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Critiques de Raymond Carver (211)
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Parlez-moi d'amour

Et si on parlait d'amour, l'amour avec un grand A. Tellement d' autrices et d'auteurs l'ont magnifiquement écrit Shakespeare les sœurs Brontë et il y a Raymond Carver qui arrive avec ses gros souliers " Parlez moi d'amour".

Dans ce recueil de nouvelles l'amour est plutôt en fin de vie, une chronique d'une mort annoncée. L'amour c'est comme une ligne imaginaire chacun a son coté et quand une des deux personnes franchit cette ligne c'est la collision assurée. Cette fameuse ligne à ne pas franchir ça peut être l'adultère comme dans la nouvelle " rencontre entre deux avions " un père se confiant à son fils ( ma préférée) ou de " gloriette".

Une chose est sure l'alcool et l'amour ne font pas bon ménage, difficile de ne pas voir les problèmes de Carver avec l'alcool.

Dans ce recueil heureusement tout n'est pas noir " Au temps des oies sauvages" ou l'histoire de ce jeune couple qui se construit.

voila mon ressenti avec cette première rencontre avec Raymond Carver, son écriture percutante et concise pour un résultat brillant
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Qu'est-ce que vous voulez voir ?

Minimaliste et intimiste, Raymond Carver sait, au travers de ce recueil de cinq nouvelles, nous faire pénétrer dans l'univers des classes moyennes et d'âge moyen dans les États-Unis des années 1980 (éventuellement, fin 1970).



Rien de spectaculaire, pas de chichi, pas d'enquête surprenante, pas de scénario alambiqué : seulement de petites tranches de vie de gens qui ont vécu ; des personnages qui ont un passé, une épaisseur, qui ont tissé des liens et parfois les ont rompu, qui ont connu des joies, des peines, qui ne sont ni bons ni méchants mais qui souvent se remettent en question, souhaitent changer de vie, se débattent avec l'alcool ou ont usé leur relation conjugale.



(On suppose, à lire ces lignes qui sentent tellement le vrai, que derrière la fiction, l'auteur y a injecté une bonne dose d'autobiographie tellement ses personnages lui ressemblent, à des degrés divers, ou bien sont des copies quasi conformes de celles et ceux qui ont partagé sa vie.)



Ce sont cinq nouvelles fortement empreintes de nostalgie et teintées d'un sentiment de vouloir tourner la page sans le vouloir vraiment, parce que c'est encore trop frais, parce que ça fait encore trop mal, parce que c'est tout de même une manière de déchirement qui s'opère, sous des airs d'être enveloppé dans du velours.



Ce sont cinq nouvelles très cohérentes entre elles, où l'on peut facilement et sans délai d'adaptation glisser de l'une à l'autre grâce à un choix éditorial judicieux. (Je ne sais pas si tel est le cas dans l'édition américaine mais ici, pour la traduction française, les nouvelles ont été agencées de façon à ce qu'un ou plusieurs élément(s) de la nouvelle suivante rappelle(nt) la précédente et ainsi de suite jusqu'à la dernière qui pourrait à son tour amorcer la toute première, rendant ainsi le recueil parfaitement circulaire.)



Presque à chaque fois, on retrouve, sur la côte ouest des USA, un couple de quadra/quinquagénaires qui bat plus ou moins de l'aile ou bien alors un seul des membres du couple, le tout essayant de se rabibocher du mieux possible avec une évidente bonne volonté mais sans beaucoup de résultats.



Car la bonne volonté ne suffit pas toujours, surtout si l'alcool s'est invité dans le couple et y a laissé des traces, si l'usure du temps de la vie commune a consumé une grande partie du feu qui crépitait entre les cœurs, faisant s'envoler les espoirs d'avenir qui allaient avec.



Raymond Carver s'attache à nous faire goûter des ambiances et des sentiments avec une volonté claire de ne surtout pas dépeindre au-delà de l'événement, du point d'orgue qui structure chaque nouvelle. On a l'impression de l'entendre nous dire : « Je vous fais un petit polaroïd et je m'en vais. Vous en ferez ce que vous voudrez. »



Il aime à nous souligner le contraste qui existe entre le couple ou l'individu focal, d'une part, et un couple " bien portant " (ou supposé tel) d'autre part, en ayant soin, au préalable, de nous rappeler combien un couple (quel qu'il soit) peut paraître enviable et bien assorti — vu de l'extérieur — et combien précaire est l'équilibre de l'édifice, vu du dedans.



En tout les cas, l'auteur, en vieux routier de la nouvelle, possède un art consommé de cette technique d'écriture, une maîtrise stylistique absolue, qui donne l'illusion que cette écriture est simple et naturelle ; c'est dire le talent de l'illusionniste ! Bref, un bon moment à passer, pas exceptionnel selon mes critères d'appréciation propres, mais à n'en pas douter un recueil très convenable et recommandable. D'ailleurs qu'est-ce que vous voulez savoir ? Ce n'est que mon avis après tout, c'est-à-dire bien peu de chose.
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Les Vitamines du bonheur

Les écrivains tels Raymond Carver sont infiniment précieux: Ce sont eux qui captent ces vies de peu, de riens et qui les rendent magnétiques, captivantes.

