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Critiques de Rebecca Pawel (3)
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Madrid à mort

Une bonne surprise que ce polar sur la chute de Madrid écrit par une Américaine avec en épigraphe quelques vers de Lorca "Ô la ville des gitans! Aux coins des rues, des bannières, Voici la Garde Civile. Eteins tes vertes lumières." (in Romance de la Garde Civile).

En 1939, un phalangiste est tué sous les yeux d'Alejandra, une enfant qui, affolée, s'enfuit en faisant tomber près du cadavre son cahier d'écolière. Sa tante Viviana retourne sur les lieux pour le récupérer -le papier est une denrée rare et précieuse- et est aussitôt abattue par le sergent Tejada qui l'apercevant près du cadavre, la croit responsable du meurtre.

Débutent alors deux enquêtes, celle officielle de la Guardia Civil et celle officieuse de Gonzalo, le compagnon de Viviana, militant communiste traqué par les autorités. Tejada, persuadé que le cahier trouvé près du cadavre a un lien avec l'affaire, base toute son enquête sur de fausses pistes. Gonzalo quant à lui tente de comprendre ce que faisait la victime dans le quartier et qui était le tireur en uniforme aperçu par la fillette avant sa fuite.

Les deux protagonistes se lancent à corps perdu dans une quête de la vérité, avec une obstination bien déroutante au vu de la situation. La capitale en ruine vient de tomber aux mains des nationaux qui chassent les républicains encore présents dans la ville, préparent le transfert des prisonniers dans des camps disséminés sur tout le territoire et tentent d'organiser le ravitaillement.

Les convictions chevillées au corps des deux antagonistes vont parfois vaciller, au gré de leurs rencontres et de leurs découvertes.



"-Vous avez vraiment lu Lorca? s'exclama-t-il.

- Vous voulez dire que vous même l'avez lu? rétorqua Tejada.

- Evidemment. Il y avait toute son oeuvre dans la bibliothèque du syndicat, proclama-t-il fièrement.

- Mes cousins habitaient la même rue que ses parents. Je l'ai croisé quelques fois quand j'étais gosse.

- Et vous l'avez lu!

Gonzalo n'en revenait toujours pas.

- Bien sûr! En tout cas toute son oeuvre de jeunesse. Les poèmes du Cante Jondo sont très beaux. Dommage qu'il soit tombé dans toutes ces conneries surréalistes."



En plus de l'intrigue solide qui ne ménage ni les chausse-trapes, ni les rebondissements, on retiendra de Madrid à mort la description d'une ville exsangue, tenaillée par la faim, la peur et laminée par trois années de conflit. Un beau chant du cygne qui rappelle quelques pages de L'arme à gauche de Torres. L'auteur, Rebecca Pawel, a semé suffisamment de petites graines pour une suite, Le disparu de Salamanque, que l'on a hâte de découvrir.







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Le disparu de Salamanque

Un peut étonnant qu'une jeune new yorkaise, Rebecca Pawel, née en 1977, soit devenue une si grande spécialiste de l'Espagne franquiste, qu'elle peut se permettre des oeuvres de fiction, situées dans ce pays et à cette époque peu glorieuse dans l'histoire de la péninsule ibérique. Il faudrait déjà un grand bâtiment si on voulait caser toutes les ouvrages relatifs à la prise de pouvoir et la dictature du 'Caudillo' Francisco Franco (le manque d'imagination était apparemment un trait de famille ou convient- il d'y voir une prédestination pour un militaire plutôt obscur et guère brillant ?). Pendant 36 longues années, nos amis espagnols ont vécu sous le joug d'un potentat particulièrement peu éclairé : de 1939 jusqu'à sa mort en 1975 - 2 ans avant la naissance de notre Rebecca. Comparé à ses homologues et contemporains Hitler et Staline, son règne à été moins sanguinaire ( bien- et quoique le nombre de ses victimes se compte aussi par milliers) et il a réussi à éviter à son peuple d'être jeté dans la tuerie de la dernière guerre mondiale, mais il est incontestablement responsable du retard économique que ce pays a enregistré.



