Dans La Grande Librairie du 25 septembre 2008, François Busnel reçoit :
Richard Ford pour L'État des lieux (L'Olivier)
Rawi Hage, de Niro's Game (Denoël)
Eddy L. Harris, Jupiter et moi et Harlem (Liana levis)
Joann Sfar, le Petit Prince (Gallimard)
François Busnel propose en direct chaque jeudi à 20h35 sur France 5, un magazine qui suit de près l'actualité littéraire avec pour seul mot d'ordre, le plaisir.
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Chats paresseux qui lézardent sous les voitures sales en contemplant la parade des chaussures italiennes, des ongles vernis, des revers de talons multicolores et déchirés, des talons aiguilles, des tongs en plastique, des pieds nus qui trépignent et des chevilles, délicieuses chevilles nues dont viendraient s’emparer de grosses mains pour les relâcher aussitôt et mieux les reprendre un peu plus haut, remontant ainsi jusqu’à la source chaude qui, doucement, généreusement, se fait légère inondation fleurant l’anguille, le poisson rouge et l’eau de rose
Il alluma une cigarette et regarda tournoyer les amas d'étoiles suspendues, aplaties avec la simplicité d'une mappemonde médiévale, recouvrant d'obscures étendues de la pellicule superficielle d'un ciel au pourtour anodin, ouvert sur l'abîme qui invitait l'homme à s'y précipiter en hurlant d'horreur.
J'ai senti la pression sur ma poitrine, entendu le bruit décalé du verre qui tombait, vu venir un nuage de fumée au parfum de poussière antique et de terre cruelle. L'odeur de la poudre et du pain brûlé m'a poussé dans l'escalier à travers la fumée ; à bout de souffle, j'ai crié : Maman !
Le vent me gardait éveillé. Je roulais aussi vite que lui. Encore plus vite que lui. Je fuyais l'espace et le temps, comme s'il s'agissait de balles. La mort ne vient pas quand on lui fait face ; elle est pleine de traîtrise, c'est une lâche qui ne s'intéresse qu'aux faibles et qui frappe les aveugles.
Je suis amoureux de Shoreh, mais je ne me fie plus à mes émotions.
C’est quand la prochaine fois que tu gagnes aux courses pour m’offrir un Mac Book Pro à 2,8 GHz ?
Je suis un cafard, ma sœur m’a métamorphosé en insecte.
Un soir il était venu la chercher et l’avait conduite droit chez le curé, qui avait d’abord refusé de les marier, prétextant que la fille était mineure. L’homme avait dégainé son révolver et menacé le curé, lui avait fait signer le papier, puis avait ramené ma sœur dans sa maison maternelle. Il avait commencé par vider son verre puis il l’avait déflorée, et quand elle lui a demandé de l’argent pour acheter à manger, il l’avait battue. Le psy m’a interrompu : « Et comment vous sentez-vous par rapport à ça ? »
Les lois de l'homme sont truqués en sa faveur, les lois de la nature sont arbitraires et certaines lois de Dieu, ai-je proclamé, auraient grand besoin d'être mises à jour.
Je marchais, et les bougies dansaient dans la ville aux murs blessés, la ville privée de lumière, la ville brisée, enrobée de plastique, plâtrée d'impacts de balles.
Pavlov savait que durant le jour ce cimetière donnait une vue spectaculaire sur l'horizon et sur la mer. Dans un lieu d'une telle beauté, pensa-t-il, on devrait accrocher les cercueils très haut, suspendus face aux vagues, à la pinède, au ciel ancestral. Quelle vision cela nous offrirait de ce qui nous attend tous, tel le navigateur qui, scrutant le littoral, voit venir la tempête.
Si vous voulez mon avis, notre État s'arrange pour combiner le pire de tous les systèmes possibles avec cette pseudo-démocratie fortement enracinée dans le droit divin, ce milieu malsain où notre existence quotidienne se déploie selon d'anciens principes féodaux. Moi, je dis que c'est la fixation théocratique de cette région qui causera sa perte (...)
J’ai longé le corridor. Plusieurs autres cellules y donnaient de part et d’autre. J’avais partagé le sol raboteux, les murs humides et froids avec d’autres malheureux qui gémissaient comme des dauphins échoués, nageant les yeux ouverts dans le même océan, observant la lente remontée des bancs de bulles violettes.