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Le Bataillon créole de Raphaël Confiant
La baïonnette qui s'enfonce dans le corps blanc efface d'un seul trait des siècles d'agenouillement, d'humiliation. Le Teuton, qui vous fait face, à l'instant où vous jaillissez de votre tranchée parce que l'ordre de fondre sur l'ennemi vous a été donné, ce Teuton au visage juvénile, souvent imberbe, aux yeux d'une claireté si bouleversante d'innocence, voire de tendresse - allez savoir! -, ce Teuton-là devient le Béké, le Blanc créole, devant lequel les vôtres et vous n'ont jamais pu que courber l'échine et balbutier "oui, missié".
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