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Citations de Raymond Queneau (829)


Raymond Queneau

L'inspiration

De son juchoir
la poule laisse choir
un oeuf

c'est une imprudence
un moment d'absence
mais il tombe pouf
dans la paille:
la fermière était prévoyante

combien de poèmes brisés
que ne recueille aucun recueil

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Raymond Queneau
Banlieues
L'HOMME DU TRAMOUAI


Cet homme qui marche le long du quai la nuit
le long de la Seine entre Asnières et Courbevoie
cet homme dont l'ombre à chaque instant fuit
suit son chemin droit et sa courbe voie

cet homme a mal aux pieds ‒ misère
et la fatigue ligote ses épaules
cet homme danse chacun de ses pas
longs comme des nuits d'hiver

depuis une heure le tram ne roule plus
cet homme mesure des kilomètres
à l'épaisseur de ses semelles
il marche la nuit dans cette rue

sa maîtresse l'attend fille peu respectable
elle traîne aux ruisseaux se repaît de bouchers
et son temps se mesure à sa chambre insatiable
qui loge maintenant un homme du tramouai

il doit fuir au matin les yeux fort marmiteux
et reprendre la route vers le dépôt sonore
et pendant que la belle dans le pieu dort encore
il soupire qu'il est doux de se sentir aimé
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Raymond Queneau
Il y a deux sortes d'arbres : les hêtres et les non-hêtres.
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Raymond Queneau
La cimaise et la fraction*


La cimaise ayant chaponné
Tout l'éternueur
Se tuba fort dépurative
Quand la bixacée fut verdie :
Pas un sexué pétrographique morio
De mouffette ou de verrat.
Elle alla crocher frange
Chez la fraction sa volcanique
La processionnant de lui primer
Quelque gramen pour succomber
Jusqu'à la salanque nucléaire.
« Je vous peinerai, lui discorda-t-elle,
Avant l'apanage, folâtrerie d'Annamite !
Interlocutoire et priodonte. »
La fraction n'est pas prévisible :
C'est là son moléculaire défi.
« Que ferriez-vous au tendon cher ?
Discorda-t-elle à cette énarthrose.
- Nuncupation et joyau à tout vendeur,
Je chaponnais, ne vous déploie.
-Vous chaponniez ? J'en suis fort alamante.
Eh bien ! débagoulez maintenant. »


* parodie de la cigale et la fourmi, composé dans le cadre de l’Oulipo : « OUvroir de LIttérature POtentielle »
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Raymond Queneau
UN POÈME

Bien placés bien choisis
quelques mots font une poésie
les mots il suffit qu’on les aime
pour écrire un poème
on ne sait pas toujours ce qu’on dit
lorsque naît la poésie
faut ensuite rechercher le thème
pour intituler le poème
mais d’autres fois on pleure on rit
en écrivant la poésie
ça a toujours kékchose d’extrème
un poème
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Je m' en fous, dit Zazie, moi ce que j' aurais voulu c' est aller dans le métro .
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Raymond Queneau
On a droit d'aller en haillons
Quand on a perdu dix batailles
On a droit d'aller en haillons
Quand on est chef de bataillon

On a droit d'aller en pourpoint
Quand le ciel prend la couleur mauve
On a droit d'aller en pourpoint
Quand à l'horizon le jour point

On a droit d'aller en sabots
Quand la campagne a son air vache
On a droit d'aller en sabots
Quand jubilent les escargots

On a droit d'aller en scaphandre
Quand on courtise une sirène
On a droit d'aller en scaphandre
Quand le cœur vous devient trop tendre

On a droit de porter riflard
Quand on a l'âme un peu trop grasse
On a droit de porter riflard
Quand on prend bien soin de son lard

On a droit de vêtir son suaire
Quand la terre bout que la nuit tonne
On a droit de vêtir son suaire
Quand il vous faut rentrer sous terre
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Raymond Queneau
PLÉIADE

Une plaine de quadrilatères mordus par des çiveuses
pleines de galets
suscite l'ombre de chosifications mineures
le souci de la rôtisserie et des meubles de cire vernie
s'abrite sous les vomissures
attelées aux chardons les araires démarrent lentement
la plaine s'ébaubit se dilate et verdit
tandis que posent leurs fesses sur le gazon
les membres déchirés d'un jury littéraire
la vieille maison pastiche son décor accolé contre un mur de farine
il y a eu de la tarte au déjeuner
et les armagnacs coulent paisiblement entre deux rives de manuscrits
déjà couverts de la poussière des cimetières bibliothécaires
bavarde une urne endosse maintes meurtrissures
Il y a cent mille balles à la clé
cinq boulevard Sébastien -Bottin
à l'ombre des rayons à l'ombre des études à l'ombre des archives
à l'ombre des ombres
d'un jury littéraire
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Raymond Queneau
Apprendre à voir


Les champs de blés mauves et les près rouge sang
Le tronc des arbres bleu le feuillage ocre ou brun
Les agneaux verts les chèvres jaunes et les vaches argentées
Le ruisseau de mercure et la mare de plomb
La ferme en sucre roux l’étable en chocolat
Pourquoi pas pourquoi pas pourquoi pas pourquoi pas
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Raymond Queneau
L'histoire est la science du malheur des hommes .
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Polyptotes


