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3.89/5 (sur 1196 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Lyon , 1985
Biographie :

Abel Quentin est avocat pénaliste à Paris.

"Soeur" (2019) est son premier roman. Il a remporté le Prix de Flore 2021 pour Le Voyant d’Etampes (L’Observatoire).

Source : https://www.livreshebdo.fr/article/soeur-dabel-quentin-aux-editions-de-lobservatoire
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En 2020, le festival Oh les beaux jours ! a répondu à la proposition du Barreau de Marseille de créer un prix littéraire récompensant un auteur dont le livre (fiction ou non-fiction) traite d'un sujet en lien avec les préoccupations professionnelles ou éthiques des avocats : sujet de société, famille, travail, environnement… Chaque année, un comité de sélection composé d'avocats du Barreau de Marseille et de l'équipe du festival fait une première sélection de six livres, romans et récits, où la fiction côtoie le réel. Le jury, composé d'avocats, se réunit ensuite pour désigner le lauréat ou la lauréate. Cette année, c'est l'écrivain Abel Quentin, lauréat du prix l'an dernier, qui présidera ce jury. Sélection 2023 – Ceci n'est pas un fait divers, Philippe Besson, Julliard, 2023. – le Coeur ne cède pas, Grégoire Bouillier, Flammarion, 2022. – Les Contemplées, Pauline Hillier, La Manufacture de livres, 2023. – Sa préférée, Sarah Jollien-Fardel, Sabine Wespieser, 2022. – Un homme sans titre, Xavier le Clerc, Gallimard, 2022. – le Colonel ne dort pas, Émilienne Malfato, Éditions du sous-sol, 2022. Le Le prix, doté de 3 000 €, sera décerné le 24 mai 2023 au théâtre de la Criée, en présence du ou de la lauréate. Contact presse : Alina Gurdiel alinagurdiel@gmail.com Le Prix littéraire du Barreau de Marseille est soutenu financièrement par la Société de Courtage des Barreaux. http://ohlesbeauxjours.fr #OhLesBeauxJours #OLBJ2023 #prixlitteraire @barreaudemarseille527

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Abel Quentin
On ne dira jamais assez le vertige de celui qui réalise qu’il n’est plus dans le coup.
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Il était vingt heures et la soirée était mal engagée. Lorsque j'avais demandé une Suze, le serveur m'avait jeté un regard interrogatif : à l’évidence, il n'en avait jamais entendu parler. J'avais dû me rabattre sur un cocktail au concombre où surnageaient des graines de sésame. « On dirait des fientes de souris naines » avais-je ricané sans réussir à défendre l’atmosphère.
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Dans ma génération, parmi ceux qui avaient défilé entre République et Nation, parmi tous les enfants chéris du mitterrandisme, beaucoup s'étaient droitisés pour des raisons essentiellement économiques. Ils avaient forci, acheté un
appartement, deux appartements dont le prix avait quintuplé sous l’effet du boom immobilier. Ils avaient acheté des maisons de campagne.

Ils s'étaient félicités lorsqu'un fils d’ouvrier, un socialiste austère et probe du nom de Pierre Bérégovoy avait dérégleinenté les marchés financiers. Ils avaient acheté des actions, poussé les portes capitonnées des fonds d'investissement, ils avaient de plus en plus d'argent et des nuances s'étaient glissées dans leurs conversations : « Il y aun principe de réalité », « il ne faudrait pas non plus décourager les gens », « bien sûr que je crois à limpôt, oui, je suis socialiste : mais pas à la fiscalité punitive ». Et puis bientôt : « il faut arrêter de faire croire aux gens qu’on peut raser gratis », « on est bien obligés de regarder ce que font les autres », « la concurrence mondiale est une réalité ».

Arrivés à la cinquantaine, la peau ravinée par les plaisirs, la peau creusée et ravinée, ces hommes et ces femmes prononcèrent des mots comme « le culte malsain de la dépense publique ». Les hommes portaient des vestes légères sur des chemises bleu ciel, des chapeaux, des pantalons chino. Ils apparaissaient, épanouis par leurs festins de viande, repus de carnages, dans la loge d'un client, à RoIand-Garros. Ils ressemblaient tous plus ou moins, dans l’allure générale, dans l'impression qui demeure après que le souvenir d'un visage s’est évanoui, à Dominique Strauss-Kahn.
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Camus se lève, donc. Quatre mille personnes tendent l'oreille. Il ne harangue pas, il veut parler aux intelligences et il veut parler aux cœurs aussi. Il veut atteindre cet endroit fragile qui est le point de contact entre le cœur et lintelligence. Il veut faire entendre une voie différente «au milieu d'un monde desséché par la haine». Il parle du courage de la mesure. Il refuse l'injonction qui est faite aux artistes : «de tous les coins de notre société politique un grand cri s'élève à notre adresse qui nous enjoint de nous justifier». Il met en garde contre les idéologies. Il se méfîe. Il a une méfîance atavique, viscérale « de leur raison imbécile ou de leur courte vérité ».

