantôt barbu, tantôt moustachu, tantôt imberbe). Non l’élargissement du monde n’ébranla pas la pensée occidentale dans ses certitudes, il la confirma dans ses préjugés : la paradisiaque Tahiti devient la Nouvelle-Cythère pour correspondre aux canons gréco-romains si chers aux Européens, les « bons sauvages » resteront toujours inférieurs aux « hommes civilisés », les Aborigènes pacifistes sont bafoués et les Maoris guerriers sont respectés selon qu’ils rentrent ou ne rentrent pas dans le moule des valeurs de la pensée occidentale.
Après je ne sais pas pourquoi l’auteur revient à la zoologie et on parle kangourou et ornithorynque avant de raconter l’histoire de la rhinocéros Clara et de la girafe Zarafa…
Puis on revient à la médiatisation des mondes extra-européens avec le merchandising qui se développe avec les papiers peints, les gravures, les médailles, les affiches, les publicités, les porcelaines…
On finit enfin sur le cas d’Alexander von Humboldt qui synthétise toutes les idées et toutes les ambitions des Lumières au premier XIXe siècle…
C’est très intéressant, j’ai appris plein de choses, mais j’ai lu suffisamment d’essais historiques pour voir qu’ici cela manque d’esprit pratique en plus de manquer de clarté. Pourquoi décrire longuement des gravures ? Mets-les en images ! Pourquoi décrire longuement des objets ? Mets-les en photos ! Pourquoi de longues listes de lieux ? Mets une carte ! Pourquoi la liste de toutes les étapes des voyages d’untel ou untel ? Mets encore des cartes ! Déjà que c’est fouillis, mets donc une bibliographie thématique et non alphabétique... Et pourquoi mettre en avant Cook pour mettre de côté Bougainville et La Pérouse ? Pourquoi mettre en avant la botanique pour mettre de côté l’astronomie, la minéralogie, la zoologie, l’anthropologie et l’ethnographie ? Et c’est dommage de ne pas avoir creusé le fil directeur des ambitions nationalistes puis impérialistes : les humanités si cher aux élites autoproclamés n’ont pas empêcher de coloniser et d’exploiter avec la pire inhumanité qui soit. Dommage aussi de ne pas avoir creusé l’idée de la République des Lettres mise à l’épreuve de la tourmente révolutionnaire vu que l’auteur déborde fréquemment sur le premier XIXe siècle…
Mais je veux finir sur une note positive : la conclusion est excellente ! Pierre-Yves Beaurepaire fait le lien entre la révolution Gutenberg et la révolution Internet, entre les musées réels qui ne savent plus que faire de leurs oeuvres et qui n’arrivent plus à gérer leurs visiteurs et les futurs musées virtuels. Il rappelle la nécessité de préserver à l’heure de la sixième extinction (qui d’après les élites autoproclamées et les entreprises multinationales n’existe pas, de même que le changement climatique, la fonte des glaciers et des pôles ou la montée des eau), mais aussi de restituer les œuvres aux pays auxquels elles ont été « volés ». Il dénonce aussi le pillage archéologique plus lucratif que jamais, et le vandalisme archéologique plus actif que jamais. Mais surtout il met en avant tout cet héritage des Lumières qui risque de disparaître face aux impératifs financiers de cette saloperie de Veau d’Or éternelle divinité des classes dirigeantes : des milliers et des milliers de textes antiques risquent de disparaître avant même d’être traduits, parce que des milliers et des milliers de super-ordinateurs font du trading à haute fréquence pour enrichir des gens qui n’ont jamais rien fait de leur vie à part naître avec une cuillère en argent dans la bouche au lieu de faire œuvre de service public ; des milliers et des milliers d’espèces vont disparaître avant même d’être découvertes parce la recherche de l’argent doit primer sur la préservation de l’environnement et le bien-être des gens… Mais quel Monde De Merde !!!
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Toute ma gratitude aux éditions Belin et à la dernière opération Masse critique de Babelio... qui m'ont permise de faire connaissance avec cet historien,à l'abondante production, majoritairement consacrée au XVIIIe , à la période foisonnante des Lumières....
