Le romantisme – de l’adjectif anglais ‘’romantic’’, lui-même dérivé du substantif ‘’romance’’, terme désignant (avec une nuance péjorative) les romans de chevalerie et les bergeries à la mode – naît à la fin du XVIIIème siècle, avec les premiers ferments artistiques qui privilégient l’expression des sentiments, de l’émotion et de l’inconscient. Les artistes, mais aussi les poètes et les philosophes, redécouvrent la fantaisie, le mystère, l’histoire et les traditions populaires nationales, par opposition au rationalisme et au cosmopolitisme des Lumières.
Il ne s’agit pas, cependant, d’un mouvement unitaire : chaque nation, en effet, développera une sensibilité propre. En Allemagne prévaut un art spirituel et religieux, tandis que les peintres anglais sont particulièrement fascinés par les images oniriques et visionnaires. En France, les tableaux de Delacroix montrent une réalité transfigurée par l’imagination ; en Italie prévaut en revanche le romantisme historicisant d’un Hayez. Mais tous sont convaincus d’une chose : c’est que l’art est un don divin.
Les yeux tournés vers l'infini et l'inconnu, les personnages de Friedrich sont presque toujours peints de dos, sans un regard pour le spectateur. Symboles de l'infranchissable distance entre l'homme et la nature, ou de leur union profonde ? Expression du tragique de l'existence humaine passée loin de la nature, ou image de fusion entre l'homme et le monde environnant ? L'esprit romantique de l'artiste le porte à croire dans le dépassement de la fracture entre l'homme et la nature, grâce à la puissance de conciliation de l'univers.