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Citation de enkidu_


Depuis le Cercle de Vienne au début de notre siècle, certains aiment à parler d'un « tournant langagier » qu'aurait pris la philosophie : toutes propositions courantes dépendraient de propositions élémentaires dont elles seraient des fonctions; la philosophie ne serait plus un corps de doctrines, mais l'activité par laquelle nous tentons de clarifier ce que nous disons ; etc ... D'autres, moins enclins à renoncer aux sys­tèmes, retracent ce tournant jusqu'aux idéalistes, chez lesquels le langage s'est constitué comme milieu de l'intersubjectivité. Ou plutôt, si tout jugement est affaire de langage et si les jugements synthétiques a priori constituent l'enjeu clé de la critique à l'âge des Lumières, ce virage n'aura-t-il pas été pris à proprement parler avec la Critique de la raison pure? Or le transcendantalisme a affaire au langage essentiellement.

Ce tournant, dès lors, aura été pris depuis qu'au seizième siècle la conscience de soi a accédé à l'hégémonie, accession effectuée par la parole. S'adressant à l'écoute, le langage devient central, d'abord par sa fonction extérieure. Il est le milieu d'un appel - d'une annonce - allant d'un locuteur doué de cordes vocales à un auditeur doué d'un tympan intact (Luther). Ensuite seulement il peut devenir le milieu des jugements secrets de la raison (Kant), puis de la reconnaissance intersubjective (Hegel), enfin d'usages grammaticaux (Wittgenstein). La percée au-delà de la logique des choses s'opère par la parole vive: parole nous atteignant du dehors. (pp. 469-470)
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