Cette lecture je l'ai faite, en alternance avec d'autres, pour apprécier totalement, par étapes cet essai très dense...très riche, qui prolongeait à merveille (le hasard a très bien fait les choses !) ma lecture précédente du directeur de l'Herbier du Museum d'Histoire Naturelle, "Botanique", Marc Jeanson [Grasset, 2019 ]... qui déjà , m'avait appris moult éléments sur l'histoire de la Botanique et de ses savants, en plus du quotidien
d'un chercheur du présent...Les deux ouvrages se font écho et se complètent parfaitement...
"Le monde des Lumières est donc celui d'une Europe curieuse autant que
conquérante, collectionneuse et narcissique, compulsive en tout, ogre
naturaliste et dévoreuse d'antiquités. "(p. 14)
Cet ouvrage est extraordinairement pluridisciplinaire...Notre historien analyse, présente en détails les réalisations de tel ou tel naturaliste, botaniste, les préparations d'expéditions, les stratégies, les financements, les mécénats, les échanges et correspondances entre les pays, savants comme gouvernants,ainsi que toutes les étapes de la réalisation d'une collection , quelle qu'elle soit , et pour finir les publications, les objets, dessins, images , gravures rendant compte ensuite de ces expéditions
lointaines , au public!!...Ces expéditions lointaines indispensables pour Les Sciences naturelles, et les Sciences , en général: de la botanique, à l'entomologie, en passant par la cartographie, l'astronomie... qui inévitablement passent aussi par la politique, les relations internationales entre les puissants, la diplomatie, et l'économie ,le commerce, etc.
Etude plus longuement détaillée pour la France et l'Angleterre...Ouvrage
complété d'une importante bibliographie, et d'un appareil critique aussi conséquent...
"De l'herbier au jardin botanique, du conditionnement des spécimens en vue de leur transport par mer, de la saisie, de la compression à la transmission d'une masse de données inédites, la botanique est non seulement une invitation à collectionner le monde, mais aussi à aller
toujours plus loin et à repousser les limites à la fois géographiques, logistiques et conceptuelles de cet esprit de collection qui caractérise le siècle des Lumières et ses héritiers du premier XIXe siècle." (p. 125)
Une lecture captivante à lire et relire , en piochant selon l'humeur, pour assimiler la mine incroyable d'informations , et s'immerger dans toutes ces vies tumultueuses de tel ou tel savant, navigateur, ou mécène éclairé..!...
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Les illuminatis veulent-ils dominer le monde ? Pourquoi autant d'idiots en sont-ils persuadés ?
En fait ce livre d'intérêt public entend décortiquer la mécanique, les ressorts du complotisme à partir de l'histoire des Illuminatis. L'auteur est professeur d'université, spécialiste en histoire moderne, et en particulier spécialiste de l'histoire de la franc-maçonnerie. On le sent très calé, et cela ne va pas être facile d'aller lui chercher des poux dans la tête. C'est bien utile ici car il démontre en particulier l'emboitement des théories complotistes, les illuminatis infiltrent les franc-maçons, mais en fait ils sont juifs etc...C'est tout à fait passionnant, et clair globalement. Si au départ les premiers chapitres sont un peu complexes et il faut être bien concentré, ensuite c'est plus facile. Surtout l'auteur de cesse de faire des aller-retour avec le présent et c'est réellement très éclairant. On sent qu'il fait ce livre pour éclairer notre présent plus que notre passé. D'autant qu'en fait (je divulgache), il n'y pas eu de complot illuminati...
Un livre sérieux, universitaire, précis qui donne des armes pour affronter, dans ce cas précis, les théories complotistes. Nous en avons bien besoin !
Une dernière remarque, les professeurs sont de plus en plus confrontés à ces théories, à l'histoire du billet de 1 dollar, à Rihanna complotiste, tout comme Macron d'ailleurs (regardez son tee-shirt, si chouette...). C'est à mon avis eux qui tireront le plus grand profit de ce livre !
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Comme les autres tomes de cette belle collection, ce volume est très instructif, bien écrit avec de belles cartes. Une référence.
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Encore une fois je me laisse tenter par un livre simplement en lisant le résumé, je n’ai pas su attendre et je ne le regrette pas. Cet essai très complet sur les Illuminati commence par un peu d’histoire, véritable société secrète du temps jadis et raconte comment, peu à peu, elle est devenue un « même » sur internet ou pire, une théorie du complot extrême dans laquelle certaines personnes haut placées dirigent le monde. Moi ça me plaît la théorie du complot plus ou moins foireuses car j’y vois l’incroyable adaptabilité de l’humain à faire perdurer les légendes et le folklore d’autrefois. Je n’y crois pas une seconde et alors ?
