AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Raphaël Enthoven (207)


Pour être le contemporain de soi-même, il faut paradoxalement renoncer à la conscience de soi. Pour agir, il faut ne pas se regarder faire.
Commenter  J’apprécie          10
C'est la crainte et non le goût de la philosophie qui fait d'elle une mode.
Commenter  J’apprécie          20
Raphaël Enthoven
Question : C’est la faculté de s’étonner qui signerait donc la supériorité de l’humain sur la machine ?
Réponse : c’est elle qui signe sa singularité. Et c’est précisément cela que l’IA ne peut pas saisir. [ ] Pour que l’IA puisse, par exemple, reconnaitre une baleine, on la gave de photos de baleine, jusqu’au moment où elle identifiera un cétacé dans une photo qu’elle n’a jamais vue. Pour le dire simplement : tout le travail de l’IA consiste à ne pas être surpris par l’apparition des choses qu’elle n’a jamais vues. Or, la philosophie fait exactement l’inverse. Son travail commence par l’étonnement. Non pas l’étonnement devant ce qui est étonnant (et dont l’étonnement qu’il suscite est à la portée de tous) mais l’étonnement face au banal, face au quotidien, face à l’ordinaire ou l’indiscuté. Bref, l’IA consiste à devancer ce qu’on ne connaît pas encore, la philosophie consiste à s’étonner de ce qu’on a l’habitude de voir. Les directions sont rigoureusement inverses.
Commenter  J’apprécie          00
Raphaël Enthoven
Question : Selon vous, "l’IA ne sert à rien" en philosophie. N’est-ce pas un réflexe corporatiste, alors que les juristes ou les médecins sont déjà impactés par cette technologie ? [ ] Vous soulignez d’ailleurs que, contrairement à la technique, la philosophie ne fait pas de progrès…

Réponse : Effectivement. N’importe quel astronome actuel en sait davantage que Kepler ou Galilée, pourtant des génies. Un mathématicien médiocre en sait aujourd’hui plus que Newton ou Leibniz. Et les exemples sont innombrables. Toutes les sciences progressent. [ ] Mais en philosophie, depuis l’Antiquité, il n’y a aucun progrès notable. Les arguments de Platon ou d’Aristote ont la même pertinence que ceux de Kant ou de Bergson. Le temps ne fait rien à l’affaire. La philosophie n’est pas une discipline dont le progrès linéaire frapperait les anciens de caducité. Elle n’est que la redécouverte inlassable de questions identiques et sans réponse. C’est elle, en revanche, qui permet de comprendre et de devancer le fait que, comme le montre le XXe siècle et ses génocides, le progrès technique n’est pas forcément un progrès moral… Bref, la philosophie ne progresse pas, son développement se fait en arborescence, et tous ses animateurs, morts ou vivants, sont les contemporains les uns des autres. Mais dire de la philosophie qu’elle ne fait pas de progrès, ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas faire de progrès en philosophie. Au contraire ! Et chacun peut, à titre individuel, cheminer en philosophie et acquérir, parfaire ou densifier la méthode qui consiste à ne rien tenir pour acquis et à préférer les questions aux réponses.
Commenter  J’apprécie          00
D'abord on décide, après on hésite.
Commenter  J’apprécie          00
Les monarques sont d'abord les enfants de l'imagination.
Commenter  J’apprécie          00
N'est-il pas préférable, parfois, pour mieux réfléchir de perdre un peu la tête?
Commenter  J’apprécie          00
D'instinct, je venais de faire la différence entre la résignation et le consentement. Et de comprendre que le lieu où l'on se rend a moins d'importance parfois que la démarche elle-même. J'allais perdre la partie, bien sûr. Mais délibérément. Au jeu d'échecs, je perdrais sans être vaincu. (p192)
Commenter  J’apprécie          30
Le début de la liberté est de connaître ce qui nous détermine.

