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Citation de Charybde2


Il s’agit presque toujours d’une question de pouvoir, de l’exercer ou d’être un perdant. Ni les dix commandements ni les tables de multiplication ne sont des points d’appui solides sans le pouvoir. Avec le pouvoir, on peut modifier les résultats et jusqu’aux règles du jeu elles-mêmes : naître, vivre, mourir sont toujours les manifestations de quelque dieu éphémère et sans pitié, qui, en abaissant le pouce, condamne à vivre ou à mourir. Celui qui découvrit le principe du levier, alors que l’Occident n’était encore qu’un nouveau-né, déclara : « Donnez-moi un point d’appui et je soulèverai le monde. » Et par sa prétention, il mit à nu ce qui est la racine même de l’être humain.
Si vous êtes de ceux qui se lestent les pieds avec des kilos de morale pour ne pas se perdre dans l’espace comme un cosmonaute abandonné, priez pour que les enfants de Belzébuth vous conservent votre innocence. Découvrir que l’on peut être Dieu pour un instant laisse ensuite une soif inextinguible. Cette remarque, il est vrai, se trompe de destinataire, et en plus arrive trop tard. Peut-être aurait-il mieux valu qu’un certain Gros l’eût entendue il y a trois ans, un certain Gros qui cherchait à solder un important compte d’humiliations, sans savoir que ces choses-là sont comme la vérole : elles laissent des marques indélébiles. Mais, finalement, rien de tout ça n’a d’importance puisque, tandis que le Ciel demeure fermé pour cause d’inexistence, le moment est venu de raviver la mémoire.
Aujourd’hui, quand j’ai reçu mon courrier et que j’ai vu la lettre et la photo qui l’accompagnait, j’ai su qu’il était temps de se souvenir.
Car il y a des épreuves qui ne laissent pas le choix : on se bat jusqu’à la fin ou l’on se dirige docilement vers les crématoires de la mort.
Alors j’ai décidé de raconter ce qui s’est passé. Non pas avec l’intention d’expier mes fautes ou de réparer mes torts ; j’essaie seulement de me garantir quelque chose comme une vengeance posthume, oeil pour oeil, si dans l’épreuve de force qui s’approche, ils parviennent à me tuer d’une balle dans le dos. Au moment où je débute ce récit, mon unique certitude, même si j’ai rempli les rues de morts-vivants, est que rien de ce qui est humain ne m’est étranger, et aucun dieu, ni aucun démon, ne peut dire le contraire.
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