Mireille Pluchard partage ses souvenirs à la Foire du livre de Brive.
En savoir plus sur son roman "
Les Souffleurs de rêves" : http://bit.ly/2Buxmzz
Dans les Cévennes, la lignée des Vilette, gentilshommes verriers, va-t-elle s?éteindre avec Elias, dernier du nom ? Une descendance inespérée scelle l?avenir de toute une dynastie et attise les rivalités de clans?
La vie, c'est pas un lieu, la vie, c'est un cœur qui bat et le mien bat pour toi, où que tu sois !
Dès que l'huile frémit, elle y casse deux oeufs et s'exclame, joyeuse :
_ Deux roussets* ! Voilà qui est de bon augure.
Jehan sourit à ces remarques de jeune femme superstitieuse. Ils mangent en silence, savourant le calme enveloppant de la pièce ; la cheminée que Mathilde prend bien garde de garnir en abondance - le bois désormais ne leur est plus compté - la soupe fumante et les grandes tranches de pain qui aident à crever les roussets comme un jeu voluptueux de gourmandise : tout est bombance ce soir- là. (p. 56)
* deux jaunes
— Élégant, un brin d’herbe ? Où vas-tu chercher ça, petiote ?
— Pas n’importe quel brin, voyons, il faut prendre le temps de l’observer. Tiens, par exemple, s’embarrasse-t-elle d’un corselet comme le coquelicot, ce prétentieux sans odeur ? Non ! A-t-elle besoin de cligner de l’œil tel l’aguichant volubilis qui s’ouvre et puis se ferme sans jamais exhaler le moindre parfum ? Que nenni ! Se hisse-t-elle sur sa longue tige pour être repérée ? Elle n’en a pas besoin, son parfum nous guide vers elle, nous envoûte et nous séduit.
Parler de ceux qui nous ont quittés, c'est les ramener parmi nous l'espace d'un instant.
Il se tait soudain. Ses yeux rivés sur le visage à jamais endormi ont cru apercevoir une larme se formant au bord de ses paupières closes. Bertrand s'approche du lit et pose une main tremblante sur le front de marbre de la gisante. Il n'a pas rêvé ; la larme en formation au bord des cils, roule sur la joue froide d'Isabel. Bertrand la boit, elle est glacée et cependant tel un baume, elle coule en son coeur, le réchauffe lentement, en tapisse les parois d'une douceur ouatée qui calme ses battements affolés.
_ Isabel, mon amour, murmure Bertrand, je vais aimer notre fille doublement par amour pour vous.
Il a suffit d'un pleur échappé du corps d'Isabel, larme d'amour posthume, larme-testament pour que messire Bertrand s'ouvre à l'amour paternel. (p. 36)
« Comme il aurait voulu qu’elle ne soit que servante ! Que fille de palefrenier ! Combien lui déplaisait l’idée d’une sœur à choyer alors qu’en elle il avait reconnu la femme à aimer, à adorer, dont s’enivrer chaque jour de sa vie ! »
-Voulez-vous, belle-sœur, que nous laissions un peu d'espace à Chantelone et Antoine ?
Leurs souvenirs ne sont pas les nôtres, leur chagrin non plus, quoique je vous devine fort éprouvée, comme moi-même.
- Vous avez raison, Élie. C'est une partie de leur vie qu'ils mènent au tombeau, la plus belle peut-être. En tout cas; la plus importante. L'enfance est le temps de l'ensemencement des valeurs, des espoirs et des rêves.
- Vous parlez vrai, Appoline, rien n'est plus beau que le temps des rêves et peu importe s'il y a un jour une moisson. L'essentiel est d'entretenir l'espérance tout au long de la vie.
page 753.
Certes, elle pleurait encore son bel amour perdu mais il n’est pas de cicatrice qui ne se referme un jour, alors que ce petit bâtard, si obstiné à vivre, serait pour elle et sa famille une plaie inguérissable.
Mon cœur se répand en soupirs,
mes yeux en larmes dans l’excès de ma passion…
J’ai moins de sagesse qu’un enfant,
tellement je suis dominé par l’amour…
Plus rien ni personne n’existe, ni les gens, ni les murs, ni la vieillesse de la maman retrouvée, ni la maladie du fils revenu. Être à nouveau réunis, cela seul compte en dépit de l’échéance d’une nouvelle séparation ; le temps accordé n’a que peu d’importance.