Les auteurs comme Raymond Carver font partie de cette grande tradition des écrivains-voyageurs d'une Amérique aux vastes horizons. Ce sont ceux-là qui, issus de milieux modestes, se sont formés seuls à l'écriture... Et, qui d'autres qu'eux pouraient mieux nous conter ces faits insignifiants en apparence, monotones et gris, si peu bercés d'une musique autre, si chichement baignés d'une lumière différente que celles de l'auteur.

Ma rencontre avec la prose de Carver remonte aux années 80. C'est ma belle-soeur qui m'avait filé ces Vitamines du bonheur. Boîte de douze nouvelles de belle écriture.

... Maintenant, il est grand temps que je me remette au traitement Carver. Celui que je recommande à tous.
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Neuf Histoires et un Poème

L'existence de ce recueil est très intimement liée à la sortie du film Short Cuts de Robert Altman en 1993 qui puise sa matière de ces neuf nouvelles et de ce poème. Les nouvelles qui constituent ce recueil proviennent à l'origine de recueils différents et ayant des dates de publication différentes s'échelonnant sur plus de quinze ans de la production de Raymond Carver.



Il est important de noter que le choix de réalisation qu'a fait Robert Altman, à savoir, entrecroiser toutes les histoires simultanément, dénature profondément l'écriture de Carver, qui, lui, nous propose des histoires indépendantes et très linéaires, prises une à une. Ceci pourrait avoir tendance à faire croire que l'écriture de Carver se rapprocherait de celle d'un Dos Passos, dans Manhattan Transfer, par exemple, qui mélange les destins de nombreux personnages non connectés, or il n'en est rien. Ce procédé n'est pas inintéressant et se prêtait particulièrement bien au propos du réalisateur, de vouloir brosser un tableau de l'Amérique moyenne contemporaine, mais ne correspond pas vraiment aux caractéristiques propres de l'écriture de l'auteur qui nous occupe aujourd'hui.



Ce sont donc dix histoires, déconnectées, mais ayant toutes un rapport avec l'Américain moyen, monsieur tout-le-monde, avec ses petits travers, avec ses coups de malchance, avec l'air du temps.



1) De L'Autre Côté Du Palier nous évoque le comportement légèrement envieux d'un couple d'amis qui gardent l'appartement de leurs voisins et se permettent quelques libertés en leur absence.



2) Ils T'Ont Pas Épousée est sans doute l'une des plus pathétiques — au sens pitoyable —, mais ne faisant écho qu'au pathétique — au sens minable — de certaines personnes, en l'occurrence un homme qui écoute les commentaires de certains pauvres types à propos du physique de sa femme et qui, ce faisant, lui impose des changements d'hygiène de vie drastiques.



3) Les Vitamines Du Bonheur abordent plusieurs thèmes, dont celui de la réussite professionnelle des femmes, dont celui de l'empiètement de la vie professionnelle sur la vie privée (plus d'actualité que jamais !) ou encore, celui, assez omniprésent chez Carver, de l'adultère.



4) Tais-Toi, Je T'En Prie, Tais-Toi ! est une Xème mouture de l'adultère et de ses conséquences selon Carver. Ici, l'évocation d'un simple souvenir, battement d'aile de papillon au Cap et qui provoque une tornade à Los Angeles…



5) Tant D'Eau Si Près De La Maison est une nouvelle assez inclassable, qui nous présente le prosaïsme et le manque d'empathie d'un groupe de copains partis à la pêche auprès d'une rivière sauvage et qui, découvrant un cadavre, terminent bien tranquillement leur partie de pêche avant de prévenir les autorités,puisque, de toute façon, il n'y a plus rien à faire pour elle…



6) C'Est Pas Grand-Chose, Mais Ça Fait Du Bien est, selon moi, la nouvelle la plus aboutie et la plus intéressante du recueil, en tout cas, c'est ma préférée. Elle nous conte un fait divers, une maman qui commande un gâteau d'anniversaire chez le pâtissier pour son fils et fils en question qui se fait faucher par une voiture le jour de l'anniversaire en question. L'angoisse des parents et la scène d'hôpital est magistralement rendue, de même que la scène finale que je vous laisse découvrir.



7) Jerry Et Molly Et Sam est encore une nouvelle bien sentie où le cadeau empoisonné d'une chienne bâtarde aux enfants devient le révélateur d'une vie loupée pour le père de famille. Très finement observé…



8) L'Aspiration, autre nouvelle un peu atypique du recueil, qui surfe sur la futilité de notre statut d'individu consommateur, pas si éloignée d'après moi de la pièce de Miller, Mort D'Un Commis Voyageur.



9) Dites Aux Femmes Qu'On Va Faire Un Tour (et je vous laisse deviner ce qui peut bien passer par la tête de deux copains de longue date, légèrement encroûtés dans leur vie de jeunes papas, lorsqu'ils ont quartier libre pour la journée…)



et enfin 10) Citronnade, un poème vaguement poétique, qui montre le regret d'un père qui demanda à son fils d'aller faire quelque chose et qui n'en revint jamais. Et si je ne lui avais pas demandé, et si…, et si…, et si… Bref, l'éternelle chaîne de causalité et l'éternelle vacuité de la vie.



En somme, un recueil solide, quelque peu inégal, je trouve, mais qui a le mérite de présenter un certain panorama de l'Amérique, ce qui a son intérêt et Robert Altman ne s'y est pas trompé. Peut-être pas un indispensable, mais un bon moment à passer par un orfèvre ès nouvelles. Mais ce n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Parlez-moi d'amour

Après de trop longues années d'abstinence, je reprend des nouvelles de Raymond Carver!

