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Critiques de Ramy Zein (8)
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Quelques pas dans la nuit

" Les chrétiens baptisent leur enfant à l'eau bénite, Rim a été baptisée aux larmes de sa mère qui a éclaté en sanglots en apprenant la nouvelle : elle venait de mettre au monde une fille." Ainsi débute le roman de Ramy Zein. Avec une écriture sans fioriture, simple et posée il place le lecteur en spectateur de l'histoire de Rim. Petite fille Libanaise devenue femme, mère de trois enfants et veuve à vingt ans dans une société où être fille est synonyme de soumission. Pourtant parceque l'ordre des choses lui paraît naturel et qu'elle ne peut imaginer d'autres choix, Rim n'est pas malheureuse et sait s'adapter, apprécier les menus plaisirs qui s'offrent à elle. Lorsque son mari décède, elle doit faire face à des beaux parents hostiles et surtout une belle mère qui n'aura de cesse de lui voler ses enfants et abuser de son pouvoir pour l'humilier, la réduire à un être sans aucune valeur. La manipulation est révoltante. Si l'histoire peut paraître banale, la façon dont l'auteur la transmet donne un intérêt bien réel à son écrit. Tout d'abord, il est évident qu'il n'est pas seulement question d'une soumission liée au statut de femme mais que la question des classes sociales est prépondérante. Ensuite, quand on serait tenté de croire à un simple rapport de force entre une méchante femme et une pauvre jeune fille on découvre chez Ramy Zein beaucoup plus de finesse dans l'analyse du conflit: le poids des fardeaux intergenerationnels, la force destructrice de la honte, les loyautés alienantes...Il me semble qu'il y a plusieurs niveaux de compréhension de ce conflit qui domine : conflit social, conflit inter personnel et conflit intérieur et psychologique intense. Cette richesse évite le piège d'une vision manichéiste de la vie de Rim même si on est, évidemment plein de compassion et de tendresse pour elle. La construction du récit met en valeur la violence des réactions de Rim à laquelle je ne m'attendais pas du tout. Le dernier chapitre sous forme d'un plaidoyer à plusieurs voix et sans ponctuation, illustre et condense toutes les questions et sentiments que Ramy Zein a semé tout au long de son roman.

Très belle découverte permise par Babelio dans le cadre de la Masse critique de septembre. Je remercie également les éditions L'Harmattan pour l'envoi de ce livre dont la couverture est en plus, très jolie.
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La levée des couleurs

Voilà, j'ai à peine refermé le livre que cela bouillonne en moi. Je ne lis que pour ces moments-là. Des moments de tension, où le corps du texte veut exploser en moi et se diffuser. Ce livre justifie toutes les merdes que j'ai pu m'enfiler dans l'espoir de trouver une pépite.



La pépite, elle est là. En tout cas, pour moi. Car quand je regarde la moyenne des notes, je me dis que peu de lecteurs et de lectrices ont envie de se faire bousculer.



Siham est une adolescente au Liban. Elle est paisiblement assise dans un arbre quand la milice débarque. le village, son village, est anéanti en 5 minutes. Massacre, viols, égorgements d'enfants... Ramy Zein ne nous épargne rien, mais il le fait avec une certaine retenue, quand même. Il nous raconte cela par le détail à travers les yeux de Siham, et son adolescence volée.



Ce sont les premières pages. Elles cueillent le lecteur à froid. le reste des 200 pages est le long cheminement de Siham, au collège puis chez son oncle, pour digérer, ressasser, accepter, essayer d'oublier, entre désespoir, incompréhension, idées de suicide et volonté de vengeance.



On suit pas à pas l'incompréhension de Siham, la perception du monde d'adultes qu'elle rejette (le monde et les adultes) et la découverte des changements qui s'opèrent en elle. Les dernières pages, celles qui conduisent Siham vers le milicien qui a égorgé sa petite soeur, 5 ans, se lisent comme un thriller. Je me suis senti porté vers l'inénarrable, vers l'inacceptable.



Un mot sur le titre, auquel Ramy Zein donne un double sens. Au sens premier, la levée des couleurs, ce sont celles du drapeau, en rapport avec l'influence des militaires dans la zone où vit Siham. En fin de livre, Siham assiste au lever de soleil... la levée des couleurs d'un jour nouveau la berce. On retrouve cette poésie brute et vivante que Zein développe à travers tout le livre.



