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Citation de BMR


[...] J'étais cependant rongée par un insécurité lancinante concernant l'amour de Herb pour moi. presque invariablement, le même rêve éveillé empoisonné s'insinuait dans mes pensées lorsque je promenais les enfants dans le parc pour essayer de les endormir dans leur poussette après le déjeuner. Les détails du fantasme variaient, mais l'idée restait la même : je trouve une lettre. Je trouve un foulard. Je trouve des sous-vêtements. Je surprends Herb en compagnie de sa maîtresse dans notre appartement. Je les surprends dans la maison de la plage. Je les surprends dans le parc en promenant les jumeaux. Elle est toujours brune, grande, pulpeuse, plus intelligente que moi. Je sanglote. Je me désole. J'accuse. Je défie. Il me quitte.
Je me laissais tellement absorber par ces scénarios de trahison et d'abandon que je ne savais plus très bien où j'étais. Un jour où je marchais dans Central Park en m'imaginant morigéner Herb pendant que sa sublime maîtresse tirait sur elle les draps de la chambre d'amis, une dame d'une soixantaine d'années m'aborda. « Mme Lee ? » Je la regardais, déconcertée. Elle avait un nez pointu, des petits yeux noirs sympathiques. Elle était anglaise. Ce fut alors que je m'aperçus que j'avais des larmes sur le visage. Je souris, gênée, et les essuyai. Elle se présenta sous le nom de Miranda Lee,. La première femme de Herb ! Elle avait vu une photo de moi à ses côtés dans une réunion de bienfaisance. Elle voulait me saluer. Elle était devenue psychothérapeute. J'aurais dû prendre sa carte. Au lieu de cela, nous bavardâmes sur un banc du parc pendant que les jumeaux dormaient. C'était une femme intelligente et plein d'humour, surtout à propos de Herb. Quand elle parlait de lui, c'était avec un air amusé et condescendant, comme s'il s'agissait d'un enfant pas sage. Elle dégageait une impression de solitude mais sans trace d'amertume. Cette solitude semblait simplement faire partie de sa vie, comme une chose qu'elle acceptait, chérissait même. Depuis le divorce, elle avait réussi beaucoup de choses. Elle avait un cabinet florissant et deux fils avec qui elle s'entendait à merveille, elle menait une vie sociale animée, allait à l'opéra.
Lorsque nous nous séparâmes, elle me dit que j'avais l'air de quelqu'un d'adorable. Puis elle ajouta : « Prenez soin de vous, Pippa. » Elle me regarda droit dans les yeux en disant cela. Je fus troublée de son avertissement et quelque peu insultée, pour Herb et pour moi, mais ses paroles ne me quittèrent plus. De ce jour, je bannis de mes pensées le fantasme de l'infidélité de Herb. Il me fallut beaucoup de discipline, mais je réussis à le chasser presque chaque fois qu'il commençait à se dérouler dans ma tête, jusqu'à finir par me débarrasser tout à fait de cette habitude. Je m'exerçai à avoir confiance en Herb.
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