 Je montai dans un autobus plein de contribuables qui donnaient des sous à un contribuable qui avait sur son ventre de contribuable une petite boîte qui contribuait à permettre aux autres contribuables de continuer leur trajet de contribuables. Je remarquai dans cet autobus un contribuable au long cou de contribuable et dont la tête de contribuable supportait un chapeau mou de contribuable ceint d'une tresse comme jamais n'en porta contribuable. Soudain ledit contribuable interpelle un contribuable de voisin en lui reprochant amèrement de lui marcher exprès sur ses pieds de contribuable chaque fois que d'autres contribuables montaient ou descendaient de l'autobus pour contribuables. Puis le contribuable irrité alla s'asseoir à la place pour contribuable que venait de laisser libre un autre contribuable. Quelques heures de contribuable plus tard, je l'aperçus dans la Cour pour contribuables de Rome, en compagnie d'un contribuable qui lui donnait des conseils d'élégance de contribuable.
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Minuit. Il pleut. Les autobus passent presque vides. Sur le capot d'un AI du côté de la Bastille, un vieillard qui a la tête rentrée dans les épaules et ne porte pas de chapeau remercie une dame placée très loin de lui parce qu'elle lui caresse les mains. Puis il va se mettre debout sur les genoux d'un monsieur qui occupe toujours sa place.

("Antonymique")
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- [...] Un de perdu, dix de retrouvés. Moche comme vous êtes, vous n'aurez pas de mal à décrocher un coquin.
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Parmi les élus haletant, figurait un tuyau de clarinette à qui les malheurs des temps avaient donné forme humaine et la perversité d'un chapelier pour porter sur la timbale un instrument qui ressemblait à une guitare qui aurait tressé ses cordes pour s'en faire une ceinture.
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Ballade en proverbes du vieux temps

Il faut de tout pour faire un monde
Il faut des vieillards tremblotants
Il faut des milliards de secondes
Il faut chaque chose en son temps
En mars il y a le printemps
Il est un mois où l’on moissonne
Il est un jour au bout de l’an
L’hiver arrive après l’automne

La pierre qui roule est sans mousse
Béliers tondus gèlent au vent
Entre les pavés l’herbe pousse
Que voilà de désagréments
Chaque arbre vêt son linceul blanc
Le soleil se traîne tout jone
C’est la neige après le beau temps
L’hiver arrive après l’automne

Quand on est vieux on est plus jeune
On finit par perdre ses dents
Après avoir mangé on jeûne
Personne n’est jamais content
On regrette ses jouets d’enfant
On râle après le téléphone
On pleure comme un caïman
L’hiver arrive après l’automne

Envoi

Prince ! tout ça c’est le chiendent
C’est encor pis si tu raisonnes
La mort t’as toujours au tournant
L’hiver arrive après l’automne
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A la terrase du café, des couples pratiquaient le bouche à bouche, et la salive dégoulinait le long de leurs mentons amoureux; parmi les plus acharnés à faire la ventouse se trouvaient Lamélie et un ératépiste, Lamélie surtout, car l'ératépiste n'oubliait pas de regarder sa montre de temps à autre vu ses occupation professionnelles. Lamélie fermait les yeux et se consacrait religieusement à la languistique.
Vint la minute de séparation; l'ératépiste commença lentement les travaux de décollement et, lorsqu'il fut parvenu à ses fins, cela fit flop. Il s'essuya du revers de la main et dit :
-- Faut que je me tire.
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Gastronomique

Après une attente gratinée sous un soleil au beurre noir, je finis par monter dans un autobus pistache où grouillaient les clients comme asticots dans un fromage trop fait. Parmi ce tas de nouilles, je remarquai une grande allumette avec un cou long comme un jour sans pain et une galette sur la tête qu'entourait une sorte de fil à couper le beurre. Ce veau se mit à bouillir parce qu'une sorte de croquant (qui en fut baba) lui assaisonnait les pieds poulette. Mais il cessa rapidement de discuter le bout de gras pour se couler dans un moule devenu libre. J'étais en train de digérer dans l'autobus de retour lorsque devant le buffet de la gare Saint-Lazare, je revis mon type tarte avec un croûton qui lui donnait des conseils à la flan à propos de la façon dont il était dressé. L'autre en était chocolat.
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- Napoléon mon cul, réplique Zazie. Il m'intéresse pas du tout, cet enflé, avec son chapeau à la con.
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Nous dégustâmes ensuite le chouigne-gueume de la dispute, les châtaignes de l'irritation, les raisins de la colère et les grappes de l'amertume.

Gustatif, p.87
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LA FOURMI ET LA CIGALE

Une fourmi fait l'ascension
d'une herbe flexible
elle ne se rend pas compte
de la difficulté de son entreprise

elle s'obstine la pauvrette
dans son dessein délirant
pour elle c'est un Everest
pour elle c'est un Mont Blanc

ce qui devait arriver arrive
elle choit patatratement
une cigale la reçoit
dans ses bras bien gentiment

eh dit-elle point n'est la saison
des sports alpinistes
(vous ne vous êtes pas fait mal j'espère)
et maintenant dansons dansons
une bourrée ou la matchiche
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