Raphael Glucksmann vous présente son ouvrage "
La grande confrontation : comment Poutine fait la guerre à nos démocraties" aux éditions Allary. Entretien avec
Jean Petaux.
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Les sociétés occidentales d'après-guerre avaient plus ou moins forgé un "homo democraticus" mesuré dans ses succès et soutenu par la collectivité dans ses déboires. Il laisse désormais place à un individu qui voit dans chacun de ses dollars une confirmation de son génie et dans la misère de son concitoyen la preuve de sa fainéantise. Un individu libéré du souci de l'autre et du commun.
Pourquoi s'étonner des secousses populistes lorsque nos dirigeants s'alignent à ce point sur les intérêts des plus fortunés d'entre nous ? Pourquoi s'étonner du mépris grandissant pour l'autorité publique lorsqu'elle abandonne l'idée de réorganiser la société de façon plus juste, renonce à exercer le pouvoir que nous lui avions confié et se contente d'être une mise en scène d'elle-même ?
J'accuse la communauté internationale de consentir à ce crime de mise esclavage des Ouïghours par son silence et sa passivité.
J'accuse les dirigeants de nombreux pays musulmans, du Pakistan à l'Arabie saoudite, qui brandissent d'un côté leur foi en étendard et de l'autre soutiennent la politique chinoise de destruction des mosquées.
Les autorités allemandes et pétainistes voulaient montrer que la résistance était le fait d'"étrangers" , ils mettaient en image sans le savoir le cœur même du récit national. Manouchian, Rajman, Alonso et les autres n'avaient pas une goutte de sang "français" et ils versèrent le leur pour la France. Pourquoi? Parce qu'elle était plus qu'un sol sur lequel ils avaient échoué, elle était une idée qu'ils avaient épousée, un livre ouvert qu'ils voulaient contribuer à écrire.
Les plus belles pages de la littérature française racontent l'éveil à un monde en ruines d'une conscience privée de boussole. Qu'y a-t-il de commun entre le romantisme désabusé de Musset, la colère révolutionnaire de Nizan et le rationalisme cartésien ? Cette expérience de la forêt qui reproduit l'acte de naissance renardien de notre identité. Notre littérature est une plongée sans cesse répétée dans notre trouble originel.
Le déni est un mécanisme d'autodéfense puissant. Il déréalise la réalité au nom du " réalisme " et permet de boire tranquillement son thé au salon alors que le feu gagne la chambre à coucher. Il fonctionne jusqu'à ce que la fuite devienne impossible.
Contrôler les chômeurs apparaît comme essentiel. Lutter contre les systèmes ingénieux mis en place par les plus fortunés pour échapper à l'impôt semble moins urgent. (...) Pareil déséquilibre s'explique facilement : nos dirigeants fréquentent tout simplement plus de gens assujettis à l'ISF que de bénéficiaires du RSA. Lancer une croisade contre la fraude fiscale prendrait de front leur cercle de connaissances (et de leurs donateurs) alors que stigmatiser les pauvres ne leur coûte socialement rien.
Pareille interpénétration des hautes sphères économiques et politiques, voilà ce que Machiavel nomme "corruption". Sous sa plume, le terme désigne (...) la captation de l'espace commun par des groupes particuliers, la mise sous tutelle du pouvoir public par des puissances privées, l'intérêt de quelques uns devenant l'intérêt général. Autrement dit : la dégénérescence progressive de la démocratie en oligarchie.
(Tartuffe) porte une idéologie, développe une vision claire de l'obscurité des choses, propose une explication cohérente des incohérences du monde. Il offre des réponses. Il est efficace. Il nous hante tout autant que Renart. Il est son meilleur ennemi, la part de nous-mêmes qui entre en réaction face au "trouble" dans lequel nous évoluons, la part réactionnaire - au sens étymologique du terme- de notre être.
Il ne peut y avoir de démocratie stable sans capacité d'appréhender l'autre comme un alter ego : un système politique dans lequel chacun codécide de l'avenir de tous suppose que nous nous reconnaissions comme des égaux par-delà nos différences sociales et culturelles. L'empathie est un préalable éthique à la citoyenneté.Tout despotisme oeuvre à son éradication pour atomiser et soumettre. En reproduisant une telle logique, la société de solitude contemporaine ne met-elle pas en cause la possibilité même de la démocratie ?
Emmanuel Macron n'est que le dernier avatar de l'aveuglement des élites occidentales sur les causes de la crise que traversent nos démocraties. (...) Ne pas saisir les implications pour la démocratie de l'atomisation sociale, de l'explosion des inégalités, du délitement des liens civiques rend impossible toute résistance efficace à la déferlante populiste. Un lifting ne changera rien : une véritable révolution mentale et philosophique est nécessaire.