On trouve également dans les dernières parties comment la pop culture s’est emparée du phénomène, de Dan Brown à Rihanna, impossible de ne pas connaître le terme Illuminati à l’air d’internet. Il se trouve que le livre est en plus bien écrit ! C’est accessible à n’importe qui, quel que soit votre niveau de connaissance sur le sujet, vous apprendrez forcément. Le ton neutre de l’auteur apporte aussi beaucoup à la compréhension du vaste sujet, il sait faire preuve de pédagogie, évite les lourdeurs historiques pompeuses pour se concentrer sur l’essentiel, le tout sans négliger des points importants.
Illuminati, francs-maçons, sociétés secrètes, n’ayez pas peur ! Que vous soyez novices avec ses termes ou non, Pierre-Yves Beaurepaire vous livrera les secrets qui rendrons votre lecture accessible. Ce que j’ai le plus aimé c’est tout le travail de recherche clairement effectué avec minutie, il ne manque rien dans cet essai. Bien sûr vous pouvez glaner vous-même des informations, « faire vos propres recherches » sont les termes souvent utiliser pour vous faire tomber dans le piège de la conspiration, c’est pourquoi je vous recommande plutôt cette lecture qui a su éliminer l’inutile et le farfelu pour se concentrer sur les faits.
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Cet atlas en quatre parties est très complet. La première expose les prémices : la révolution américaine, celles qui ont lieu en Europe, les problèmes de la monarchie française, l'impact des Lumières… La seconde parle des débuts de la Révolution jusqu’en 1792 , par exemple la réorganisation du territoire, les conséquences sur les colonies… La troisième expose les difficultés qui suivent : déchristianisation, terreur…. Enfin la quatrième raconte le début de l’épopée napoléonienne. Le tout encadré par une introduction et une conclusion et complété par une chronologie et une bibliographie.
Chaque double page présente avec un texte illustré de cartes et graphiques un thème.
Et il m’a montré combien malgré quelques lectures, j’en savais encore peu sur cette période.
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Ouvrage érudit.
Nécessite une très bonne connaissance du sujet avant de s'y plonger.
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Entre l’apogée de la monarchie absolue dans le tome précédent et le suivant sur la Révolution et l’Empire que je suis impatient de lire, je n’attendais pas grand chose de ce huitième volume de la collection Histoire de France éditée par Belin sous la direction de Joël Cornette.
Sous le titre La France des Lumières, il couvre la période de 1715 à 1789 : il commence à la mort de Louis XIV, relate le règne de Louis XV puis les quinze premières années de celui de Louis XVI, et s’achève à la veille de la convocation des États-Généraux.
J’avais donc peu d’attentes sur ce volume, consacré à une période que je connaissais très mal et qui me semblait manquer d’intérêt, entre deux périodes plus palpitantes. En réalité, j’ai été passionné du début à la fin.
L’auteur, Pierre-Yves Beaurepaire, prend le temps de raconter les événements, de les expliquer, de les placer dans leur contexte, et de les illustrer avec une documentation riche et parfois inédite.
J’ai ainsi eu l’occasion de découvrir ou de redécouvrir une période historique rendue d’autant plus passionnante par un plan qui m’a semblé parfaitement construit :
Dans un premier court chapitre, l’auteur prend le temps de présenter l’état de La France à la mort de Louis XIV, d’un point de vue politique, militaire, financier, social et religieux.
Les deux chapitres suivants commencent le récit historique, avec La Régence de Philippe d’Orléans puis Les années Fleury, du nom du principal conseiller de Louis XV à sa majorité.
Suivent des chapitres qui alternent la progression du récit historique et le traitement de thématiques spécifiques.
