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Citation de Charybde2


La nuit suivante, il fit un cauchemar. Son rêve ne racontait pas quelque chose de précis, et ne se déroulait pas non plus dans un lieu très précis. Simplement, il avait dû tomber très bas et être condamné à croupir au fond de son trou pendant le restant de ses jours, conjuguant la déréliction du Christ avec l’accablement de Sisyphe. Or il était parfaitement réveillé et ne le réalisait pas. Lorsque l’infirmière de nuit fut parvenue à le lui faire admettre, il en déduisit que non seulement il était entré dans un temps infini, mais que ce temps infini devenait du même coup celui d’une souffrance éternelle. Il dut attendre qu’un massage intensif des pieds et des mains lui permette d’oublier la prison de son corps pour que les ombres funestes consentent à s’estomper. Heureusement, l’infirmière de jour était en avance ce matin-là. L’infirmière de jour était à l’infirmière de nuit ce que, par nature, le jour est à la nuit, son double inversé. Dans la chambre nue, sa présence rayonnait. Elle passait pour avoir guéri les scrofuleux, remis d’aplomb les contrefaits, fait marcher les paralytiques, arraché quelques moribonds à la mort. Elle se couchait contre eux et les massait longuement, sans crainte et sans répugnance. Deux petites rides verticales lui barraient le front, qui tantôt se fermaient comme des parenthèses, tantôt s’écartaient comme deux petites ailes.
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