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Citation de enkidu_


C’est auprès de son père, dans les cours privés que celui-ci lui donne, que Fazlur Rahman acquiert l’essentiel de sa formation religieuse très poussée. Ainsi, à l’âge de dix ans, il connaît par cœur l’intégralité du Coran. Son enfance et son adolescence (notamment quand, à partir de 1933, son père prend un poste d’imam à Lahore et que lui-même suit sa scolarité dans un collège moderne) ont été bordées par l’étude du cours traditionnel appelé Dars-i-Nizami. Quand, après ses études initiales, Fazlur Rahman entre à l’université du Pendjab à Lahore, pour y obtenir un premier diplôme (puis une maîtrise) d’arabe, il possède un savoir islamique traditionnel complet : fiqh (jurisprudence), ‘ilm al-kalam (théologie didactique), hadith (traditions prophétiques), tafsîr (exégèse coranique), mantiq (logique) et falsafa (philosophie).
(…)
A cette époque, Fazlur Rahman parle déjà cinq langues : l’ourdou (sa langue maternelle), l’arabe, le persan, l’anglais et l’allemand (il est capable de traduire de l’allemand à l’anglais un gros ouvrage d’islamologie), mais il ajoutera d’autres par la suite dont le français, le turc et l’indonésien.

En 1946, Fazlur Rahman part pour l’Angleterre, à Oxford, afin de continuer ses recherches doctorales sous la direction de Simon Van den Bergh et de H.A.R. Gibb. Ses enseignants lui font apprendre le grec et le latin classiques (qu’il assimile avec une facilité déconcertante) afin d’être en mesure de pénétrer la philosophie occidentale.
(…)
Fazlur Rahman a tenté d’esquisser un cadre intellectuel de référence fondé sur le Coran lui-même pour comprendre le Coran… Pour cela, il a considéré qu’il fallait d’abord se préoccuper de l’exposé des valeurs morales du Coran, lesquelles doivent être tirées des faits historiques bien que leur interprétation ne puisse, en même temps, se limiter à l’histoire. Car ces valeurs ont aussi une existence extrahistorique, transcendante, et leur signification ne peut pas être épuisée par leur aspect pratique historique.
(…)
L’herméneutique de Fazlur Rahman repose sur deux piliers : une compréhension de l’histoire (nous l’avons évoqué) et une théorie de la prophétie et de la nature de la Révélation. C’est surtout l’hypothèse qu’il a formulée quant à la notion de Révélation, si différente de l’explication orthodoxe sunnite traditionnelle, qui lui a valu les plus sévères attaques des oulémas. Car dans son approche, Fazlur Rahman a pris en compte le rôle propre du Prophète en tant que récepteur de la Révélation. Et, prenant en considération cette subjectivité du Prophète, il a, bien entendu, interrogé le point de vue traditionnel selon lequel le Coran viendrait exclusivement et totalement de l’ « Autre » : Dieu, par l’entremise, cependant, de l’archange Gabriel. A la représentation d’un prophète « passif », Fazlur Rahman a, finalement, substitué l ‘image d’un prophète « actif ». (pp. 123-140)
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