Il y a dans ce tableau [l'Ialysus] un chien fait d’une manière singulière, car c’est le hasard qui l'a peint : Protogène trouvait qu’il ne rendait pas bien (101) la bave de ce chien haletant, du reste satisfait, ce qui (39) lui arrivait très-rarement, des autres parties. Ce qui lui déplaisait, c’était l’art, qu’il ne pouvait pas diminuer et qui paraissait trop, l’effet s’éloignant de la réalité : c’était de la peinture, ce n’était pas de la bave. Il était inquiet, tourmenté ; car, dans la peinture il voulait la vérité , et non les à peu près. Il avait effacé plusieurs fois, il avait changé de pinceau , et rien ne le contentait ; enfin, dépité contre l’art, qui se laissait trop voir, il lança son éponge sur l’endroit déplaisant du tableau : l’éponge replaça les couleurs dont elle était chargée, de la façon qu’il souhaitait, et dans un tableau le hasard reproduisit la nature.