Raymond Fiabane

Ce gros polar alterne deux époques et deux lieux qui vont finir par se rejoindre : la Guinée (et la Sierra Leone) à partir de 1975 et l'est de la France au tout début des années 2000. Il fait intervenir, évidemment, quelques policiers chargés d'élucider une et même plusieurs énigmes, mais aussi un artiste magicien, un groupe de mémés aussi curieuses que déterminées, un apollon charmeur et une vénus non moins séduisante (mais peut-être s'agit-il d'une seule et même créature), un marabout transmettant peu à peu son savoir à un élève choisi, une voyante africaine qui a l'oreille du président (guinéen), un maire français bien décidé à éradiquer de sa ville les mauvaises herbes, et encore d'autres personnages noirs ou blancs de peau ou d'esprit.

Des prostituées exerçant dans une ville lorraine disparaissent et on découvre peu après, dans des lieux semble-t-il symboliques, des mises en scène macabres évoquant des rites vaudous ou des pratiques animistes africaines.

L'enquête progresse lentement, menée par les professionnels avec l'aide précieuse des représentantes du troisième âge mais ce qui fait le sel du roman, c'est le contraste entre le surnaturel – ludique de l'artiste ou grave du sorcier – et les faits bruts, voire brutaux, l'entrelacement adroit entre la peinture des événements sanglants qui ont secoué cette région d'Afrique, parmi d'autres, dans le dernier quart du XXe siècle et la restitution des ambiances régnant dans une région française frappée par une crise industrielle qui n'empêche nullement les notables de se divertir.