La langue est belle et revêt une indéniable poésie. Le propos est dur et fort. Le tout est incroyablement incontournable, pour moi. Ramy Zein connaît l'art du conte oriental. Il l'utilise à merveille.



Il enseigne dit la 4è de couverture et j'envie ses élèves. J'ai découvert un auteur.
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Quelques pas dans la nuit

Le titre, Quelques pas dans la nuit, laisse présager un côté sombre, la photo de la couverture également, seule la lune qui se profile timidement à travers des branchages dénudés et noirs offre un léger espoir.

Aussi j'ai commencé la lecture sur mes gardes, me promettant de ne pas me laisser prendre par la noirceur, de garder une certaine distance. Mais dès la première page mon coeur s'est serré et l'étreinte ne me lâchera plus jusqu'à la fin du livre, et même au-delà. Que disent les premières lignes : "Rim a été baptisée aux larmes de sa mère, qui a éclaté en sanglots en apprenant la nouvelle ; elle venait de mettre au monde une fille. Son père, lui, n'a pas pleuré à sa naissance ; il a jeûné pendant plusieurs semaines pour éloigner le mauvais sort et obtenir d'Allah, gloire à son nom, qu'Il lui accorde un héritier mâle à la prochaine grossesse de son épouse".

Le décor est planté et Rim devra faire face au mauvais sort toute sa vie. Celui de ne pas être né garçon, celui d'avoir épousé un gendarme qui aura le malchance de mourir accidentellement en Afrique, celui d'être une belle-fille indigne socialement, donc rejetée et à qui ses enfants lui seront même retirés. Par sa naissance elle contrecarre le voeu de son père, par son mariage elle ne sera pas à la hauteur des espérances de sa belle-famille. Rim va devoir faire face à des situations de plus en plus dramatiques. le courage et l'amour pour ses enfants l'empêcheront de fléchir, elle ira jusqu'au bout.

J'aurais pu ne pas être touchée par cette Cosette libanaise, mais voilà, ce roman a été écrit d'après une histoire vraie. Sans doute le sort de Rim a-t-il été celui d'enfants, de femmes, de mères, à une époque, dans un pays, où les origines étaient déterminantes. Au sortir de cette lecture, je suis ébranlée et je ne peux que m'interroger. Histoire du passé ? Où en sommes-nous aujourd'hui ? Avons-nous progressé ? Chacun, là où il vit, peut et doit se poser la question.

Merci à Babelio et aux éditions L'Harmattan de m'avoir permis de découvrir ce livre poignant et bien écrit.
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La levée des couleurs

Siham observe une photo du tribunal de Nuremberg dans son manuel d’histoire. « Lorsque les conflits se terminent, les criminels de guerre sont jugés : c’est ce que suggère l’illustration en noir et blanc. »

Et pourtant, à l’école, on n’arrête pas de dire à la jeune fille qu’il faut penser à autre chose, qu’il faut pardonner, parce que la vie doit continuer…

Mais « Siham a tout vu. Du haut de l’arbre, elle a tout vu. » Elle a vu se dérouler, sous ses yeux, le massacre de toute sa famille par des miliciens… Elle a vu le visage de ce monstre et l’a reconnu. Comment peut-on lui demander d’oublier ? Elle, enfermée dans ses souvenirs, elle ne pense qu’à se venger. Le temps semble s’être arrêté au moment du massacre, au moment où ces 4x4 apparus au loin comme des bêtes féroces, s’introduisent dans la terre de Yarcoub et la violent. Au moment où la jeune fille a vu son monde paradisiaque basculer en enfer.

On suit le parcours tragique d’une adolescente anéantie, perdue dans ses visions et ses idées noires… On voit Siham grandir, mûrir, se poser des questions, essayer de comprendre… On ne peut que s’attacher à elle et ressentir vivement sa douleur. Le récit est d’une grande intensité. La plume de Ramy Zein est d’une poésie prodigieuse et a le don de décrire les images les plus brutales, les plus poignantes avec une certaine pudeur ; ça vous secoue, vous révolte, vous laisse sans voix, sans jamais vous repousser.

