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Citations de Ray Bradbury (1323)


Car à présent il n’y avait plus que le Soleil, le Soleil et encore le Soleil. Il remplissait l’horizon de tous les côtés. Il effaçait les minutes, les secondes, les montres, les pendules ; il détruisait le temps et l’éternité. Il brûlait les paupières et le sang sous la peau, les rétines, le cerveau enfoui sous le crâne. Il brûlait le sommeil, le souvenir même du sommeil et des soirées fraîches.
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Le thermomètre-parlant murmura dans ce silence arctique :
— Température : deux mille degrés !
— Nous tombons, se dit le commandant, comme une tempête de neige en plein mois de juin, au beau milieu d’un torride mois de juillet, au cœur d’un accablant mois d’août.
— Trois mille degrés Fahrenheit !
Sous les champs de neige, les moteurs tournaient, les réfrigérateurs pompaient dans le boa constricteur des tuyaux givrés dix mille milles par heure.
— Quatre mille degrés Fahrenheit !
Midi. L’été. Juillet.
— Cinq mille degrés Fahrenheit !
Enfin, le commandant parla et tout le calme du voyage était dans sa voix.
— Nous touchons le Soleil.
Rien que d’y penser leurs yeux reflétaient l’or liquide.
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— Cap Sud, dit le commandant.
— Mais, répondit l’homme d’équipage, ici, dans l’espace, il n’y a pas de direction.
— Lorsqu’on approche du Soleil, répliqua le commandant, et que tout n’est plus que lumière, chaleur, paresse, il n’y a plus qu’une seule direction.
Il ferma les yeux, pensa aux contrées lointaines, chaudes, brûlantes et un souffle tiède passa entre ses lèvres : « Sud. » Il hocha lentement la tête pour lui-même : « le Sud ».
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Il s'adressa une prière à lui-même. Que rien n'arrive à l'illusion durant les six prochains jours. Que l'espace vienne et s'étire, que Mars la rouge glisse sous la fusée, avec ses satellites ; qu'il n'y ait pas de coupure dans les films en couleurs. Que les trois dimensions se maintiennent, que rien ne détériore les miroirs et les écrans cachés qui fabriquent le rêve. Que le temps s'écoule sans anicroche.
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Dans une glissade l'Egéen disparut. Il avait sauté. Les dunes de l'océan Atlantique, la campagne française se fondirent, s'évanouirent. Seul restait le désert du Nouveau-Mexique. Dans sa chambre, à côté de sa couche, plus de plumes frémissant dans la cire d'or. Au-dehors, le vent ne façonnait plus à sa guise la Montgolfière. Au-dehors, il n'y avait qu'une fusée, un rêve combustible qui, sur un geste bref de sa main, décollerait.
Au cours de ces ultimes instants de sommeil, il s'entendit appelé par son nom.
Sans s'émouvoir, il répondit par les trois noms qui, depuis minuit, n'avaient cessé de le hanter à toutes les heures de la nuit :
« Icare Montgolfier Wright. »
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Après le départ, son choc et son hésitation, viendrait la majestueuse ascension... Merveilleusement suspendus dans les airs, magiquement transportés, tous laisseraient alors éclater leur joie et, pour eux seuls, crieraient leurs propres noms. Peut-être même clameraient-ils les noms d'hommes qui ne sont pas encore nés, peut-être ceux d'hommes morts depuis des siècles, tandis qu'inlassablement, le vent salé, la poussée du ballon ou le feu chimique les emporteraient toujours plus loin.
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Montgolfier.
Ses mains effleurèrent la corde de feu, la toile éclatante de blancheur, les piqûres de fil brûlant comme l'été. Ses mains alimentèrent de laine et de paille la flamme vacillante.
Montgolfier.
Il suivit des yeux le doux balancement, la houle et le roulis de l'immense poire argentée, indéfiniment bercée, que les poussées de gaz canalisé gonflaient petit à petit. Aussi muette qu'un dieu, dont la tête assoupie retomberait sur la terre de France, la diaphane enveloppe de toile, ce grand sac d'air chauffé par la flamme, allait, d'un instant à l'autre, s'arracher à la force de la pesanteur et s'envoler, libre, dans les airs. Attirés toujours plus haut vers les mondes bleutés du silence, son frère et lui navigueraient, calmes et apaisés, au milieu des îlots de nuages où dorment les éclairs farouches. Dans ces gouffres et ces abîmes inexplorés, où ne parviennent jamais ni chant d'oiseau, ni cri d'homme, le ballon s'apaiserait à son tour. Ainsi lancés à la dérive, aussi bien lui, Montgolfier, que tous les hommes à travers lui entendraient le souffle démesuré de Dieu et le pas solennel de l'Eternité.
