Et à force de prêter attention à des sacs de noeuds, ça t'emmêle la pelote, et... je te retrouve toute chiffonnée !
Il n'y a pas grand monde dans la vaste salle à part ces oubliés du week-end amarrés au zinc. Devant eux, les demis de blonde, phares de leurs noyades lointaines, se confondent avec les lumières du boulevard qui s'allument peu à peu.
« La solitude se comporte comme un chat. Au début, vous croyez lui faire une fleur en la tolérant dans votre appartement. Vous lui préparez même un panier bien douillet où elle puisse s’endormir tout en rond, le temps d’une halte. Six mois plus tard, c’est vous qui habitez chez elle. Elle a envahi votre appartement, décide de votre heure de coucher et de vous insomnies, habite le silence comme un tic-tac d’horloge et repeint les murs blancs d’une jolie teinte grise. »
Vous n'avez emporté que cela comme bagage ? s'étonne Kelly. - Oui... hésite Olia [...]. Un tricot pour le voyage. La vieille dame lève les yeux. La gamine la regarde avec un sourire gentil. Olia n'aurait jamais pensé que ce soit si facile de sortir des Pervenches. Elle est descendue au rez-de-chaussée, elle a traversé lentement le jardinet, puis elle a ouvert la porte... Olia quitte la maison de retraite, elle n'a prévu que le but de son voyage : la Russie. Sa route croise celle d'une adolescente en (...)
L'exil s'est imposé pour la famille de Jacob et de Serina. De Constantinople où la situation des Juifs devient inconfortable, la famille gagne la France, un pays de liberté et de tolérance .
Christelle Ravey installe son récit avec méthode et délicatesse. Les personnages prennent vie progressivement, un peu lentement, je m'impatientais, mais ce rythme a la qualité de maintenir une attente inquiète. L'auteure entre dans l'intimité des personnages, privilégiant celui de Fanny, la fille aînée de Sérina et de Jacob. J'ai vécu quelques jours avec cette famille où les naissances se succèdent rapidement. J'ai accompagné son parcours traversé par les bonheurs et les tracas quotidiens, comme dans la vie réelle. L'introduction de termes yiddish, surprenants de prime abord finalement prennent leur place.
Dès les premières pages, on pressent que la fin de l'histoire ne saurait être heureuse. Les dates qui s’intègrent aux titres de chapitres, nous rapprochant de la deuxième guerre mondiale, suggèrent inévitablement la précarité du sort des Juifs.
Christelle Ravey parvient mêler les causes de l'éclatement des traditions et de la vie familiale sur fond de l'Histoire trouble du XX° siècle.
J'ai apprécié la réflexion sur la place de la femme et sur la famille traditionnelle malmenée par l'évolution des mœurs et l' interrogation sur le sens qu'on peut donner à sa vie par l'amour malgré tot teinté d'amertume.
Dans chacun des romans de Chistelle Ravey que j'ai lus, j'ai été frappée par l'expression de ces sentiments d'amour, de générosité, de compassion. « De couleur mauve » et « L'amour en fuite » de façon très différente mettent en scène des solitudes qui tentent de se rencontrer pour se muer en affection.
« Le tapisseau byzantin » est une recherche sur un passé qu'il faut comprendre pour affirmer son identité.
Christelle Ravey ne fait pas de littérature de bons sentiments, mais elle raconte avec élégance, simplicité et poésie la vie de vrais gens proches de chacun .
Quand on est deux, aucune montagne n'est trop haute, alors que quand on est seul, on s'épuise parfois face au moindre défi.
Lyon est une petite ville et tout le monde se connaît ou presque.
Par où, par quel bout, par quel mot ou quel regard a-t-il accroché le fil de sa rêverie, elle ne saurait le dire, mais dès lors elle a cessé de dériver au hasard. Le rêvant homme et se rêvant femme, elle s'est mise à frôler du doigt les mots qu'il traçait sur le papier, en quête de l'empreinte que sa main y aurait laissée, à l'écoute de sa voix, de son corps, présent dans chaque respiration de ce qui s'écrivait, souvent à l'aube, dans le silence de sa maison qu'elle ne connaissait pas.
Très vite, sa vie tient au fil de cette conversation de lui à elle, à cette eau courante et fraîche qui les relie.
Au fond, c'est comme ça qu'elle voit la vie : une traversée qui doit tout au rêve d'un avenir à inventer, pourvu qu'on sache éviter les naufrages. Et c'est à ce second point qu'elle se consacre.
Le temps qui se repaît de fleurs n'a même pas la patience de contempler ses propres saisons. La bouche débordant de pétales, bavant de toutes les couleurs, il rit comme un gamin. De ses grosses mains ravageuses, il cueille indifféremment, dans les prairies ou les cours d'école, les pâquerettes, les roses rouges, les chrysanthèmes et les fleurs de marronniers.