Du côté des chapitres classiques poursuivant le récit historique, on trouve :
- Au Mitan du siècle, avec notamment la défaite française lors de la guerre de Sept ans
- L’autorité royale en question avec le sacrifice des jésuites et la fronde des parlements et les tentatives réformatrices
- Des années Turgot au tribunal de l’opinion sur le débat du règne de Louis XVI, les dernières tentatives réformatrices, et ses reculs, avant les événements révolutionnaires de 1789
Concernant les chapitres thématiques :
- De la gloire de Fontenoy au désamour du Bien-Aimé sur l’évolution de l’image du roi dans l’opinion publique
- Experts, théoriciens et administrateurs notamment sur la transformation de l’administration et l’émergence de l’économie vue comme une science
- Sociabilités et Lumières consacré à la vie mondaine mais aussi au grand projet philosophique et scientifique de L’Encyclopédie
- Le royaume aux 28 millions d’habitants qui dresse un état démographique précis de la France de la deuxième moitié du XVIII° siècle
Le livre s’achève sur une courte conclusion, mais aussi le toujours intéressant Atelier de l’historien détaillant les sources, l’évolution de l’historiographie, les chantiers et les débats sur l’histoire de la période. Les annexes (chronologie, bibliographie, sources des illustrations et documents, index) ferment l’ouvrage.
Contrairement au volume précédent sur l’apogée de la monarchie absolue qui m’avait semblé aride, très pointu et peu accessible aux non-connaisseurs, celui-ci permet à la fois d’apprendre et de comprendre la période à laquelle l’ouvrage est consacré.
J’ai pris un grand plaisir avec ce livre, lisant en détail avec avidité certains chapitres ou parcourant d’autres de façon moins précise, mais sans jamais perdre le fil. J’ai encore plus hâte de lire le prochain volume, consacré à la Révolution, au Consultat et à l’Empire.
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Ce volume des Presses Universitaires de Rennes sur la question agrégative "Circulations internationales en Europe : années 1680 - années 1780" est particulièrement instructif. Les contributions sont toutes de très bonne facture et toutes aussi enrichissantes les unes que les autres. Un gros défaut malgré tout, et de taille : aucune conclusion ! Aucune synthèse des différents problématiques transversales qui peuvent être trouvées pour relier chaque contribution à ce volume. Manque assez dommageable. L'ensemble est tout de même remarquable.
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Les Illuminati....sujet qui revient très régulièrement sans que personne ne puisse situer, contextualiser et restituer leur histoire et leur arrivée jusqu'à nos jours.
PY Beaurepaire est historien. Il s'est attaché à mener une enquête historique à partir d'archives , d'écrits et autres correspondances.
Ancrée dans son époque, notamment dans les 2 évènements majeurs: la Révolution américaine ayant abouti à l'indépendance et la Révolution française, cette société secrète relève d'une guerre cachée d'influences entre courants et contre-courants se combattant : les Jésuites, les franc- maçons, la bourgeoisie, les cours d'Europe etc...Et bien sûr elle n'échappe pas aux théories complotistes: complot de jacobins cherchant à déstabiliser les pays, complot des protestants, complot des Juifs, complot des lucifériens… Pourquoi les Illuminati, plus que les autres, ont fini par arriver jusqu'à nos jours avec cette réputation, cette théorie de vouloir voire de contrôler le monde ? Peut-être parce que les Illuminati ont mélangé, agrégé et rebuté une multitude de personnes, pêle-mêle : les Bavarois, les Rothschild, les Roosevelt, les Jésuites, Bolivar, les révolutionnaires, les meneurs de l'unité italienne, Londres etc.….? Peut-être aussi car les Illuminati, plus que les autres sociétés secrètes a représenté la 1ère société transnationale et transfrontière (de l'Europe jusqu'aux Etats-Unis) ?
Le livre de PY Beaurepaire est ardu. Nous ne sommes pas dans le sensationnel mais bien dans l'enquête historique. Il faut s'accrocher par moments pour bien suivre la trame constructive de cette société secrète (notamment toute la base au XVIIIème siècle). Je l'avoue j'ai fait quelques retours en arrière pour ne pas me perdre. Mais la narration et le style sont simples et claires pas de lourdeurs, pas d'intellectualisme. En revanche, peut-être que le déroulé pour en arriver jusqu'à nos jours s'appesantit-il un peu trop sur les fondements et les querelles du XVIII et XIX.
A découvrir
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Je n'ai pas les compétences pour juger du contenu scientifique mais je peux dire que ce livre d'histoire (et de géographie) m'a apporté ce que j'attendais en le cochant dans la liste Masse critique, et que je l'ai trouvé accessible pour mes connaissances limitées.
