... à vrai dire, tous les directeurs de banques, de compagnies de crédit et de sociétés d’assurances auraient dû être envoyés en prison dès 2008 ; ainsi que la moitié du corps enseignant de la Harvard Business School, ce qu’on pouvait difficilement déclarer dans un amphi ouvert au public.
Il passa ces journées au lit, ingurgita la première saison de Friends et finit par comprendre les plaisanteries que ses enfants avaient échangées tout au long des années 1990. La série racontait l’histoire de six jeunes gens débauchés mais profondément conservateurs, vivant bien au-dessus de leurs moyens et, bien qu’instruits, totalement dépourvus d’ambition, de constance, d’intelligence et de bon sens. En langage économique on appelait ça des imbéciles ; cela étant, quatre-vingt-dix pour cent des étudiants de premier cycle entraient dans cette catégorie.
« – Les limites sont des garde-fous. Les adolescents ne veulent pas qu’on les protège. Ils veulent franchir la ligne et voir ce qui va se passer. D’où l’importance de bien réfléchir aux limites qui valent la peine d’être tracées. N’est-ce pas Chandrasekhar? – J’ai l’impression que peu importe ce qu’on fait ou ce qu’on aurait dû faire(…) Limites ou pas, on n’a aucune prise sur nos enfants. On ne contrôle rien , vraiment. Quand j’y réfléchis, quand je me donne la peine d’y réfléchir sérieusement, je m’aperçois qu’en réalité il n’y a pas de limite. Aucune. Nous faisons juste semblant de croire qu’elles sont bien là. »
« C’est ça, la vie, n’est-ce pas? Vous pouvez prendre n’importe quelle décision, les conséquences de vos actes sont déterminées par une puissance extérieure dont l’imagination dépasse de loin la vôtre. Qui aurait pu prévoir le sida et le virus Ebola? Ou qu’une personne enverrait un avion dans le World Trade Center, un mardi matin ensoleillé? Et qui aurait pu prévoir que sa benjamine – la plus adorable, la plus aimante des enfants, une fillette qui à l’âge de cinq ans s’endormait avec des lunettes d’aviateur des années 1930 pour imiter Amy Johnson, son héroïne préférée -, qui aurait pu prévoir qu’elle ferait une chose pareille? »
Page 203…Il faut juste essayer. Mais Chandra ne croyait pas du tout à ce qu’il venait de dire. Il avait essayé toute sa vie. Toutes ces heures passées à la bibliothèque, toutes les cigarettes, les maladies dues à l’épuisement, les compliments qui n’avaient aucun effet sur lui, à l’inverse des critiques, la jalousie de ses collègues, le temps perdu à les envier, et le travail, toujours plus de travail, des heures et des heures passées à pousser son rocher en haut de la montagne pendant que les autres prenaient le téléphérique.
Page 73…il était à la tête du département depuis 1 an pile. Jugeant scandaleux qu’une université d’économie aussi illustre que la leur (Cambridge) se retrouve classée derrière HEC; il s’était donné pour mission de trouver tous les maillons faibles du département, toutes les personnes qui s’imaginaient qu’un poste de titulaire à Cambridge leur donnait le droit de rabâcher le même cours pendant 20 ans ou d’écrire dans un anglais si relâché qu’ils auraient tout aussi bien pu vivre à Paris.
Vijay Kumar, vingt-six ans.
Célibataire, évidemment.
Un mètre soixante-dix-huit.
Brahmane, évidemment.
Bel homme, plus surprenant.
Riche, prétendument.
Très réel, très effrayant.
Ma mère avait l'oeil pour les larmes cristallisées malicieuses.
- Merci d’être venu, papa.
Il avait l’impression d’être congédié après un entretien d’embauche : « Merci d’être venu, votre CV est dans la déchiqueteuse. » (p. 315.)
C'est ça, la vie, n'est-ce pas ? Vous pouvez prendre n'importe quelle décision, les conséquences de vos actes sont déterminées par une puissance extérieure dont l'imagination dépasse de loin la vôtre. Qui aurait pu prévoir le sida et le virus Ebola ? Ou qu'une personne enverrait un avion dans le World Trade Center, un mardi matin ensoleillé ?