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Jerediah Prentiss... Jerediah Prentiss...
Le vent emportait son nom. Il le clamait à tous les échos. Affolé, il tenta de le rattraper.
Puis, calmé, il attendit que le vent le lui ramenât. Il attendit, longtemps, très longtemps, dans un silence absolu jusqu'à ce qu'enfin, après un millier de battements de cœur, il perçut un léger bruit.
La molle corolle du ciel s'épanouissait. La mer Egée agitait l'éventail blanc de ses écumes sur les récifs couleur lie-de-vin.
Dans le clapotis des vagues mourant sur le rivage, il crut discerner son nom.
Icare...
Puis plus nettement, il entendit murmurer :
Icare...
On lui remuait le bras : c'était son père qui, l'appelant par son nom, faisait reculer la nuit. Il était replié sur lui-même et tourné à demi vers la fenêtre, le rivage et l'infini du ciel.
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Une détonation. Des ombres qui courent. Le cri s’est tu. On entend le sifflement d’une chute à travers l’espace.

Comme c’est bon de mourir, après dix mille ans, comme c’est bon de ressentir cette fraîcheur soudaine, cette détente. Comme c’est bon d’être comme une main à l’intérieur d’un gant, qui s’étire et devient merveilleusement froide dans le sable chaud. Oh ! la quiétude, Oh ! la beauté de la mort qui rassemble tout ce qui était séparé, dans la nuit noire et profonde.
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On m’allonge. Mes muscles se nouent et se détendent comme parcourus d’ondes telluriques, et la voix ensevelie crie en moi : « C’est Jones, c’est moi, ce n’est pas lui, ce n’est pas lui, ne le croyez pas, laissez-moi sortir » – je regarde les silhouettes qui se tiennent penchées au-dessus de moi et mes paupières papillotent – on me tâte les poignets.
— Le cœur bat très vite.
Je ferme les yeux. Les frissons s’apaisent. Les cris cessent. Je me relève, libéré, comme dans la fraîcheur d’un puits. Quelqu’un dit :
— Il est mort.
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C’est d’abord un frisson léger, caché tout au fond de mon corps, mais qui bientôt gagne en violence. Et pour la première fois je l’entends, la voix, comme si elle aussi se cachait dans un puits. C’est une toute petite voix, grêle et apeurée, qui appelle dans l’abîme de mon cœur. Et elle crie : Laissez-moi sortir, laissez-moi sortir, et j’éprouve l’impression qu’il y a quelque chose qui essaie de se libérer, qui heurte pesamment des portes de labyrinthe, qui se rue à travers des galeries obscures en les remplissant de l’écho de ses cris.
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Pour la première fois, elles se rendaient compte à quel point leur ville était belle, et belles les lumières solitaires et les vieilles briques, et leurs yeux s’écarquillaient d’eux-mêmes devant le magnifique spectacle qu’elles s’offraient à elles-mêmes. Tout s’agitait en un carrousel nocturne où des lambeaux de mélodie venaient flotter soudain au gré du vent changeant et où on entendait appeler, ou parfois murmurer, par les fenêtres ouvertes des maisons hantées par le spectre blanc de la télévision.
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Il espérait qu'un jour, nos cités s'ouvriraient pour laisser plus largement entrer la verdure, la terre et les espaces sauvages, afin de rappeler aux hommes que c'est un tout petit espace de terre qui nous a été imparti et que nous ne faisons que survivre dans une immensité qui peut reprendre ce qu'elle a donné aussi facilement qu'elle peut déchaîner son souffle sur nous ou envoyer la mer nous dire de ne pas crâner. Si nous
oublions à quel point la grande nature sauvage est
proche de nous dans la nuit, disait mon grand-père,
elle viendra un jour nous emporter, car nous aurons
oublié à quel point elle peut être terrible et bien
réelle.
