Les vrais contemporains d'Hervé Bazin ne sont pas les quinquagénaires que l'état civil a couchés sur les registres la même année que lui, mais bien ceux qui lui sont loin encore d'avoir droit au fatidique -génaire qui sclérose les artères et confère en échange une illusoire dignité.
Beaucoup moins cruel pour ses anciens maîtres que jadis Estaunié dans L'empreinte, il donnait après Voltaire, l'exemple assez rare d'un ancien élève des jésuites qui, devenu incroyant, continue de les aimer.
Non certes, qu'il la méprise, mais il l'absorbe et l'abolit : dans le couple, c'est lui paradoxalement, la mante religieuse ! Il ne la courtise pas : il est sollicité.
Tout de même, tout de même, cela existe aussi, les sourires clairs, les rires sans amertume, et qui ne sont pas nécessairement idiots, les yeux à la lumière !
Les grandes personnes ne retiennent l'attention et n'attirent la sympathie que dans la mesure où elles ont conservé intact un coin de jeunesse.
Pour vivre, il faut se faire un principe de projeter à plein la lumière - autre nom de la Vérité - et laisser les veilleuses aux malades.
La seule excentricité qu'il se permit fut de faire carrière dans l'Université alors que ses diplômes lui permettaient d'en sortir.
Dignité humaine, disent ils. Humaine, mais surtout divine, répondent, en écho, leurs adversaires doctrinaux, camarades de combat.
Comment donc sauter dans l'inconnu sans un acte de foi ?
Toute action exige la foi. Le doute stérilise.
Roger Ikor
Le mal n'est peut être pas de souffrir, mais de savoir qu'on souffre.