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Critiques de Ràmon Gómez de la Serna (13)
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Seins

Ma compagne m'avait offert ce livre dans une édition plus confidentielle. Il y a de cela bien longtemps. Souvenirs de récits obsessionnels, de poésies… dont vous aurez deviné l'unique objet. Je ne sais plus où j'ai lu ou entendu (peut-être dans un film), que les hommes avaient tous, pour les femmes, une préférence pour les seins, ou les jambes. Je me souviens du remarquable Charles Denner dans « l'homme qui aimait les femmes » de Truffaut, qui s'arrêtait pour contempler les jambes des belles qui passaient. Pour Gomez de la Serna, on aura compris que son obsession est pour ces globes de chair qu'il ne cesse de décrire sous toutes les formes, dans toutes les positions, dans tous les environnements possibles et imaginables. Il en fait quasiment un inventaire. Récits souvent très drôles. Beaucoup d'imagination et d'invention. C'est un livre qui date du début du XXème siècle. Comme beaucoup d'auteurs du tournant du siècle, il parvient à évoquer la sexualité, les corps, les ébats amoureux sans vulgarité, comme on passerait délicatement la main sur le corps d'une statue de Maillol aux Tuileries pour en apprécier la rondeur et la perfection. On pense aussi à D'Annunzio. Plusieurs décennies après cette lecture, il m'en reste des souvenirs fugaces et une terrible envie de relire ce livre. Un petit bémol peut-être. Après toutes ces descriptions, le lecteur pourra se trouver rassasié jusqu'à l’écœurement par tous ces fantasmes et ces visions improbables. Comme après avoir abusé d'un bon repas bien arrosé.
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Gustave l'incongru

C'est le magnifique livre de souvenirs de Buñuel ("Mon dernier soupir") qui m'a fait découvrir Ramón Gómez de la Serna. Le cinéaste avait eu un coup de cœur pour l'univers de cet écrivain, au point de vouloir adapter certaines de ses histoires pour l'écran- projet malheureusement avorté. Très curieuse, j'ai pour commencer jeté mon dévolu sur "Gustave l'Incongru".



Hé bien j'ai passé un très bon moment avec ce Gustave, séducteur toujours fringant traçant sa route dans un univers surréaliste à la recherche de l'âme sœur. Gustave vit dans un Madrid parallèle, peuplé de demoiselles gantées virevoltantes et de veuves pugnaces. Une galerie de femmes langoureuses, têtues, farceuses ou redoutables. Grâce à elles, il connaît de fabuleuses séances de photographie (l'image développée est si troublante) , de spiritisme (gare aux guéridons féroces), et savoure de coquines surprises les jours de pluie. Mais Gustave sait également aller seul à travers les vastes plaines. Il chevauche alors sa mobylette piaffante qui peut-être, elle, connaît l'adresse de sa Dulcinée?



Une lecture gorgée de vie, qui plaira à tous les Incongrus ET IncongruEs qui vont dansant-trébuchant de par le monde.
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Polycéphale et Madame

Perfecto est Argentin, mais pas seulement... c'est lui le polycéphale du titre. Madame, c'est Edma, enfin, c'est elle au début du livre. Ils se rendent à Paris pour se retrouver, mais ils vont vite s'y séparer à l'issue d'une scène fracassante entre nos deux protagonistes, au sujet du décolleté d'une robe.

Nous allons suivre nos deux personnages ensuite dans leur recherche de l'autre. Edma est vite abandonnée au bord d'une piscine où elle semble avoir trouvé repos. Et le narrateur se consacre à la recherche et aux frasques de Perfecto.

Ce roman est difficile à identifier, un objet surréaliste, une écriture déroutante, un peu loufoque mais toujours poétique.
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L'aube

D’une ligne à une page, des dizaines de variations comiques, poétiques, incongrues ou rusées autour de l’aube en métaphore totale : un somptueux échantillon de l’art des greguerías.





Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/08/22/note-de-lecture-laube-ramon-gomez-de-la-serna/



Ramon Gómez de la Serna (1888-1963) fut en son temps (long) un véritable enfant terrible des lettres espagnoles, brillant touche-à-tout, animateur de cercles de lecture madrilènes influents et renommés jusque loin à l’étranger (jusqu’à son exil en Argentine à partir de 1936 – à partir duquel rien ne fut plus comme avant, comme en témoigne sa monumentale autobiographie de 1948, « Automoribundia »), défricheur et créateur redoutable, souvent précurseur ou à la pointe des avant-gardes. Il reste néanmoins inscrit dans le patrimoine littéraire commun avant tout comme le créateur d’un genre littéraire quasiment à part entière, qu’il nomma les greguerías (littéralement : criailleries).



Ni simplement aphorismes (même si les exemples ci-dessous montrent que bon nombre pourraient s’inscrire dans une filiation souple qui mènerait à « L’autofictif » d’Éric Chevillard ou au travail incessant d’Olivier Hervy), ni pures flèches poétiques, ils doivent satisfaire à la formule joueuse inventée par leur auteur même (humour + métaphore ⇨ greguería), mais évoluent de facto aux frontières d’un terrain où se glisserait l’incongru (qui n’est pas tout à fait l’absurde !) analysé par Pierre Jourde dans son « Empailler le toréador » et où percolerait au fur et à mesure un certain surréalisme en devenir.



Au cours de sa carrière littéraire, Ramon Gómez de la Serna a écrit des centaines de greguerías, rassemblées en recueils ou glissées dans des articles de journaux, des chroniques ou des essais libres. Une grande partie d’entre eux a été traduite en français par Laurie-Anne Laget pour les Classiques Garnier en 2019, mais comme cet éditeur destine hélas plutôt ses ouvrages, de par leur prix, aux rayonnages des bibliothèques universitaires qu’aux étagères des simples amatrices et amateurs, il est particulièrement heureux (même si l’on n’oublie pas le joli petit recueil de textes choisis des éditions Cent Pages publié en 2005) que les éditions Vagabonde aient décidé de nous offrir en ce mois de mai 2022, dans une traduction de Jacques Ancet (qui signe aussi une belle introduction), l’un des recueils les plus emblématiques, publié à l’origine en 1923 et largement revu et amplifié en 1956, sous ce titre de « L’Aube ».



L’aube est bien ici un personnage à part entière, qu’il s’agira d’appréhender sous toutes ses facettes, réelles, irréelles, ou encore plus improbables. Donnant son unité au recueil par la magie d’un seul mot, certes hautement chargé de mythes et de significations, Ramon Gómez de la Serna joue des longueurs (d’une ligne à une page, de la formule sibylline à la véritable petite histoire) et des tonalités, à travers des formes d’humour et de poésie toujours variables. Sur une note beaucoup moins sérieuse que l’immense « Paroi » de Guillevic, il transforme l’aube en métaphore totale à explorer encore et encore (un peu comme Nicolas Richard le pratiquait à une époque, par interpolations, avec son Niccolo Ricardo pouvant prendre tant de formes à deviner).


Lien : https://charybde2.wordpress...
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Le docteur invraisemblable

Un jour, un patient vint consulter mon oncle médecin pour des douleurs intestinales aiguës, sorte d’inflammations des intestins. Les examens faits, le patient n’avait rien. Alors, le docteur lui demanda s’il ne s’était pas passé quelque chose de notable avant que ces douleurs ne se déclenchent. Rien ! Excepté qu’il faisait la sieste sous un arbre devant sa maison et que des copains sont venus le réveiller en hurlant que sa maison brûlait ! C’était la cause de ces "inflammations". Il fut ainsi guéri.



L’ouvrage de Ramon Gomez de la Serna pourrait sûrement trouver sa place dans la bibliothèque de tout bon médecin psychosomaticien comme l’était mon oncle.