Je rencontre de nouveau ces personnages de l'Amérique ordinaire, en proie à leurs rêves, leurs démons et leurs émerveillements... Toutes ces miettes, ces tranches de vie minutieusement racontées au lecteur attentif.

Parfois, le récit de Raymond Carver se finit abruptement, comme une flamme soufflée par un coup de vent: Au visiteur d'imaginer une suite, avant de passer à la short story suivante! Raymond Carver va au rythme de la vie, avec ses tempos changeant aux cris d'un nouveau-né, d'un vieux fou ou d'une femme en colère... Parfois, il semble ne pas "se passer grand-chose", et pourtant tout est là: les gestes, les paroles et les regards.

Écrivain de fortune, au sens si noble du terme, Raymond Carver ne s'attarde pas: Raison de plus pour le lire attentivement, avec respect et recueillement... Comme on ne presse pas le pas pour profiter pleinement d'une coute promenade...

Merci, Monsieur Carver, pour ces retrouvailles pleinement réussies avec votre oeuvre.
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Tais-toi, je t'en prie

C’est la fin de l’année, ou le début de la nouvelle, je ne sais plus… Et si je sortais une bonne bouteille de whisky. Et si je sortais un bon bouquin américain. Et si je sortais justement un recueil de nouvelles de Raymond Carver. Carver, Ça fait longtemps que je n’ai pas lu Raymond. Je sens que c’est ce qu’il me faut pour accompagner mon Smoke Stack, je souffle sur la poussière qui s’envole des pages de mon bouquin, retombe au pied de mon verre au goût fumé. Voilà je suis en Amérique, une Amérique d’un autre temps certes, mais les « charmes » de la vie américaine à la sauce Carver opère toujours avec moi.



« Tais-toi, je t’en prie », supplie-je. Le silence s’impose pour écouter les battements de cœurs qui cognent dans ces maisons pavillonnaires. Lorsque les volets se ferment. Ou lorsque la porte s’ouvre pour récupérer une bouteille de lait. Dis, c’est quoi cette bouteille de lait. Ecoute petit, oublie le lait, viens lire avec moi ces histoires, de couples, d’enfants ou de chiens. Il y en a pour tous les goûts, et même si tu n’aimes pas le fumé de mon whisky. Comme il y en a pour toutes les vies, du moment qu’elles soient ordinaires. Et si je mettais un 33 tours de Tom Waits ?



Avec Raymond, il ne se passe rien d’extraordinaire, simplement des tranches de vies, simples, basiques, communes. Il y est question, d’amour, un peu, de couples, souvent et de solitude, beaucoup. Rentrer avec un roman de Carver n’est jamais gage d’une grande éclat’, d’un moment festif, et pourtant le plaisir y est toujours, je parle en mon nom propre. Les hommes boivent et se retrouvent seuls. Les femmes boivent aussi et se sentent seules. On discute couple et amertume autour d’un verre, d’une bière. On imagine rupture autour d’une bière, dans un bar, sans strip-teaseuse (pas d’éclat’, on est toujours dans du Carver). On se sent triste dans ce bar, dans sa cuisine, la porte du frigo qui se referme sur les canettes de bières… Et souvent il y pleut sur les vitres comme sur les visages.



Il ne se passe rien... et pourtant je l'adore... cet écrivain qui peut écrire trois pages simplement sur un pauvre type qui pisse dans un urinoir...
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Parlez-moi d'amour

Ce n’est pas une anthologie de nouvelles, mais un recueil (17 nouvelles) plus cohérent, dont le titre résume parfaitement le thème général des nouvelles qui parlent pour la plupart d’amour.

Le style me plaît beaucoup. Il faut dire que Carver excelle dans la transcription du quotidien, en particulier pour les dialogues.

J’en garde un très bon souvenir.
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Les Vitamines du bonheur

Je connaissais Raymond Carver depuis plusieurs années, mais je n'avais encore rien lu de lui. Ma première rencontre avec cet écrivain américain, je la dois à Philippe Djian, qui en parle souvent dans ses livres. Plus tard, j'ai découvert que l'acteur Jean-Pierre Marielle adorait particulièrement ce romancier et nouvelliste. Et plus récemment quelques échanges avec des amis de Babelio, notamment Anne et Idil, m'ont franchement convaincu d'y aller et d'aborder son oeuvre par ce récit de nouvelles, un de ses plus connus, Les Vitamines du bonheur. Voilà un peu posé comme cela une manière d'aller à la rencontre de cet écrivain.

Les Vitamines du bonheur, c'est un recueil de douze nouvelles, qui nous plonge dans l'Amérique profonde de la fin des années soixante-dix.

En effet, ces douze nouvelles nous racontent des tranches de vies ordinaires. C'est une facette de l'Amérique qui nous est révélée ici. Raymond Carver nous brosse une société américaine à travers des portraits de femmes et d'hommes, des familles, mais aussi des personnages solitaires, perdus dans une histoire, des existences souvent désoeuvrées, chaotiques, parfois ruinées, abimées par l'alcool, le chômage, la solitude, l'absence de sens, parfois tout cela en même temps...