Des phrases claires, un propos qui m'intéressait (les Européens du 18e siècle - Français, Britanniques, Hollandais - explorent et classifient le monde (flore, animaux, hommes, activités...), donnent des noms aux lieux du bout du monde, sur fond de guerre politique, diplomatique, économique et nécessité d'une communauté scientifique internationale qui s'entraide), pas de radotages, un lien avec notre société actuelle... une réussite pour ce qui me concerne, même si l'accumulation de noms et de dates inhérente à ce type d'ouvrage fait que je préfèrerai toujours lire un roman.
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Tout d'abord, merci aux Editions Tallandier et à Masse Critique pour m'avoir permis de lire ce livre.
Les sociétés secrètes, tout un débat et la théorie du complot également. Les deux sont intimement liés et les Illuminatis en sont la base, avec les Francs-Maçons évidemment.
Si l'histoire de cette société est riche et fournie, elle n'en est pas moins ardue car beaucoup de noms, de lieux et de courants qui sont, pour la pauvre petite lectrice que je suis, complexes à retenir.
Malgré tout, j'ai appris certaines choses dont le détournement total de l'idéal de Weishaupt par des adversaires retors et puissants et aussi toute la nébuleuse que cela a donné par la suite.
Donc, au final, livre intéressant mais je pense qu'il faut avoir une bonne base pour s'y retrouver plus facilement que moi en tout cas.
J'en ai apprécié la lecture mais il faut s'accrocher sur toute la partie historique de la fondation. La suite, celle consacrée à notre époque contemporaine, est beaucoup plus simple à suivre, même si c'est la plus courte de cet ouvrage et sûrement la plus drôle aussi.
Pour ceux qui veulent creuser par contre, un très bon recueil des notes figure en fin d'ouvrage.
Avis aux amateurs.
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Un petit atlas très pédagogique et pas du tout rébarbatif.
Par des cartes très instructives, l'auteur nous rend compte des grands évènements de 1770 à 1804.
Des jacqueries paysannes et révoltes urbaines, des cahiers de doléances jusqu'à Bonaparte, on se rend compte par l'image des profonds bouleversements cette époque.
En 80 pages vous pourrez tout savoir ....
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On apprend, à travers l’ouvrage de Pierre-Yves Beaurepaire, que les Illuminati sont d’abord une réponse apportée au vide qu’a créé le départ des Jésuites dans l’Europe du XVIIIème siècle accusés par la royauté puis la papauté pour leurs actions dites subversives. Leur rancœur est de fait immense face au pouvoir des nations émergentes. De là, nait l’idée que les Jésuites fomentent un retour sur la scène européenne.
C’est là qu’intervient notre protagoniste Weishaupt (Spartacus pour l’Ordre qu’il créée), lui-même ancien élève des Jésuites. Il se fait donc connaître à cette époque où l’éducation est au cœur de nombreux débats puisque les Jésuites, qui en étaient responsables, en sont évincés. Fervent défenseur des Lumières et de l’idée de progrès, Weishaupt souhaite créer une « école de l’humanité ».
L’ordre qu’il créée, celui des Illuminaten est né le 1er mai 1776 et a pour seul but de contrer tout ce qui pourrait entraver les Lumières de se rependre et de ce fait le retour des Jésuites.
Weishaupt est issu de Bavière, région particulièrement marquée par les guerres de religion du XVIIème siècle et la plus emblématique, la guerre de Trente Ans (1618-1648). Lorsqu’il intervient, à la fin du XVIIIème siècle, il est, comme beaucoup, en rupture avec l’Église et plus en phase avec les idées des Lumières qui prônent une société tournée vers le progrès.
Ce qui explique l’essor rapide de l’Ordre, c’est la montée d’un fort sentiment antipapiste à la fin du XVIIIème siècle et d’un regain des sociétés secrètes, comme celle des francs-maçons (qui prônent le respect et la tolérance religieuse) notamment en Allemagne, se disant eux-mêmes issus des Templiers de l’époque médiévale (XIVème siècle) alors étendard de l’esprit chrétien et chevaleresque.
En 1750, une réforme de la franc-maçonnerie la fait revenir à l’esprit originel de ces Templiers (unifiant l’ensemble des chrétiens). Pour les Illuminaten, l’objectif est tout autre. À la nostalgie des Templiers, ils substituent l’avenir des Lumières qui passe par le progrès.
