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Citation de SZRAMOWO


Lorenzo, tous les soirs, se retrouvait face aux huit statues d'hommes nus qui ornent le portail du jardin public.*
Naples concentrait là ce qu'elle garde en ses veines secrètes d'aspiration à l'amour, mais ce n'était pas sous forme de statues que la femme traversait ces allées vert sombre, puisque la seule qui, de loin semblait être une statue de femme était celle de l'Hermaphrodite. Cela signifiait que les hommes régnaient en maîtres dans ce parc consacré à Vénus et que personne ne devait s'inquiéter de ce qui résulterait des assauts de son feuillage.
Lorenzo pensait qu'il interdirait à son épouse de passer seule dans ce parc aux sculptures embusquées. Les allées étaient peuplées de nourrices enveloppées de lourds tissus, ces robustes paysannes étant, à l'évidence, des victimes propitiatoires : les jeunes filles élégantes sont plus inaccessibles.
Des hommes adossés à des bancs de bois exhibaient leur chaîne de montre, guirlande de fête accrochée à leur gilet blanc, et regardaient s'avancer les femmes comme si c'était "du tout cuit", comme si elles allaient fatalement s’asseoir à côté d'eux telles ces deux ou trois qui, déjà, attendaient qu'ils les dévorassent, chose qu'ils ne feraient pas avant la tombée du jour ; en effet, avec la lenteur suprême de l'araignée une fois ses victimes immobilisées, ils prenaient tout leur temps avant de n'en faire qu'une bouchée.
Lorenzo observait le fonctionnement amoureux de ce jardin, et attendait son tour.

* Il s'agit de la Villa Communale, grand jardin royal construit au cours des XVIIIè et XIXè siècles en bordure de mer, dans un style néoclassique. (NdT)
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