Parfois une petite étincelle de bonheur transperce le paysage gris de ces nouvelles. Il faut s'en saisir très vite car elle est éphémère, fuyante.

Aux premières pages, on se surprend à s'étonner de l'absence d'étonnement. L'existence plate et a priori sans perspective des personnages peut en effet dérouter le lecteur et lui donner envie d'aller tout d'abord voir d'autres horizons. Pourtant, ce serait dommage de s'éloigner d'une telle peinture.

La solitude, l'absence de rêve, la tristesse, la résignation irriguent ces douze histoires. On sent peser sur chaque tableau le poids des jours médiocres, l'inutile attente d'un lendemain qui serait meilleur.

On n'y trouve en effet rien de romanesque ici, rien de transcendant au premier abord. Mais ces histoires nous dévoilent des fragments d'humanité, des mots qui se taisent brusquement parmi des gestes hésitants et cabossés.

Des couples qui se déchirent ou se séparent, la perte d'un enfant, un homme divorcé prenant le train pour rendre visite à son fils en France, un groupe d'alcooliques dans un centre de désintoxication, un réfrigérateur qui tombe en panne, une femme dans une salle d'attente avec un révolver dans son sac, une soirée partagée avec un aveugle...

Il y a toujours ici une occasion inouïe de découvrir ce qu'il y a derrière les pages, dans l'ombre de ceux qui s'y promènent, s'égarent.

Derrière la phrase d'apparence anodine de Raymond Carver, il y a tantôt de la dérision, tantôt de l'émotion, mais aussi une souffrance ténue.

L'écriture de Raymond Carver n'est-elle pas une forme d'empathie et de compassion pour des personnages dont certains sans doute lui ressemblaient étrangement ?

Alors je me suis demandé pourquoi l'écrivain laissait ses personnages au bord du gué, au bord du vide imminent, au bord de la page où tout pouvait encore se jouer. Et si, face à l'incapacité de vivre de ses personnages multiples et éparpillés, naufragés à la dérive, nous étions là, lecteurs, pour leur tendre la main, pour les guetter jusqu'au bout de leur histoire... L'auteur nous laisse alors peut-être le soin de leur offrir une dernière chance, une vie nouvelle, un destin éventuel, une manière d'exister peut-être enfin ou autrement, suspendus à notre imaginaire...
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Parlez-moi d'amour

Les histoires de Raymond Carver commencent souvent de cette manière : une table, une bouteille, un couple. Et des discussions, des réflexions devrais-je dire, sur l’amour, sur le couple, sur les relations humaines de cette Amérique. Je ne recherche pas l’action dans ses nouvelles – bien au contraire – puisqu’il ne s’y passe strictement rien dans cette Amérique profonde et moderne. Alors pourquoi les lire ?



Un homme, une femme et au milieu une bouteille. Un couple s’étiole petit à petit comme un cerisier en fleurs subissant les soubresauts d’une fine et légère brise maritime. Un couple se déglingue avec comme excuse ces bouteilles vides qui s’affichent ostensiblement sur la peau de bête du salon ou sur le comptoir d’une cuisine en formica.



Les histoires de Raymond Carver parlent de l’homme, cet être méprisable et américain qui s’ennuie dans sa banlieue amorphe. Une vie monotone, sans surprise, au volant d’une Ford break beige, le goût du bourbon dans la bouche, et une mignonne qui passe en vélo sur une route serpentée. C’est tellement tentant, l’espace d’une heure, d’oublier toutes les règles que l’on s’est fixé et de redevenir l’homme, le chasseur, le Cro-Magnon, la bête qui sommeille en nous. Après tout, la raison d’une règle est bien de la transgresser.



Je le disais précédemment ; dans les histoires de Raymond Carver, il ne s’y passe pratiquement rien. Juste quelques faits d’une banalité extrême. Mais ma vie n’est-elle pas composée de cette même banalité ? Alors, oui, je me reconnais dans ces couples de Raymond Carver, oui je m’y identifie. Ils sont en quête de quelque chose d’indéfinissable, une sorte d’amour suprême pour rompre leur monotonie, divertir leur ennui. Ils sont à la poursuite d’un bonheur qui cesserait de filer juste devant eux.



Raymond Carver a su m’attendrir. Il ne m’en faut certes pas beaucoup, une bouteille et je suis déjà sous le charme. Le charme d’une écriture fine et posée, sans fioriture ni excès. Elle décrit des sentiments humains, ni beaux ni laids, ni bons ni mauvais, juste des sentiments, sans jugement sans complaisance, juste des sentiments.



[...]
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Tais-toi, je t'en prie

Raymond Carver (1938-1988), c’est le peintre de l’ordinaire, le peintre de la vérité crue, de la réalité toute nue, celle des pavillons achetés à crédit, celle des vérandas et des petits jardinets, celle des cafétérias et des restoroutes. C’est le nouvelliste de la vie sans tambour ni trompette, sans éclat ni retentissement ; de la vie tout court, de la vie toute simple, qui s’égrène avec son lot de difficultés et d’obstacles, de tracas et de peines, de malaises et de mal-être.

Il est mort d’un cancer il y a près de 25 ans mais ses nouvelles n’ont pas pris une ride tant les personnages qu’elles mettent en scène nous semblent proches, piégés par les problèmes très actuels de la vie quotidienne : les relations de couple, l’alcoolisme, le surendettement, le chômage, les passages à vide, les remises en question….