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Chacun doit laisser quelque chose derrière soi à sa mort, disait mon grand-père. Un enfant, un livre, un tableau, une maison, un mur que l'on a construit ou une paire de chaussures que l'on s'est fabriquée. Ou un jardin que l'on a aménagé. Quelque chose que la main a touché d'une façon ou d'une autre pour que l'âme ait un endroit où aller après la mort; comme ça,
quand les gens regardent l'arbre ou la fleur que
vous avez plantés, vous êtes là. Peu importe ce que
tu fais, disait-il, tant que tu changes une chose en
une autre, différente de ce qu'elle était avant que tu
la touches, une chose qui te ressemble une fois que
tu en as fini avec elle. La différence entre l'homme
qui ne fait que tondre le gazon et un vrai jardinier
réside dans le toucher, disait-il. L'homme qui tond
pourrait tout aussi bien n'avoir jamais existé ; le jar-
dinier, lui, existera toute sa vie dans son œuvre.
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On ne peut pas se débarrasser de tous les canards boiteux en quelques années. Le milieu familial peut défaire beaucoup de ce qu’on essaie de faire à l’école. C’est pourquoi on a abaissé progressivement l’âge du jardin d’enfants et qu’on prend maintenant les gosses pratiquement au verso. (...) La fille ? Une bombe à retardement. La famille l’influence au niveau du subconscient, j’en suis sûre, d’après ce que j’ai vu de son dossier scolaire. Elle ne voulait pas savoir le comment des choses, mais le pourquoi. Ce qui peut être gênant. On se demande le pourquoi d’un tas de choses et on finit par se rendre très malheureux, à force. Il vaut bien mieux pour cette pauvre fille qu’elle soit morte. P. 99
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Il doit y avoir quelque chose dans les livres, des choses que nous ne pouvons pas imaginer, pour amener une femme à rester dans une maison en flammes.
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Rentrez chez vous et pensez à votre premier mari divorcé, au second qui s’est tué en avion, au troisième qui s’est fait sauter la cervelle ; rentrez chez vous et pensez à votre bonne douzaine d’avortements, à vos maudites césariennes et à vos gosses qui vous détestent ! Rentrez chez vous et demandez-vous comment tout ça est arrivé et ce que vous avez fait pour l’empêcher.
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Regarde le monde. Il est plus extraordinaire que tous les rêves fabriqués ou achetés en usine. Ne demande pas de garanties, ne demande pas la sécurité, cet animal-là n’a jamais existé. Et si c’était le cas , il serait parent du grand paresseux qui reste suspendu toute la journée à une branche, la tête en bas, passant sa vie à dormir.
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Chacun doit laisser quelque chose derrière soi à sa mort, disait mon grand-père. Un enfant, un livre, un tableau, une maison, un mur que l'on a construit ou une paire de chaussures que l'on s'est fabriquée. Ou un jardin que l'on a aménagé. Quelque chose que la main a touché d'une façon ou d'une autre pour que l'âme ait un endroit où aller après la mort ; comme ça, quand les gens regardent l'arbre ou la fleur que vous avez plantés, vous êtes là.
Peu importe ce que tu fais, disait-il, tant que tu changes une chose en une autre, différente de ce qu'elle était avant que tu la touches, une chose qui te ressemble une fois que tu en as fini avec elle.
La différence entre l'homme qui ne fait que tondre le gazon et un vrai jardinier réside dans le toucher, disait-il. L'homme qui tond pourrait tout aussi bien n'avoir jamais existé ; le jardinier, lui, existera toute sa vie dans son œuvre.
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Timothy avait encore du mal à comprendre ce qui tic-taquait à l'intérieur du grand mécanisme adulte à côté de lui. De cet homme à l'immense nez aquilin qui pelait, brûlé par le soleil – aux yeux bleu vif comme les billes d'agate avec lesquelles on joue après l'école, l'été, là-bas sur la Terre, aux longues jambes massives comme des colonnes dans son ample culotte de cheval.
« Qu'est-ce que tu regardes comme ça, p'pa ?
- La Terre. J'y cherche la logique, le bon sens, un gouvernement sain, la paix et la responsabilité.
- Tout ça là-haut ?
- Non. Je n'ai rien trouvé de tout ça. Ça n'y est plus. Ça n'y sera peut-être plus jamais. On s'est peut-être fait des illusions en croyant que ça y était.
- Hein ?
-Regarde le poisson » dit papa en pointant du doigt.
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