Son docteur est celui des causes désespérées. Mais ses méthodes sont celles d’un enquêteur à la recherche de l'origine secrète des maladies qui vont emporter ses patients. Un enquêteur qui n’a pas même la réserve de basculer parfois dans l’irrationnel, le paranormal ou le plus souvent le surréalisme.



Objets chargés d’émotionnel, emprises psychiques, consomptions aussi diverses que mystérieuses rien n’arrête le docteur invraisemblable. L'ensemble arrête cependant le lecteur à force de répétitions de cet étrange exercice de style.
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Automoribundía

Des éclats, des objets, des visions, de profonds paradoxes pour cette lutte, phrase à phrase, contre le temps. Automoribundia est moins une autobiographie qu'une série d'instantanées, d'impressions. Écrivain d'une fine ironie, d'une plume provocante, baroque souvent, Ramon Gomez de la Serna recueil tout, objets improbables et phrases parfaites, ce qui constitue un signal du réel absolu.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Le docteur invraisemblable

Suite de récits pleins d'originalité qui trouvent d'ingénieux moyens toujours subtils et inédits pour soigner la /les maladie(s) humaine(s)...
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Seins

Seins/Ramon Gomez de la Serna (1888-1963)

« Singuliers, fragiles et éphémères, les seins sont la permanence de la Femme, mais aussi son attribut le plus sujet à l’irrémédiable outrage du temps : ils naissent, pointent, bourgeonnent, éclosent, s’épanouissent, se fanent et sèchent et ils sont le symbole fascinant et tragique de la caducité de la vie humaine.»

Ainsi s’exprime le traducteur et écrivain de la longue et très belle préface de ce livre de Gomez de la Serna, Benito Pelegrin.

Publié en 1917, et traduit seulement en 1992, ce livre évoque non seulement le fétichisme dont furent toujours l’objet les seins de la Femme, mais encore la synecdoque de la Femme réduite à ses seins, par petites histoires très courtes, amusantes le plus souvent et dans un style léché et lumineux, illustrant magnifiquement le ravissement procuré par la vue de l’organe parfois qualifié de peccamineux. Un livre évoquant la tranquille et souriante contemplation du spectacle des innombrables seins grappillés par l’auteur dans les vergers de la vie, et ce dans un style !!

« Oh ! les baies juteuses des seins, pulpeuses et pleines bien que non comestibles, et sans aucune saveur au bout, sans terme qui en épuise le goût. »

« Les seins de l’oiselle sont plus durs que jamais, durcis au fond du nid du corset…et le roi attrape cette colombe et plonge aussitôt ses mains vers les fruits de la femme qui résument en eux le pain tendre et l’œuf dur écaillé… »

« Seins alabastrins, éburnéens, fleurdelysés au fond, incandescents, flamboyants, érectiles. »

Le chapitre sur les seins de l’art est particulièrement intéressant : l’auteur compare les peintures de Botticelli, Cranach et autres Tintoret. Une véritable étude de la morphologie des seins et de ce qu’ils veulent exprimer.

Parfois se glisse dans le propos une petite touche de perversité, mais sans aucune lubricité :

« Oh ! ce braconnage : les attraper soudain par derrière ! Pris ainsi ils s’abandonnent à la vérité… »

L’auteur enfin se tourne vers les écrits du passé.

Anacréon, grand poète grec (550 av. J.C. 464), soutenait que pour être belle, la poitrine d’une femme ne devait pas être plus volumineuse que deux œufs de tourterelles. On supposera qu’il s’agit d’une licence poétique !

Les « frères jumeaux » du Cantique des Cantiques de Salomon lui furent sans doute inspirés par ses amours avec la reine de Saba lorsqu’il lui disait :

« Ni le nard ni le cinnamone

Ni le safran du désert

Ni la myrrhe la plus suave

N’embaument plus que tes seins. »

Et puis il cite Renoir qui affirmait qu’il n’aurait jamais touché un pinceau si les seins n’existaient pas.