Des personnages qui nous sont familiers car ils n’ont rien d’exceptionnels. Ils sont serveurs, facteurs, ouvriers, représentants, chômeurs, maris et femmes, maîtresses ou amants…Ce sont tous des êtres ordinaires, issus de la middle-class américaine, insignifiants, modestes, des gens comme tout un chacun, ni meilleurs, ni pires comme le commun des mortels.



Dans les histoires que raconte Raymond Carver, il y a toujours des vélos d’enfants posés négligemment contre un mur, de l’alcool et des cendriers pleins, des gens qui picolent et qui fument en se demandant quand ils ont bien pu louper le coche et faire de leur vie ce temps qui s’effiloche.

Des histoires qui sentent le vécu. Qui se font l’écho de millions d’individus engluées comme des mouches dans la mélasse de leur existence étriquée et que l’auteur observe avec l’attention d’un naturaliste et la proximité de celui qui a vécu les mêmes doutes, les mêmes tourments, les mêmes petites tragédies qui vous broient un type en moins de deux.



Pas d’aigreur pourtant chez ces américains moyens, nul ressentiment, pas même la force de changer les choses, pour eux, c’est déjà trop tard. Pourtant, à un moment donné, au détour de scènes apparemment anodines et banales, ils vont toucher du doigt l’insignifiance de leur vie. C’est de ce malaise-là que l’auteur rend compte et saisit avec l’œil net, précis et lucide du photographe, cet instant où un individu fait le constat accablant, déprimant, d’avoir raté sa vie.

En cela, l’absence de chute des histoires mises en scène, la façon abrupte de clore sans clore qui peut dans un premier temps décontenancer, n’est en définitive qu’une conséquence de cette faillite intime.

Les 22 nouvelles qui composent le recueil de « Tais-toi, je t’en prie » ne débouchent ainsi sur aucune morale, ne sont porteuses d’aucun enseignement. Elles servent juste à montrer la vie dans sa réalité brute, sans fioriture ni falbala, au détour d’une partie de pêche dans des eaux polluées, d’une infidélité avouée ou de l’attente de créanciers.



Lire Raymond Carver c’est un peu comme sillonner l’Amérique dans un vieux Pick-up Ford et se faire le témoin de la vie au rabais de toute cette frange de la population en proie aux misères d’un quotidien fait de soucis financiers et de traites à payer, de lassitude et de désillusions, de rêves avortés et de déconvenues. C’est comme regarder vivre les gens à travers les carreaux, en spectateur muet et invisible de leur déconfiture. Des portraits saisissants de réalisme, happés au plus près du réel par une plume brillante, juste et concise, d’une efficacité redoutable.

Résignation et déception ; soumission et continuité…Chez Carver, la seule route à suivre, c’est celle qui mène au bout de la vie, quand bien même elle n’a pas été telle qu’on l’avait souhaitée.

Rien de bien grave au demeurant ; juste deux doigts d’American Dream noyé dans du spiritueux.

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Tais-toi, je t'en prie

Voilà une lecture qui se mérite … Non à cause d’un vocabulaire recherché, que du contraire, ni d’un style trop travaillé ou d’une syntaxe alambiquée. On est ici dans l’extrême simplicité. L’épreuve réside dans la confrontation avec la banalité, l’insignifiance, la futilité de la vie humaine. Pages après pages, nous sommes ramenés à notre propre histoire, si petitement banale.



Ces nouvelles ont été écrites au siècle dernier, bien avant l’exacerbation du narcissisme et de l’égocentrisme encouragée par les réseaux sociaux, bien avant cette orgie de photos dégoulinantes de bonheur, de rencontres fabuleuses, mais éphémères, et d’aventures trépidantes de globe-trotters pantouflards. Pas sûre qu’il y ait d’ailleurs encore de la place pour ce genre de littérature dans le monde actuel.



Raymond Carver décrit de façon très lucide et sans effet romanesque (ce qui peut être très déstabilisant) la vie ordinaire de ses compatriotes, dans une sorte de photomaton géant et littéraire. Dans ses nouvelles, il jette une lumière crue sur nos petites vies, notre solitude, nos petits travers, et parfois notre part sombre. Les personnages sont jaloux, fainéants, médiocres, froussards, ennuyeux, lâches … C’est une galerie d’anti-héros.



Mais quand Raymond se met à nous parler d’amour, par exemple dans la très belle nouvelle qui donne le titre à ce livre, alors là c’est tout simplement magnifique. On peut regretter qu’il n’ait pas plus écrit sur ce thème, mais peut-être que ♫ l’amour est rare, et le bonheur aussi ♫ (comme chantait l’autre) … Je ne sais.



Le tout est révélé sans complaisance mais sans aucun jugement, un peu à la façon des reportages de l’émission belge Strip-Tease, pour ceux qui connaissent. C’est écrit sans fard, dans un souci extrême d’honnêteté, de justesse, mais c’est aussi empli d’empathie et d’humanité.



Si vous ne connaissez pas Raymond Carver, je pense que la lecture de « les feux », où l’auteur éclaire sa démarche, est indispensable et permet d’aborder son œuvre mieux armé.