D'excellents auteurs nous ont laissé des témoignages autant excellents comme le Prix Nobel 1954 Ernest Hemmingway avec son 'Pour qui sonne le glas' et George Orwell (que l'académie Nobel a bizarrement oublié) avec son magnifique 'Hommage à la Catalogne'. Moins célébré mais tout aussi intéressant est 'Un hiver à Madrid' de Christopher (John) Samson. du point de vue littéraire, une place tout à fait apart est occupée par le grand poète, Federico García Lorca, tué par des sympathisants de Franco en 1936 et dont celui-ci à interdit l'oeuvre jusque dans la moitié des années 1950, pour permettre enfin la publication de ses oeuvres complètes, mais hypocritement censurées ! Heureusement que Gallimard a remédié à ce triste resultat en publiant ses oeuvres complètes en 2 volumes : poésie et théâtre. Auxquelles il faut ajouter grâce à Arte 'Ferias, Poèmes inédits'



Pour ce qui est de l'approche purement historique de cette période, je me limite ici à l'ouvrage probablement le plus accessible : 'La guerre d'Espagne, l'histoire face à la confusion mémorielle' de Stanley (George) Payne. Je me permets, par ailleurs, d'attirer votre attention sur la remarquable liste que Pecosa de Babelio a élaboré : 'Brigadistes'.



C'est donc contre cette toile de fond, que Rebecca Pawel a publié 'Madrid à mort' et 'Le disparu de Salamanque' et, malheureusement toujours pas disponible en français, 'The Watcher in the Payne' et 'The Summer Snow'. Tout cela en l'espace d'à peine 4 ans, tout en obtenant en 2004 le Prix Edgar-Allan-Poe. Et ce qui est, à mon avis, le plus remarquable : absolument sans fausses notes historiques, mais au contraire en recréant très fidèlement le climat authentique de cette ère mouvementée !



Autre qualité de ses ouvrages, point de longues explications historiques qui gèneraient la succession des événements et des evénements il y en a, mais dès le départ un récit captivant avec au centre son héros, Carlos Tejada Alonso y Léon, pourtant un fanatique officier anti-communiste de la 'Guardia Civil' au lamentable record à cette époque.



Détail amusant, l'intérêt de Rebecca Pawel pour l'Espagne franquiste lui est venu en suivant des cours de flamenco et de danses classiques espagnoles à New York ! Comme quoi la danse peut mener un peu à tout !
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Madrid à mort

Avril 39 Madrid, la guerre civile est terminée mais pas les règlements de compte. Ce petit roman (collection Piccolo qui comme son nom l’indique…) mi-polar, mi-historique se lit facilement et a le grand mérite de décrire assez soigneusement l’atmosphère de l’époque. La faim étend son emprise sur la ville et l’immense majorité des habitants ne réussit qu’à survivre, l’hiver a été terrible et le printemps tarde à venir. Tous ceux qui ont ou ont eu des sympathies républicaines ou des amis ou des membres de leur famille ayant combattu pour la révolution sont à la merci d’une dénonciation, d’une arrestation, d’un jugement hâtif et d’une exécution sommaire.

Depuis que le monde est monde, quand la faim règne, le marché noir prospère et tous les meurtres n’ont pas nécessairement une raison politique. Une très jeune écolière témoin de l’assassinat d’un membre de la Garde Civile, sa mère, sa tante et son institutrice, toutes vont payer chèrement ce concours de circonstances car la victime avait un ami qui entend bien le venger. Encore un coup des Rouges, pense-t-il et la vengeance est immédiate et définitive. Rapide, trop rapide, peut-être ? Et si c’était une affaire liée au marché noir ? Difficile à croire pour le sergent Tejada qui mène l’enquête, son ami était un idéaliste, mais les faits semblent bien têtus. On le sait tous, la vengeance entraîne la vengeance, et deux hommes que tout oppose vont bientôt se retrouver face à face, chacun avec sa soif de vengeance à assouvir. Une vie épargnée peut-elle excuser une vie volée par erreur ? Encore un bon roman pour confirmer que la guerre salit tout et que personne, quel que soit son camp, n’en ressort innocent.

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