« La levée des couleurs » est une réflexion sur la vengeance et le pardon. L’auteur illustre les séquelles que la guerre a laissées sur ses survivants et fait référence au travail de mémoire qui n’a pas été fait au Liban depuis l’amnistie. Croire aujourd’hui que la guerre civile c’est de l’histoire ancienne est une grande erreur. La guerre n’a jamais pris fin. Il suffit aujourd’hui de dire un mot de travers, parler du mal d’un parti politique ou d’une confession pour voir ressurgir la haine et la violence dans le cœur de certains Libanais.

Ce roman m’a permis, à travers le regard d’une jeune fille innocente, de mettre des images sur le passé de mon pays dont j’ai longtemps entendu parler, mais vaguement, par bribes de mots ou selon différentes versions, différentes histoires dont chacun se prend pour le héros.

Là, avec Siham, il n’y a aucun parti pris, aucune prise de position.
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Quelques pas dans la nuit

Il est des romans qui vous touchent sans que vous sachiez vraiment en donner la raison. « Quelques pas dans la nuit » est de ceux-là. L'histoire, quoiqu'émouvante est tristement banale, l'utilisation du présent continu qui distancie le récit pourrait le rendre froid... et pourtant, ça fonctionne ! Sans y prendre garde, je me suis laissé embarquer : les mots sont devenus des images, le Liban d'avant-guerre s'est cristallisé sous mes yeux, et mon cœur s'est serré au fil des pages.



Dans un pays où l'homme est placé sur un piédestal, Rim est l'archétype de la femme servile. Soumise à son père puis à son mari, elle trouve étrangement son compte dans ce quotidien de servitude. Mais lorsque la belle-famille entre en scène, bouffie d'orgueil et de préjugés, implacable, perfide et cruelle, même pour la plus docile des jeunes femmes la pilule est amère. Oui mais voilà, peut-on sortir du schéma éculé quand on a toujours cru en lui, comment se construire une vie qu'on n'avait ni rêvée ni même imaginée ?



Un texte d'autant plus fort qu'il est court, dévoré en quelques heures mais qui restera bien plus longtemps dans ma mémoire...
Lien : https://www.labiblidekoko.cl..
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Partage de l'infini

Le Partage de l'infini s'ouvre sur un attentat commis par un Palestinien. Livre d'actualité aussi, les problèmes entre la Palestine et Israël - Les territoires occupés

La question que se pose le livre. Comment faire la paix et vivre avec l'autre ? Pas de partis pris de la part de l'auteur, il essaye seulement de comprendre ce pays, avec beaucoup d'espoir et de combats. La citation de H.W. Longfellow, en exergue, nous indique clairement le chemin de l'auteur :

« Si nous pouvions lire l'histoire secrète de nos ennemis, nous trouverions dans la vie de chaque homme un chagrin et une souffrance suffisants pour désarmer toute hostilité. »

L'auteur, libanais, nous emmène donc chez ses voisins : un pays, une terre promise ?, deux peuples ennemis et deux familles. La première, palestinienne, vit dans les territoires occupés. Abou Hassan et Oum Hassan ont deux fils et une fille Khalida. L'aîné des fils est mort d'une crise cardiaque en prison. Seyf, a pourtant tout pour être heureux : il travaille, il va se marier et a même obtenu l'autorisation de se construire un logement.



Longtemps « il avait cru que la vie, l'amour, le travail, les projets pouvaient lui permettre de transcender le destin tragique de sa terre et de son peuple » (p.36).

Mais la situation politique se dégrade, les routes se ferment, il perd son travail à Naplouse. Il tourne en rond, il est envahi par un sentiment de culpabilité, il est sans travail.

Il n'en peut plus, "Je suis né dans la patience" de la situation de son pays donc il deviendra un membre actif et il commettra un attentat.

Seyf s'adressant à son père passif, à la situation politique : "-Tu veux donc qu'on renonce au combat ? Qu'on se prosterne devant eux ? Qu'on les laisse voler notre terre ? Qu'on les laisse nous parquer dans des réserves ? Jamais. Tu m'entends ? Jamais."

Quelques mois plus tard, l'armée israélienne envahit la maison familiale, la fouille, la vide et la détruit. Car Seyf est un terroriste. La famille palestinienne est meurtrie dans sa chair avec la perte de deux fils.



La deuxième israélienne deux frères Ron et Haïm, ils vivent à Tel-Aviv. Tous les deux connaissent Rihabe le village palestinien des deux kamikazes disparus.