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Les Vitamines du bonheur

J’ai déjà eu l’occasion de raconter ici ma découverte tardive du genre de la nouvelle, pratique devenu addictive depuis. Au point d’avoir toujours en parallèle de mes autres livres, un recueil en cours, généralement américain, distillant ces short-stories au rythme d’une chaque jour.



Autant attiré par la belle couverture de Maya Palma que par l’envie de combler une lacune classique, je me suis jeté dans Les Vitamines du bonheur de Raymond Carver – traduit par Simone Hilling – réédité récemment dans l’opportune Bibliothèque de l’Olivier.



Douze nouvelles. Douze histoires où il ne se passe rien. Enfin pas grand-chose. Mais où il se dit tant. Juste des petits fragments d’existence, insignifiants pour ceux qui n’y sont pas inclus, mais tellement impactants pour leurs protagonistes. Douze histoires banales d’individus de la middle-class américaine, dont l’apparente banalité masque souvent les dilemmes qui les rongent.



Les héros de Carver ont en commun leurs fragilités : sociales, financières, familiales ou amoureuses. Qui se cumulent bien souvent et dont ils rêvent de sortir un jour. L’alcool, les vitamines, une rupture, une rencontre ou un voyage peuvent sembler le début du rebond. Généralement illusoire.



Il y a chez Carver une ambiguïté formidable qui me fascine à chaque lecture : sa capacité à traiter de sujets humainement complexes, durs et souvent dramatiques, avec une distance assumée qu’aucun adjectif ou artifice de style ne vient amplifier. Comme s’il tenait à laisser le lecteur faire sa part de chemin vers l’empathie ou le jugement, la compassion ou l’émotion.



Chacun réagira ainsi différemment selon son degré de distance ou de proximité avec la galerie de personnages présentés. Mention spéciale pour ma part à l’improbable trio décrit dans Le Train, personnages passant de rencontres tragiques nécessitant un minimum de compassion à l’anonymat subit et à l’indifférence.



Mais aussi cette maison de Chef, ou quand le toit du bonheur simple enfin trouvé, d’un seul coup vous échappe sans rien n’y pouvoir ; Conservation et les affres du chômage, qui voit la mort d’un frigo faire à nouveau espérer le retour à une vie normale ; le sublime Le compartiment décrivant le rendez-vous manqué d’un père avec son fils et son passé ; et enfin La Bride et sa morale qui rappelle qu’une simple pression sur le mors te permet de redevenir maître de ta vie, capable en un instant de bifurquer dans un sens ou dans un autre.



Condensé de fulgurances heureuses et dramatiques à la fois, les nouvelles de Carver sont certes un brin fatalistes, mais tellement universelles qu’elles traversent parfaitement le temps et les époques.
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Les Vitamines du bonheur

Véritable anti feel-good book, «Les vitamines du bonheur» est une mine de pépites brutes, denses, et plombantes.



Instantanés banals, ces nouvelles au fort pouvoir d'évocation relatent, sans jugement ni affectation, le fatalisme, le découragement et le renoncement de personnes en situation d'échec dans la société américaine.



D'une plume simple et détachée, mais jamais cynique, Raymond Carver présente des fragments de l'existence d'individus modestes, en proie à des difficultés en rapport avec l'alcoolisme, les relations de couple, le chômage, la mort...



Souvent embourbés dans leur médiocrité, ses personnages sont résignés à subir une vie grise et morne qui ne leur apportera que de rares et éphémères moments de bonheur.



Pas d'action, pas de nobles sentiments, pas de «philosophie de la vie» ! Juste du vécu.



En quelques pages, sans grands mots ni belles phrases, l'auteur capte les gestes et les paroles du quotidien.

Et grâce à la justesse de ses descriptions et des dialogues, il rend tangible le vide des vies étriquées de ces anonymes fragiles et désillusionnés.



Percutant et profondément triste !
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Neuf Histoires et un Poème

Un café, une bière, un whisky, une photographie de Wim Wenders sur la couverture m’accompagnent. Le ciel est bleu, le soleil se couche dans ce lointain horizon, quelques flaques d’eau renvoient ses derniers rayons. Une station-service qui semble déserte, à croire que le monde est en confinement. Un dinner qui sent la tarte à la cerise sortie du four. Des histoires pour une dernière bière. C’est toujours un plaisir de retrouver la plume simple, d’un autre temps, celle d’un Raymond Carver. En neuf histoires et un poème. Il décortique la vie, le couple, les histoires derrière une fenêtre ou une porte, celles qu’on se racontent autour d’un verre ou de deux, celles qu’on s’imagine lorsqu’on est allongé sur le dos et que sa femme appose ses lèvres sur ton sexe vieillissant. Dans ces histoires, j’y retrouve mon compte, un pauvre type qui se trouve vieillissant, un couple se confrontant à l’hospitalisation de son fils, une serveuse esseulée, un type qui veut boire une bière, un autre type qui veut boire une autre bière, un troisième type qui veut boire une énième bière. Tiens, j’ai envie de boire une bière également.



