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Citation de Charybde2


En se projetant cinq cents mètres à l’extérieur, on peut surprendre les soldats camouflés. Ils communiquent heure par heure dans leurs talkies-walkies hors d’usage des informations inutiles. Ils rendent des comptes aux généraux (déjà morts pendus dans leurs cabinets privés). Ils parlent de nous. Parfois, ils parlent d’étrangers, mais c’est toujours de nous.
Contre la milice, il n’y a aucune résistance, et des milliers d’hôtels. Nous, carcasses, sommes habituellement tenues au silence, obligées d’inscrire sur des feuillets illisibles nos étapes vers la lumière. Ce qu’il y a pour les hommes, dans ces feuilles, c’est tout ce que la milice ne veut plus voir. C’est tout ce qu’elle ne peut plus tolérer. J’aurais pu suivre les instructions des propriétaires, craindre les avertissements de la milice, me taire, disparaître, mais j’ai préféré parler, et je me dis qu’ainsi vont les choses, qu’ainsi fondent les bruits. Je n’ai personne à protéger, personne à tenir éloigné des conséquences de ma révolte souterraine – je n’ai comme amis que l’oubli, les fissures de la terre et quelques roues en feu encore animées par le souffle d’une explosion imaginaire.
Pour finir : j’entends les carcasses répandre le vin, faisander le gibier, brûler les écrevisses dans de larges casseroles. Elles s’esclaffent comme des mouettes après un larcin – plus tard, aucune ne bronche, l’eau bouillante se répand sur le sol, tout se tait, sinon les bulles acides qui explosent et viennent brûler les insectes volants.
Plusieurs jours stagnent ainsi dans la famine et les cris (quand je dis les cris, je veux bien sûr parler du silence).
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