À lire tranquillement au fil des jours ce recueil baroque, hymne aux variations étonnantes, riche de métaphores délirantes, évoquant « les seins, ces deux grandes larmes que verse la beauté sur la fugacité. »

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Le docteur invraisemblable

La connaissance intuitive des ressorts de l'âme humaine de Ramon Gomez De La Serna est tout simplement prodigieuse. Dans cette œuvre de "jeunesse" publiée en 1914, il y fait déjà preuve d'une impressionnante maturité, posant les jalons de sa forme littéraire propre dont l'on peine à trouver des équivalents. Si ultérieurement c'est avec les surréalistes qu'il pourra trouver une sorte de proximité,c'est bien plutôt avec l'étonnant Georg Groddeck que l'on découvrira la plus grande parenté. Il y a quelque chose d'étrange dans ces parallélismes que peut produire une époque entre des individualités n'ayant pourtant à priori aucun lien culturel ni chance de pouvoir se rencontrer. Mais plus étrange et regrettable encore est le fait que d'aussi remarquables manifestations du génie et de la conscience humaine sombrent ensuite dans l'oubli et ne semblent connaitre aucune postérité. Comme si l'histoire, à un certain moment, nous offrait une chance unique et que nous étions incapable de la saisir. Découvrez vite les diagnostiques sidérants du Docteur Bivar car à un siècle de distance, ils vous apporteront certainement encore quelques précieuses lumières.
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Seins

Vous allez me dire que consacrer plus de trois cents pages aux seins et uniquement aux seins relève de l’hypothétique pur et simple. Je ne sais pas, il me semble qu'il y a tout de même beaucoup de matière à triturer. En tous les cas, Ramón Gómez de la Serna tient cette gageure-là. Il tournicote à s'en enivrer autour d'une multitude de seins plus disparates les uns que les autres. Des seins de nageuses, des seins en fleur, des seins de nonnes, des seins d'hermaphrodites, des seins de fillettes, des seins d'Andalouses, des seins de dompteuses, des seins postiches, des seins en furie, des seins pleins d'or. Tout cela est fort drôle, parfois inquiétant, un peu obsédé, répétitif en bien. Il y a des aphorismes, des nouvelles en trois lignes, de courts récits de pas plus de quatre pages, des choses et d'autres, la grande communauté des seins mérite bien tout ça :« Face à l'effronterie imbécile des seins dont la mer a rouillé l'aimant, et qui quittent la plage en rang d'oignons pour aller manger, face à tous les estivants bêtement affamés à midi, j'en suis venu à détester les plages. Les seins des plages sont un leurre qui vous occupe pour mieux vous tromper, appât des jeunes filles bleues et blanches pour pêcher un mari qui les mènera chaque année se baigner dans l'indifférence et prendre ainsi leur bain d’égoïsme crétin et irrépressible ».
Lien : https://novland.blogspot.com/
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Automoribundía

En 1936, l’auteur a fui la guerre civile pour Buenos Aires. C'est là qu'il a écrit « Automoribundia », son chef-d'œuvre. Mais quid de cette difficilement traduisible "automoribonderie'? Ramon le scandait depuis toujours : "Allez avec votre mort. C'est la compagnie prescrite". Ramon Gomez de la Serna a slalomé entre les guerres, les courants et mouvements artistico-littéraires; un peu surréaliste, un brin Dada... Mal connue chez nous, son œuvre mérite d’être redécouverte.
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Gustave l'incongru

Les pérégrinations d'un homme incongru auquel il n'arrive que des choses incongrues. Dans la trivialité des objets du quotidien surgissent des paysages oniriques. On s'attendrit de ses pensées vagabondes et baroques. L'Incongru, c'est un peu moi, c'est un peu vous.



Un livre envoûtant: à la fois drôle et inquiétant, poétique et décapant, déjanté, sublime, sublime...

Une sorte de Dali littéraire.
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Greguerías

Enfin traduite en français, l'autobiographie de Ramón Gómez de La Serna, ressuscite le génie et la douce folie du créateur légendaire des greguerías.




Lien : https://focus.levif.be/cult..
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