Rien de plus banales que les histoires de Carver. Pourtant, elles intéressent. Moi en particulier. Parce que je suis ce pauvre type dans cette nouvelle, le même dans l’autre nouvelle, celui qui boit une bière, seul dans son coin en rêvant de la serveuse, ou d’un sourire oublié. Je suis ce vieux qui se remémore ses histoires, la banalité de sa vie, l’échec de ses instants, des instants qu’une femme aimée oublie en quelques secondes. Je suis ce gars qui monte dans un pick-up, qui prend la route et qui ne sait pas jusqu’où rouler, jusqu’à ce que la route tourne vers un chemin caillouteux sans fin, ou jusqu’à ce qu’il tombe sur un bar encore ouvert, des néons clignotent, une lune bleue diffuse, un parfum de sueur, une odeur de patchouli. C’est pas la fin du monde, c’est juste la tristesse d’un monde.



Dans ce monde de poussière, un dernier verre, une dernière musique, une dernière histoire, la dixième celle de ma vie que Raymond Carver n’a pas eu le temps de composer. Je n’ai plus de citronnade, tu peux aller me chercher un pack de bières…
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Poesie

Carver un nom qui claque comme une gifle ,ou deux ou trois ou dix…sur nos artifices ,nos minauderies !

Qui est ce Raymond ?

Un prénom qui ne me fait pas rêver !

Et pourtant je suis fascinée par ses poèmes



Il écrit sur le quodition et en fait surgir l'essentiel.

Comment arrive t il a épurer ses poemes et ne garder que ce qui est vital pour lui ?



Récuperer le sens de cette vie embuée,engluée dans un quotidien qu'on fuit.

Pas de questionnements existentiels , de pleurnicheries melancoliques et plaintives sans fin …juste une sobriété dans la descrition de cette vie banal poussée à l'extrême.

Pas un mot de trop.

Juste ce qu'il faut pour affirmer sa vérité.

C'est triste mais émouvant.

C'est banal mais surprenant.



Que de paradoxes !

Une logique implacable qui chemine ,sillonne.

Un orfèvre qui affine l'orlogerie de ses mots avec un telle precisions qu'il en devient un magicien.

Il laisse le lecteur compléter les interstices de silence qu'il y a laissé.

Ces silences de ce qu'il ne dit pas.

Ce mystère qui s'impose mais qui ne titille pas notre curiosité.

Un état de fait qui s'affirme sans complaisance ni concession.

Comme un esquisse.



Comment transposer cette esthétique dans sa propre écriture ?

Comment laisser la place à ces surgissements qui ne sont pas là pour plaire mais juste pour être ?



Pas très rigolot ce Raymond …

Va falloir que je me fasse un bon livre amusant et joyeux pour me détendre.

Ma vérité immédiate et irrépressible : c'est un besoin urgent de rire ^^



A force de me concentrer , j'ai l'impression de ne plus avoir respiré pendant toute l'écriture de ce billet ^^



J'étais en apnée …

Ca y est ; je respire à nouveau ^^



Esperons que Carver aura au moins reussi à me faire aimer ce quotidien qui peut parfois contenir des eclats de bonheur qu'il suffit juste de ramasser au fur et à mesure.

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Tais-toi, je t'en prie

Plus je lis Carver et plus je l'apprécie. Pourtant, à première vue, rien de bien complexe chez cet auteur là. Nul besoin de relectures. Toutes ses nouvelles se ressemblent, alors pourquoi s'échiner à lire la prose banale et un rien déprimante de ce grand gaillard au regard triste?

Comme souvent, la facilité de lecture, la simplicité du style et du propos cache un travail conséquent. Chaque phrase est léchée, sculptée, ciselée. Rien n'y manque et rien ne saurait y manquer. Carver est un équilibriste du verbe, un perfectionniste. Il aborde la nouvelle à la manière d'un poète, en cela réside sa particularité. Ce style épuré a d'ailleurs fait sa réputation. Paradoxalement, on connait plus le nouvelliste que le poète.

Mais au delà du caractère éthéré et contemplatif de son écriture, Carver a surtout l'art de susciter l'émotion. Il manie comme personne le non-dit, l'ellipse, la suggestion. Car ce qui est important dans ses histoires, c'est ce qui n'est pas dit explicitement. Sous couvert de situations banales, on touche aux fêlures, à la douleur quotidienne. Pas de chutes sensationnelles, pas de morales bienveillantes ; juste ces clichés, ces portraits-robots d'êtres au bord du désespoir. Une incursion dans l'envers du décor. Carver, c'est la face cachée de l'american way of life, des hommes et des femmes qui vivent à crédit, cumulent les jobs, se débattent dans leur mariage, survivent tant bien que mal dans le marasme du consumérisme.

Comment faire passer autant avec si peu? C'est la question que je me pose à chaque lecture. Et chaque nouvelle lecture apporte son lot de nouvelles interrogations.

Voilà pourquoi il faut lire et relire Carver, cet homme qui ne jurait que par un minimalisme forcené. Ce grand gaillard au regard triste qui avait su, en toute humilité, s'effacer derrière l'émotion pour mieux la sublimer.

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La vitesse foudroyante du passé

De parcourir à nouveau les pages de ce recueil pour trouver l'inspiration, je me sens pas loin d'être bouleversée. Il n'y a pas de violence dans cette émotion, c'est plutôt que chaque poème lu l'un après l'autre distille lentement une mélancolie proche du mal de vivre.

Raymond Carver est connu pour son écriture minimaliste; simplicité apparente des phrases, courtes, retours à la ligne fréquents, situations banales, extraits de la vie d'un homme qui comme d'autres aime la pêche, boit un peu trop, a des soucis d'argent et familiaux, aime, et passe beaucoup de temps à regarder par la fenêtre la nature qui l'entoure.

