La chute d'une civilisation est quelque chose qui m'a toujours fasciné. L'accent mis dans ce livre sur l'étude du pourrissement progressif des institutions, de la morale et de l'argent, au niveau local des provinces est particulièrement instructif. Au delà de la seule chute de l'empire romain cet ouvrage, très accessible, incite à la réflexion sur le caractère périssable de notre propre civilisation moderne.
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Voilà un excellent livre sur la transition du monde romain païen à l'empire chrétien, aussi bien au plan des événements (conciles etc) qu'à celui de l'enquête historique et archéologique (proportion de chrétiens dans les provinces, cultes, pratiques etc...) Le lecteur ne retirera pas une impression générale bien nette de cette enquête passionnante, faite d'études de détail foisonnantes et d'analyses brillantes, mais sans synthèse.
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Un indispensable lorsque l'on veut en savoir plus sur les pratiques païennes au haut moyen-age! Ramsay Macmullen est un grand spécialiste de l'avènement du christianisme en Gaule mérovingienne. Ses travaux s'appuient notamment sur les différents conciles ayant eu lieu à ce moment là et les sources "littéraires" tel que les écrits de Grégoire de Tour.
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L'étude de Ramsay MacMullen me semble unique en son genre : il y étudie les premiers conciles de l'église chrétienne, de 253 à 553, d'abord en les replaçant dans la tradition antique du débat démocratique, puis en pointant ce qui, dans ces assemblées, annonce une autre civilisation chrétienne. Il retrace ensuite de manière passionnante les principaux conciles, dans leurs aspects les plus concrets (lieux, temps, placement) aussi bien que dans le contenu des débats. Ce livre court, léger mais profond, renouvelle l'idée que l'on se fait des débuts de l'empire romain chrétien. Le lecteur trop habitué aux découpages chronologiques sera surpris de constater qu'il existe une continuité du débat, de l'art oratoire, de la délibération, nés à Athènes avec la démocratie, et toujours vivants sous les règnes des empereurs romains et byzantins. Ce livre précieux ouvrira la voie à l'ouvrage remarquable où Anthony Kaldellis décrit les pratiques politiques dans la "théocratie" byzantine, "The Byzantine Republic". La continuité de la tradition grecque du débat est vraiment une chose surprenante.
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Vraiment, un super bouquin, si ce n'est l'un des meilleurs sur le sujet (tout est résumé dans le titre du livre). Je mets cinq étoiles, car McMullen est une pointure dans ce domaine. J'adore quand c'est sourcé et expliqué de manière pédagogique, et je suis ici comblé. Peut-être parfois un peu décousu dans la formulation et les références, mais c'est ce qui fait son charme. Donc, concrètement, on a ici l'historique presque complet de la persécution du paganisme par les chrétiens (eh oui, les victimes d'hier devinrent vite bourreaux). L'auteur a une orientation humaniste et moderne, ça nous change des historiens chrétiens qui imposent toujours le même point de vue. C'est absolument fascinant de voir que les chrétiens, après avoir mis en miettes le paganisme, se sont emparés de quasiment tous les symboles du polythéisme pour façonner leur religion sans cesse changeante, en tout cas beaucoup moins figée dans le dogme qu'on a bien voulu le dire ou l'écrire. Ce n'est pas très logique comme attitude, mais l'auteur explique clairement que les chrétiens n'avaient pas le choix malgré leurs scrupules et leurs réticences : tuer tous les païens déclarés pour faire place nette était certes efficace d'un point de vue idéologique, mais pour imprégner les masses de leur religion, la seule terreur ne pouvait suffire. Il fallait donc donner aux peuples un substitut au paganisme, pour leur faire oublier ce qu'ils avaient perdu. De là découle, avec force statues et babioles, le culte des saints, des martyrs chrétiens, de la vierge marie, etc., qui n'existaient pas aux premiers temps du christianisme. Certes, l'opportunisme n'est pas le propre des chrétiens, mais je trouve que l'auteur arrive de manière convaincante à prouver comment, par un désir effréné d'assimilation, l'église catholique a accepté des formes de culte qui auraient fait se retourner dans leur tombe saint Paul et Tertullien par exemple. L'autre point fort du livre, c'est que, malgré toutes les belles phrases évangéliques sur l'amour du prochain, les chrétiens ont tué et exterminé tous les païens qui refusaient de se convertir, sous le règne des empereurs byzantins Maurice et Tibère II, qui n'ont rien à envier à Néron. Cette facette de l'histoire se devait donc d'être mise en lumière, chose faite avec ce livre devenu classique.
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