Priincess Ramera Cassi

- Il va falloir que tu arrêtes de te comporter comme un petit con un jour ou l'autre. Ne reproche pas à ces femmes ce qu'elle t'a fait. Il est temps pour toi de guérir et ce n'est pas en agissant ainsi que tu va y arriver.


Un malaise me prend aux tripes. Jamais Madison n'a fait allusion à elle sauf en de très rares occasions. Pour le coup, je ne m'attendais pas à entendre un sermon ce matin. Mes yeux s'emplissent de larmes, je baisse le regard.

- Sauf que je n'ai pas envie de guérir, dis-je d'une voix enrouée par l'émotion.


- Je le sais et c'est bien ça le problème, me répond-elle dans un murmure.


Sa main est toujours posée sur ma joue et je me surprends à me frotter légèrement sur celle-ci. Elle me caresse discrètement de son pouce et je ferme les yeux, me délectant de cette marque d'affection. Elle m'embrasse sur le front et se relève.

- Bon, il est l'heure de se bouger le cul. Tu vas prendre une douche et tu frottes à fond pour m'enlever cette odeur de cul.


Séquence émotion finie.

Je le lève du lit, la tête me tourne, j'ai l'estomac en vrac, mais me dirige vers la salle de bain. On ne discute pas les ordres. Avant que je ne m'engouffre dans la pièce, le cri de Madison me coupe dans mon élan et je me retourne pour la voir se diriger vers moi comme une furie. Elle me contourne pour me regarder de dos, nullement gênée par ma nudité, et pose son doigt sur ma fesse gauche.

- Jayden! Cette cruche t'a laissé sa marque de rouge à lèvres juste là! Tu me nettoies cette horreur.

- Oui mam...., Madison.


Je me rattrape in extrémis. Même si je le pense, jamais ces mots ne franchiront mes lèvres. Elle me donne une tape sur le cul et me pousse dans la salle de bain.

- Je te met des cachets et un verre d'eau sur la table de chevet. Tu les prends une fois ta douche finie et tu me rejoins en bas pour le petit déjeuner. Pas trois plombes sous l'eau!


Je ne réponds pas, elle n'attend pas de réponse de part de toute manière. Quand je dis qu'elle est pire qu'une mère. J'entends la porte se refermer, alors je retourne vite fait dans la chambre prendre mon téléphone pour me mettre de la musique. J'allume ma playslist et les premières notes remplissent la salle de bain. Je me laisse bercer par la mélodie, exprimant à la perfection mon état d'esprit pendant que je me glisse sous l'eau chaude de la douche. La chanson de "Kodaline" tourne en boucle depuis plusieurs mois dès que je me retrouve seul, c'est devenu un rituel entre nous. Finalement, je vais mettre un peu plus longtemps que prévu, juste pour faire chier Madison car je suis peut-être le sage Jayjay, l'aîné qui gère tout mais quand elle est dans le coin, j'aime me transformer en sale gosse.

Et j'ai besoin de quelques minutes pour laisser ma peine s'exprimer. Quelques instants pour laisser son absence me remplir de noirceur, au plus profond de mon âme, et prendre conscience que j'ai encore merdé. Laisser mes larmes se mélanger à l'eau de la douche, seule témoin de ma vulnérabilité.

Ma cousine va me rendre folle. J'habite avec elle à présent. Je compte rester quelques mois le temps de décider quoi faire de ma nouvelle vie. Nous avons décidé de louer cet appartement ensemble à mon retour. Enfin, c'est plutôt elle qui en a décidé ainsi. Elle ne voulait pas que je reste seule. Comme si j'avais besoin d'une baby-sitter. Malgré tout, je suis contente. Abby et moi avons toujours était très proches l'une de l'autre. Les milliers de kilomètres qui nous séparaient à l'époque n'ont rien pu faire contre notre lien. Aussi loin que remontent mes souvenirs, elle a toujours été ma meilleure amie, ma moitié. Jusqu'à ces derniers mois.

Les meilleurs amis ne s'aiment pas de cette façon.
Je pousse un soupir et hoche la tête d'exaspération. Franchement, quelle genre de relation pourrions-nous avoir? N'importe qui en nous voyant peut prédire le désastre assuré. On se pousse à bout mutuellement. Tant que l'un de nous n'a pas fait enrager l'autre, nous continuons. Nous sommes cent fois pires que des enfants. A bien y réfléchir, j'agis de la sorte pour attirer son attention. Je ne supporte pas lorsqu'il m'ignore. Je veux être continuellement dans ses pensées comme il est dans les miennes. Je ne peux m'empêcher de le désirer. Chaque parole, chaque geste, chaque attention m'électrise le corps et enflamme mon cœur.

Stop! Je dois arrêter ces bêtises. Cela ne change rien, je ne suis pas faîte pour lui. Il mérite bien mieux que moi. Je sais ce que je suis. Il sait ce que je suis. Comment pourrait-il aimer une personne comme moi? Insouciante, irresponsable, incompétente. Ses merveilleuses qualités m'ont joué bien des tours. A cause d'elles, j'ai sombré, profitant d'une vie d'insouciance.

Est-ce que je regrette ce mode de vie? Non, seulement quelques parties.
Il ne faut jamais regretter son passé et les choix qu'on a pu faire. Nous apprenons de nos erreurs pour nous permettre de rectifier le futur à notre guise. Jeff m'a appris ceci.

Elle secoue la tête et esquisse un sourire.
- Si au moins c'était le fuseau d'un homme qui t'avait piquée, je comprendrais mieux ton refus de te lever princesse Aurore.
Je la regarde perplexe.
- Abby, tu viens vraiment de comparer le sexe d'un homme à un fuseau ?
Elle hausse les épaules et pince les lèvres.
- Une bite Sweetheart, appelle ça une bite.

Alors arrête ce jeu avec lui car il te veut. Tu penses que ce ne sont que des paroles en l'air, mais crois-moi, jamais je ne l'ai vu agir comme il le fait avec toi depuis que je le connais. Je ne sait pas si ce n'est que sexuel ou plus, mais tu as piqué son intérêt. Il n'arrêtera pas avant de t'avoir, il est determiné le Rainbow.

Les contes de fées n'existent pas mais tu peux faire en sorte de te créer le tien et de le vivre.

Les sensations qu'il provoque en moi, incertaines et incontrôlables, se jouent de moi en battant le chaud et le froid. Je suis une personne abimée et instable, mes blessures ne se sont jamais guéries au fil des années, cependant face à cet homme à la personnalité mystérieuse et attirante, elles s'effacent et s'apaisent.

Je n’ai pas ma place sur cette terre, je ne l’ai jamais eue.
Suis-je arrivée trop tôt ou trop tard ? Je ne saurais le dire.
Cependant, je suis certaine que ma destinée n’est pas d’y rester. Je ne suis qu’une prisonnière, enchaînée à elle, me noyant à chaque journée. La libération est proche.

Il y a deux univers, deux mondes bien distincts, et ce sera vers mon démon que je me tournerai pour être en sécurité. Les monstres ne se blessent pas les uns les autres. Ils s’unissent et deviennent plus forts. Deux âmes sœurs diaboliques et malsaines.

Je mets de la couleur et de la gaieté dans mon apparence alors que je suis incapable de le faire dans ma vie et mon cœur.
Je déguise mes propres sentiments, travestis la réalité derrière des artifices et cette façade d’illusion éphémère.