Pour mener à bien le projet initial des Lumières, il faut donc former et positionner les futurs cadres d’une société nouvelle, éclairée par le progrès (encore). L’anéantissement du christianisme y est développé comme l’extinction des monarchies et l’établissement d’une république universelle pour y implanter l’égalitarisme social.
Pour y parvenir, ils ont été chercher majoritairement dans les cercles des Templiers connus pour leur discrétion. Au passage, ils allèrent créer l’amalgame les mélangeant toutes les deux.
Très vite, l’Ordre des Illuminaten allait se propager au-delà de son lieu de naissance pour s’implanter un peu partout en Europe jusqu’à en inquiéter les différentes autorités.
Ils sont attaqués dès 1785, soit moins de dix ans après leur création, en Bavière. Comme les francs-maçons on les voit comme une menace pour l’État (qui s’affirme) à une époque où les tensions internationales (politiques et religieuses) sont fortes. Ils sont accusés d’être une force au service de l’ennemi (notamment Joseph II pour les Bavarois). Ils sont désormais vilipendés et donc accusés de tout, comme l’incarnation d’un mal pour la Nation. Nombreux sont ceux qui se détournent de l’ordre (Goethe par exemple) et allèrent critiquer les Illuminaten et donc entretenir une image négative auprès de l’opinion commune, qui ne cesse de s’affirmer, pour s’en dédouaner. Les autres entrent dans la clandestinité, se politisent et se radicalisent.
Pour eux, la Révolution américaine est une aubaine car éclairée par les idées des Lumières. Dès lors, ils envoient des lettres à Franklin et Adams afin de leur prêter main forte.
Au même moment en Europe, ils sont accusés d’avoir fomenter les actes révolutionnaires qui se jouent en France (ils sont alors accusés de jacobinisme) et en Europe notamment par l’intermédiaire de publications qui relatent leurs volontés (secrète) de contrôler le monde. Leurs adversaires dénoncent leurs objectifs en pointant du doigt les symboles que les Illuminaten laissent dans leurs images. Tous ces symboles (la pyramide par exemple) sont vus comme autant de codes comme au temps des Templiers (qui s’opposaient au Pape et au Roi depuis le XIVème siècle).
Dès lors, ils sont accusés, comme les Jésuites et les Francs-maçons, de vouloir dominer le monde, d’imposer un ordre dont eux-seuls en ont le contrôle. Se met en place une « propagation invisible de l’onde de choc destructive » (p.133). Propagation (secrète) qui se fait notamment par les relais du télégraphe Chappe, l’ancêtre de notre téléphone.
Ils deviennent ainsi l’ennemi de l’intérieur (telle une cinquième colonne), comme le furent les Protestants et les Juifs, qui agit au nom d’une force supérieure au sein d’une société qui en est déstabilisée.
En 1797, John Robison (scientifique écossais et calviniste) rédige « Proof of Conspiration ». Il y dénonce les ambitions cachées des Illuminaten qui deviennent Illuminati et donc son complot mondial, démoniaque par ambition, du temps où la situation en Europe devient préoccupante et où la Révolution française échappe à tout contrôle. Elle devient le mal et donc la preuve des intentions maléfique des Illuminati. L’ouvrage traverse en peu de temps l’Atlantique. Et lorsque les Américains en prennent connaissance, ils décident de s’en prémunir. Car dans cet ouvrage, une nouvelle lecture des évènements est donnée. Désormais, ils sont associés au chaos et les preuves sont là pour le démontrer. Le mythe est ainsi créé autour des Illuminati. Il sera sans cesse renouvelé lorsque la peur et le danger se présenteront face à nos régimes politiques « libéraux ».
Plus tard, en 1806, La lettre de Simonini adressée à Barruel fait entrer les Juifs (secte judaïque) dans l’esprit des complotistes. Il y dénonce les juifs comme appuyant les Illuminati mais aussi les Templiers car, comme eux, ils souhaitent l’anéantissement du christianisme (Édouard Drumont annonce à tort en 1886 que Weishaupt est juif). Cette lettre est ensuite relayée jusqu’à la cour de Russie. Cette lettre allait devenir la preuve (irréfutable) du complot et fit grand bruit au cours du XIXème siècle (et aujourd’hui encore). Cette lettre a été ensuite relayée par la plume de nombreux romanciers comme Alexandre Dumas ou Eugène Sue et au XXème siècle Umberto Eco faisant entrer les Illuminati dans le domaine de l’imaginaire, embrassant par cette occasion les fantasmes les plus vils.