La magie s'opère doucement, insidieusement, un petit rien rappelle la fragilité de la vie, le temps qui passe et qu'on ne peut saisir.

Carver le saisit pourtant, ce temps fugace, en le posant sur papier, mot après mot, poème après poème.

Instantanés de vie, sensations diffuses, frémissements à peine visibles et des émotions à peine contenues qui marquent le temps.

Et puis, quel beau titre: La Vitesse foudroyante du passé...!
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Neuf Histoires et un Poème

** Replay **

La citronnade: replay en poésie, frais & acide

oh j'aimerais tellement tellement refaire le chemin à l'envers,

et si et si

trouver consolation en le continuant à l'endroit, j'y arrive pas

ou en lui en inventant une autre fin.

"Ce serait une trop grande douceur.

Alors je me rappelle à l'infini

ce moment où

la vie était douce,

ce moment où

il m'avait été donné une autre vie"

- mon fils -



Concentré d'émotions

en quelques mots sur la perte d'un être, sur ce sentiment de culpabilité,

sur ces interrogations à l'infini, sur cette envie de ne plus être,

(à lire en français comme une nouvelle)

Condensé d'émotions



Dans ce menu gastronomique découverte, 9 plats et 1 dessert

la grande force de Carver:

liberté, libre-arbitre accordé à chaque lecteur

de se projeter sur son propre écran intérieur, en intimité

Il résonne comme un Hopper, superbe --- la couverture,

dans cette solitude de glace (s), chacun seul, en face à face.



Jean-Pierre Coffe, ressuscite, made US,

- confiné, il débarque, inspecte notre frigidaire

et nous concocte ( ! surprise !)

un repas nouvelle cuisine

en 9 assiettes individuelles

ou tupperwares, à mettre au congélateur.

( + dessert )

et c'est goûteux



Pour la saveur aigre-douce de l'ensemble du menu,

"compliments" au Chef Carver,

Quel univers singulier, particulier, codifié

que celui de la nouvelle (réussie)



Merci de me l'avoir fait découvrir



** Replay **

Il aurait été plus simple de faire mention

* soit de Short Cuts, the movie --- impossible de figer Carver à l'écran, c'est un moment qui passe à imaginer, à continuer ou à prendre tel quel

Vol au dessus d'un nid de coucou ?



* soit de la définition-même de la nouvelle dont

Carver semble se moquer librement en la respectant à la lettre et à l'esprit - càd en la réinventant totalement - le plus percutant exemple dans ce recueil serait "tais-toi je t'en prie" où seule, la pensée seule (solitude) est le personnage en mouvement, le reste est accessoire



** La poésie, citronnade, moins réussie en termes de sonorités, surtout en français, est une démonstration "accessible" de l'esprit de l'auteur et une des raisons de la maison d'édition de la rajouter à ce recueil.
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Tais-toi, je t'en prie

Toutes ces nouvelles suent le désespoir, le mal-être, la solitude. Mais bon sang que l'écriture est juste. Pas un mot de trop, pas d'adjectif inutile ou superflu. Tout est dit, simplement dit, cruellement dit.



Raymond Carver nous parle des petites gens engluées dans leur quotidien, ne sachant comment sortir la tête de l'eau. Ces facteurs, chômeurs, garces, voisins, représentants, mères de famille, bûcherons, couples au bord de la crise de nerfs, tous à un tournant de leur vie, celui de la prise de conscience du vide de leur vie. Les uns enviant le sort de leurs voisins, les autres rejetant la faute de leurs déboires sur leurs chiens ou leurs locataires...

Peu importe ! Ils savent le degré zéro de leur vie mais ne cherchent pas à atteindre un autre niveau. Ils vivent parce qu'il faut vivre. Ils sont résignés. Ils n'attendent rien. D'ailleurs ces nouvelles n'ont souvent pas de chute. Pourquoi faire ? Puisque rien, jamais, ne change.

Mais tous ces personnages ont un point commun : l'alcool (quelquefois la drogue, ou les deux) et la clope leur servent très souvent de dérivatif, d'échappatoire.

Même les gamins sont déjà laminés par l'indifférence, le désamour ou la lassitude de leurs parents.



C'est de l'implacable solitude dont il s'agit ici. Raymond Carver nous brosse l'envers du décor de l'American way of life et c'est terriblement cinglant.



Un grand merci à Malabar pour ce moment de lecture dérangeant et passionnant et la découverte de cet auteur.
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Parlez-moi d'amour

Un auteur que je découvrais avec ce recueil de 17 nouvelles qui devaient traiter de l'Amour... En fait l'auteur évoque l'amour au sens large du terme, parfois même le désamour ou l'absence d'amour. Des nouvelles assez courtes dans l'ensemble. L'écriture ne dégage aucune chaleur. Le style est direct, froid. Les situations sont le plus souvent gênantes. Raymond Carver dépeint une certaine Amérique, il y a des relents un peu sordides. Un livre qui ne remonte pas vraiment le moral, et donne de l'Homme une pâle image, celle de personnes qui se battent ou survivent dans un monde le plus souvent hostile... Beaucoup de paumés et de pauvres types, qui sont passés à côté de leur vie, à côté du bonheur, à côté de l'AMOUR. Chaque nouvelle a une fin un peu abrupte, "en queue de poisson".
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