Il dit : «II n'y a pas de vîe sans dialogue.» II dit que le dialogue est remplacé aujourd'hui par la polémique, que «le XXe siècle est le siècle de la polémique et de l’insulte». Il s'interroge, il réfléchit à haute voix, et sa pensée a été accouchée dans la douleur, matière à la fois robuste et composite, le fruit d'intenses ruminations et de scrupuleuses observations : «Mais quel est le mécanisme de la polémique ? Elle consiste à considérer l'adversaire en ennemi, à le simplifier par conséquent et à refuser de le voir. Celui que j'insulte, je ne connais plus la couleur de son regard, ni s'il lui arrive de sourire et de quelle manière. Devenus aux trois quarts aveugles par la grâce de la polémique, nous ne vivons plus parmi des hommes, mais dans un monde de silhouettes.» Le cœur et l'intelligence pour trouver l’équilibre. Camus est bien seul, en ces temps d'anathèmes et d'excommunication, à parler ainsi ; il essaie de faire comprendre aux jeunes gens de la salle Pleyel que la nuance n'est pas le compromis, ni le maquignonnage. Elle est le courage suprême.
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Lou Basset-Dutonnerre était une cumularde de très haute volée. Editrice, chroniqueuse radio et critique dans une demi douzaine de revues, elle ne s'embarrassait pas trop de scrupules et exploitait ces multiples casquettes pour pousser les champions de l'écurie LBD.

Elle en parlait tous les samedis dans l’émission Dans les mots de Lou, qu'elle animait sur une radio publique. Elle faisait la réclame en des termes choisis : les mots fables modernes, urbaines et électriques, sans concession, plume nerveuse, économie de moyens, récit choral, hymne à la vie, pudeur, apprivoîser sa douleur, mettre des mots sur l’indicible étaient régulièrement prononcés.

Sur les conseils de Marc, je l’avais écoutée en podcast pour préparer notre rendez-vous : l'éditrice affichait une prédilection pour les livres qui témoignaient d'un traumatisme (inceste, accident de la route) et mettaient en scène des personnages de soignants. C'était assez habile, l'idée étant qu'il est toujours indécent de critiquer formellement, je veux dire d'un point de vue littéraire, le récit d'une personne qui s'est faite amputer un bras. Hors antenne, elle était plus lucide.
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Mon message de contrition, sur Twitter, avait-il calmé la meute ? Je l’avais écrit avec l'aide de Marc, j'avais écrit les mots que l'on attendait de moi. J'avais dit que j'avais manqué de discernement, que j’avais sous-estimé les blessures encore vivaces de la communauté noire. J'avais écrit les mots apaisement, sensibilités, heurter, racîsé. Cela a joué sans doute.

Je crois aussi qu'il y avait autre chose. Les experts en shaming, trollers et lanceurs de raids sont les rejetons criards du Spectacle, qui courent d'une proie à l'autre comme des poulets sans tête. Ils tombent d'un coup sur une proie et la dépècent dans une frénésie vraiment épouvantable mais il suffit d'un bruit, d'une distraction pour qu'ils se débandent vers d'autres carnages. Le flux ininterrompu de notifications digitales avait lourdement obéré leur capacité de concentration. Oui, ils étaient les produits de leur temps : écervelés, inconsistants, cruels.

Qui étaient-ils, d'ailleurs ?

Je ne les connaissais pas. Un « monde de silhouettes », disait Camus en 1948. Ainsi de mes persécuteurs : des silhouettes.
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— « Nous sommes tous des enfants d’immigrés »… Ça veut dire quoi, ça ? Vous pensez vraiment que vous pouvez ressentir le dixième de ce que ressent un immigré ? Vous ne pensez pas qu’il était temps de les laisser parler, les « enfants d’immigrés » ? De ne plus confisquer leur voix ? Jeanne, la nouvelle copine de ma fille avait un regard dur, la bouche pincée. Elle me faisait penser à une puritaine qui aurait vécu dans l’Iowa, disons, en 1886. Sa mâchoire était contractée sous l’effet d’une souffrance continue.
(Incipit)
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Elle avait lu quelque part qu’un senior de 2025 avait la forme physique d’un trentenaire sous Louis VI le Gros.
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...j'en avais ma claque et j'étais de plus en plus vieux et méfiant, mes inclinaisons allaient vers des esprits plus naïfs ou plus lucides, elles allaient vers Charles Péguy le socialiste converti au catholicisme romain et fidèle au socialisme, à sa fraternité incandescente et non trafiquée, à son amour de l'humanité qui épousait la forme du visage d'un capitaine, à son obstination héroïque, elle allait à James Baldwin et à son réalisme douloureux, Baldwin qui se refuse à humilier l'adversaire, elle allait à Camus et son respect chevaleresque de l'adversaire, elle allait aux vieux penseurs ashkénazes bourrés de scrupules, aux vieux penseurs qui se corrigeaient sans cesse, elle allait aux sages timides et lumineux, aux bègues et aux tâtaonnants. Aux assoiffés de justesse plutôt qu'aux justiciers.
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J'aimais son ironie amère, dans certains poèmes de la première période; il avait le cynisme de ceux qui essaient d'être méchants et ne parviennent qu'à se blesser eux-mêmes.
(page 288)
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