À la suite de la lettre de Simonini, Guy Carr, officier canadien, allait devenir le chantre du complotisme en l’encrant dans une dimension fictionnelle, au XXème siècle, lui donnant une dimension mensongère inaugurant par la suite le tristement célèbre « Les Protocoles des sages de Sion » (1903) propulsé par l’internationalisme britannique de la fin du XIXème siècle et le complot juif mondial qui l’accompagne symbolisé par la famille Rotchild (on y vient…).
De là, les amalgames fleurissent et deviennent légion. La statue de la liberté offerte aux Américains n’est autre qu’un avatar du complotisme s’implantant sur le sol américain. Plus tard, la Révolution nationale de Pétain les condamne ouvertement au nom d’un retour à l’ordre ancien.
Enfin, par l’intermédiaire d’un mouvement Illuminati 2.0 diffusé instantanément par Internet, le phénomène est entré dans le registre d’une « mode » (Rihanna en est la « princesse des Illuminati ») aujourd’hui qui peut s’avérer dangereuse. Les films, la musique, les jeux vidéos ont en pris le relais au point de faire des Illuminati les porteurs d’une vérité face aux médias dits meanstream qui l’occulte. C’est, entre autre, ce qui explique les évènements intervenus au Capitole en Janvier 2022. Pour eux, la défaite d’un des leurs (celle de Donald Trump) en 2020, était la preuve d’un complot agissant pour les nuire.
Comme le dit très justement l’auteur dès son introduction, dresser l’histoire des Illuminati c’est écrire l’histoire de nos peurs.
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Je tiens à remercier la mass critique Babelio qui m'a offert ce livre qui me tentait beaucoup, étant très intéressée par l'univers des sociétés secrètes.
L'essai a une couverture intrigante qui nous lance directement dans le thème des illuminati. L'auteur a fait des recherches pointues, poussées et très documentées : en témoignent les nombreuses notes qui occupent toute la fin du livre. L'essai est divisé en parties, elles-mêmes divisées en chapitres dont les titres permettent d'indiquer le contenu de façon claire.
Cependant, cette lecture a été difficile pour moi : les références historiques ultra référencées et pointues m'ont perdue et découragée à de nombreuses reprises. Cet essai ne s'adresse pas du tout à des novices, il faut avoir des connaissances sur le sujet. Les miennes, que je pensais assez générales, n'ont pas suffit. A vouloir être très précis, l'auteur m'aura perdue.
Je suis une passionnée d'Histoire, pour autant, cette chronologie minutieuse m'a lassée car je m'attendais à une explication des rites, à avoir plus de détails sur les symboles, une explication des differences entre les francs maçons et les Illuminati. Je me suis sentie noyée par tous ces noms de sombres inconnus qui défilaient au fil des pages comme si je devais les connaître...
La dernière partie sur la pop culture, la littérature fut la meilleure mais elle demeure trop courte pour moi.
Je suis passée à côté ou bien ce livre n'était pas fait pour moi. Je suis déçue même si je salue le travail de recherches de l'essayiste.
Tel est mon avis, totalement assumé.
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Ceci est mon témoignage sur la façon dont j'ai finalement rejoint le nouvel ordre mondial, les Illuminati, après avoir essayé de le rejoindre pendant plus de 2 ans maintenant, mais les escrocs m'ont pris de l'argent à plusieurs reprises. Je cherche à rejoindre les Illuminati depuis si longtemps, mais les escrocs continuent de prendre mon argent jusqu'au début de cette année, lorsque j'ai rencontré Lord Felix Morgan en ligne, je l'ai contacté et je lui ai tout expliqué et il a recommandé l'inscription utilisée et j'ai payé pour le grand membre pour me lancer et j'ai été initié dans l'Ordre Mondial et je reçois la somme de 1 000 000 $ US une fois mon initiation terminée. Je suis très heureux! Et promettez de diffuser le bon travail de Lord Felix Morgan. Si vous souhaitez rejoindre le nouvel ordre mondial Illuminati aujourd’hui, contactez Lord Felix Morgan aujourd’hui. C’est votre meilleure chance de devenir membre des Illuminati que vous désirez toujours. Contactez Lord Felix Morgan Email: Illuminatiofficial565@gmail.com ou WhatsApp +2348055459757
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