Qui abjure le vice par un effet de la volonté (ou se persuade qu’il y parvient) s’éloigne, démesurément, de la sérénité qu’il espère. Le goût des contraintes, la violence qu’il se fait à lui-même, l’ambition de gouverner le corps avec les pauvres moyens de l’esprit plafonnent, en guise de calme, dans l’orgueil dérisoire de n’avoir jamais cédé. Ce n’est pas une vie. Juste une bagarre dont la victime est le bourreau.
Commenter  J’apprécie          00
la philosophie me tendait les bras comme la discipline qui enseigne à ne pas juger son prochain et à admettre ses faiblesses plus qu’à les surmonter. En un seul mot de lui, parce qu’il était bienveillant, j’eus le sentiment que la pensée se souciait moins de vérité que de paix. Que sa grande affaire n’était pas de bâtir des systèmes, mais d’agencer des caractères et d’unir les contraires par le refus des certitudes. C’est à Octave Blanco [ … ] que je dois d’aimer plus que tout l’adage pascalien selon lequel à la fin d’une vérité, il faut toujours envisager la vérité d’en face.
Commenter  J’apprécie          00
On ne guérit de nos vices qu’en apprenant à les supporter. Laisse ton cerveau tranquille. Le premier pas vers la sagesse est de savoir y renoncer. Tu te compliques la vie à te donner des ordres à toi-même et à te désobéir ensuite. Tu vois le Bien et tu l’approuves et pourtant, c’est le mal que tu fais. Ton erreur n’est pas d’hésiter. Ton erreur est de te reprocher d’hésiter. Laisse tomber la volonté ! On est moins libre quand on croit qu’on l’est, que quand on sait qu’on ne l’est pas...
Commenter  J’apprécie          10
À force de traquer la gueuse, mon père était devenu marxiste. Il en fit fièrement l’aveu à Raymond Aron en personne, qui entrait chez lui, boulevard Saint-Michel, quand mon père le croisa. « Comme c’est intéressant ! lui dit le vieux Socrate. Quelle bonne idée ! Voulez-vous que nous en parlions ? » Cela ne se refusait pas. Le jeune homme monta. Et en redescendit trois quarts d’heure plus tard, libéral, sceptique et intellectuellement déniaisé. Je n’ai pas eu cette chance. Je n’étais pas encore né quand Aron est mort. J’avais huit ans.
Commenter  J’apprécie          10
C’est à Octave Blanco (comme à mes deux univers, séparés par cinq stations de métro où je promenais mon gros cartable deux week-ends sur trois) que je dois d’aimer plus que tout l’adage pascalien selon lequel à la fin d’une vérité, il faut toujours envisager la vérité d’en face.
Commenter  J’apprécie          10
« Comprenez-vous qu’en coupant la tête du soleil, Apollinaire, symboliquement, se débarrasse de tous les mondes imaginaires et nous renvoie à la seule réalité tangible de ce monde, qui est le CORPS ? Et qu’en multipliant les torche-culs, en s’attardant sur le soin qu’il met à se nettoyer les fesses, Rabelais accomplit précisément le travail du romancier, qui est de transformer la merde en or ? Une pensée du corps n’est pas une pensée de l’excrément, mais une pensée de la beauté malgré l’excrément. Ou grâce à lui ! Songez aux fleurs du mal ! Sur quoi poussent-elles, sinon le fumier du spleen ? Et qu’est-ce à dire ? Que la sottise, l’erreur, le péché, la lésine sont la souche du génie et le secret de la beauté… Qu’il est, pour cette raison, plus noble d’assumer la présence d’un corps que d’en nier les mauvaises odeurs. Le XIXe siècle, de ce point de vue, est une révolution : en passant de la beauté comme représentation d’une belle chose à la beauté comme belle représentation d’une chose (même laide), on est passé de l’esprit au corps… En vérité, on s’est élevé de l’esprit au corps ! Bon allez, on s’arrête, j’ai envie de fumer… »

Dixit Madame Maurel.
Commenter  J’apprécie          00
Si chacun faisait l’effort de comprendre que, sous les reproches qu’il croit adresser à l’autre ou bien sous les injures dont l’autre l’agonit de tout son cœur, c’est la même rengaine qui se donne à entendre, peut-être se disputerait-on moins ? Si l’on était capable de se dire que ce n’est pas parce que l’autre a des défauts qu’on ne l’aime plus, mais que c’est parce qu’on ne l’aime plus que ses défauts nous semblent insurmontables, en finirait-on plus vite ?
Commenter  J’apprécie          10
Au petit-bourgeois qui souffre (ou qui, plus modestement, n’est pas heureux), la culture se présente, longtemps avant la drogue, comme une échappatoire de qualité.Non parce qu’elle donne à apprendre des choses, mais parce que les choses qu’elle donne à apprendre sont plus stables que les palinodies parentales, les gifles à tout va, la rage devant le petit qui s’est encore chié dessus et toutes les galères d’une vie coupée en deux.
Commenter  J’apprécie          00
Nous sommes tous un peu fous, n'est-ce pas?


Il faut faire l'archéologie de la folie pour la comprendre.

Parfois, les fous ne sont pas ce qu'ils sont.
Commenter  J’apprécie          10
Fabien Roussel : La solution définitive, je n'y crois pas. Aucun des mots ne me convient...Je suis pour trouver des solutions, mais à condition de les construire. Je suis pour aller débattre, mais je refuse l'idée qu'il n'y ait qu'une seule solution, une solution définitive qui s'imposerait comme la meilleure. Je suis marxiste et donc dialecticien.
Commenter  J’apprécie          10
Un ouvrier, une enseignante, un ingénieur, un agriculteur, quand il travaille, il a droit au bonheur.
Commenter  J’apprécie          00
Fabien Roussel : Les exploiteurs de la classe ouvrière sont de toutes les couleurs, de tous les sexes et de tous les genres. Parce qu'on serait femme, ou de telle religion, ou de tel sexe, on ne serait pas capitaliste, exploiteur de gens, dominateur, etc. ? C'est de la connerie en barre.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Raphaël Enthoven (944)Voir plus

Quiz Voir plus

Anagrammes pour lire dans les pensées

L'espérance

La prestance
La présence
La pré-science

10 questions
9 lecteurs ont répondu
Thème : Anagrammes pour lire dans les pensées de Raphaël EnthovenCréer un quiz sur cet auteur

{* *}