Ron, israélien orthodoxe, il est l'aîné partisan du Grand Israël. Face à lui se trouve son frère Haïm, membre d'un groupe pacifiste israélien l'incompréhension entre les deux frères, tous les opposes.



Leyla est la fiancée inconsolable de Seyf. Après la mort de celui-ci, elle s'enferme dans la douleur elle se réfugie dans le maquis et dans la mort. Un passage qui me touche beaucoup et bouleversant. Le rêve de Mahmoud :

(p49) "- C'est comment la mer ? lui demanda Mahmoud d'un air rêveur."

"- On ne peut pas aller à la mer.

- Pourquoi ?

-Les routes sont coupées. Nous n'avons pas le droit d'aller à la mer"

Ce passage me fait réagir, car on n'a du mal à imaginer nous occidentaux qu'un enfant ne puisse pas voir la mer. Ce passage montre bien toute la détresse de ce peuple qui est parqué enfermé et qui n'a pas le droit de circuler librement.

J'aime ce livre, avec des mots simples Ramy Khalil Zein, nous présente les Palestiniens avec leurs cauchemars et les Israéliens. Mais c'est un livre plein d'espoir et d'ouverture vers un monde meilleurs, une entente entre les deux peuples.

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La levée des couleurs

Liban, septembre 1983 à Yarcoub, dans un village de la montagne libanaise, Siham assiste au massacre de sa famille dont elle est la seule à réchapper avec son petit frère Karim. Elle a reconnu parmi les assaillants miliciens, l’homme qui a violé et tué sa mère. Siham n’aura plus qu’un seul objectif désormais : retrouver l’assassin pour venger sa famille et se libérer du passé. Car comment survivre au massacre des siens ? Fuyant l'horreur, les deux enfants sont recueillis dans un orphelinat où Siham essaie tant bien que mal de veiller sur son frère. Seule, enfermée dans son silence, elle ne peut échapper aux visions qui la hantent. Traumatisme de guerre, désir de vengeance et incompréhension de la loi d’amnistie, ce livre balaie toute l’horreur d’une guerre à laquelle les enfants ne comprennent rien, les conséquences que la déchirure, voire la déstructuration entraine, et puis l’injustice de l’impuni par une loi d’amnistie qui dégage toute responsabilité des tueurs.

Un éternel recommencement !!!


Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Quelques pas dans la nuit

Une famille modeste. Un village perdu dans les montagnes libanaises. Une vie routinière pour Rim, aînée de la famille. Une vie de rude labeur. Rim ne connaît rien d'autre. Son rêve, car elle en a un, comme toutes les filles du village, se marier, avoir sa maison, sa famille. Que le mariage soit. Et le mariage fut. Le reste suivra: maison, enfants. Puis, la vie joue ce genre de tour dont elle a le secret: Rim perd son mari. Quelle sera sa vie en tant que veuve? En tant que mère de famille sans appui, ni argent?

Quelques pas dans la nuit est l'histoire d'une femme qui, durant toute sa vie, a subi les autres. Une femme qui s'est pliée aux exigences des autres. Quels sont ses droits? Elle n'en sait rien et ignore si elle en a. A t-elle des devoirs? Elle ne peut les ignorer. La société le lui rappelle à chaque instant. Sa belle-famille aussi. Les mots se posent avec fragilité au fil des pages, facilitant la lecture. Les mots se posent avec délicatesse comme pour ne pas blesser outre mesure cette femme maltraitée par la vie. Par sa famille. Par sa belle-famille. Réagira t-elle?

Quelques pas dans la nuit est le récit d'une lutte âpre. Le récit d'une recherche sans fin. Une douleur sans nom. Profonde. Forte. C'est l'histoire d'une femme qui sombre douloureusement dans la folie. Par amour de sa propre chair. Par amour pour ses enfants. Telle est la vie de Rim. Abandonnée de tous. Ce roman est celui d'une bataille. Celle d'une femme. D'une mère. Poussée à bout. Dans ses derniers retranchements. Pour exister. Pour avoir le droit de hurler sa douleur. C'est l'histoire d'une femme aux prises avec une société, une famille qui annihile son existence. Qui nie son humanité. Sa maternalité. Son amour de mère. Pourquoi? De quel droit? Quel sera le destin de Rim?
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