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Critiques de Réjean Ducharme (60)
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L'hiver de force

J’imagine une étendue blanche, de la neige en abondance, de la glace qui coule du nez. Même ma bière est gelée. Je me rabats sur un verre de rhum ou mieux, une bouteille de vodka glacée. A ces températures extrêmes, il faut savoir survivre en milieu extrême pour rentrer dans « l’hiver de force ». Mais comment tourner les pages à ces températures-là, lorsque mon majeur devient tout bleu. Voilà une question que je me pose, de force ? Mais ce n’est pas la seule. Qui est ce Réjean Ducharme que je découvre ici. Un récit alambiqué, sorti de son alambic, même en suçant la tire, j’ai pas tout compris. Je ne suis donc pas encore prêt à recevoir mon passeport québécois. En plus j’ai pas l’accent, et j’arrive même pas à comprendre Céline Dion quand elle braille.



J’ai pas tout compris, certes. La lecture fut parfois complexe, ardue même, face à tant d’élucubrations huluberluesques. Pourtant, j’ai aimé. J’ai été sous le charme de Ducharme. Cela doit faire partir d’une sorte de rite initiatique qu’ont les québécois, pour nous autres français, avant d’oser nous accepter. Il faut passer par Réjean Ducharme si tu veux faire partie de cette confrérie des buveurs de broue - et d’Unibroue. Comme celui d’écouter Robert Charlebois.



Le charme de la frette. Mais aussi celui de la plume – de lagopède à queue blanche – et de l’auteur. Il y a une telle musicalité dans sa prose, avec ces deux héros perdus dans ce monde trop civilisé capables d’écouter pendant des heures sur leur mange-disque l’album blanc des Beatles. Moi, pendant que je poursuis ma lecture, des mélodies trottent dans ma tête, genre « Je reviendrai à Montréal, Lindberg » ou « La complainte du phoque en Alaska ». Phoque, je serais bien sortie prendre l’air, la graine au vent, mais elle risque de geler… Alors, je me réchauffe des aventures d’André, d’après ce que j’ai compris, un double littéraire de Réjean, ce qui me fait penser que l’auteur est un doux rêveur, même en hiver, parce que quoi de plus beau que de regarder cette étendue presque vide d’homme mais chargée en âme.



« Hey poupée, t’irais pas me chercher une bière dans l’frigo ? » Tabarnak, ça serait quand même sympa de ta part… le temps que je finisse cet extravagant roman du terroir de Montréal avant que finisse le cul gelé sur la banquise avec le gosier asséché. C’est que je ne voudrais pas manquer le char de ces deux aventuriers, correcteurs de métier, dans ce monument de la littérature québécoise. Ils sont à la rue ou presque. Ils sont comme des losers, ou presque, pendant que leurs amis réussissent outrageusement leurs vies. Mais, je crois surtout qu’ils sont heureux comme ils sont, belle philosophie de la vie, le genre à apprécier le silence quand celui-ci s’impose, genre face à l’amour ou à la vue d’une banquise, dans le frette. Genre le fonne c’est platte. Et c’est en ça que j’ai apprécié cette lecture hivernale.
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L'Avalée des avalés

L’avalée des avalés est un roman dont la sombre histoire nous parvient par le biais d’une écriture très originale, à la fois joueuse et mystérieuse.

D’abord le temps n’y est jamais donné tel quel. On devine les passages que fait Bérénice de l’enfance vers l’adolescence et la vie adulte sans repères temporels précis, uniquement en lisant ce qui se produit devant nous.

Ensuite, bien que les évènements rapportés par Bérénice montrent bien qu’elle grandit, son écriture n’évolue pas vraiment. Au départ elle est bien trop brillante et cultivée pour la Bérénice enfant, mais elle finit par mieux coller à sa réalité à partir de l’adolescence. J’ai donc trouvé en commençant ma lecture que l’écart de maturité entre l’âge du personnage et celui de l’écriture étaient plutôt déroutants. Si on tient, comme moi, à ce qu’il s’agisse bien du récit d’une jeune femme qui soit possible dans la réalité, les premiers chapitres doivent donc être considérés comme rétrospectifs.

Enfin et surtout, j'y ai trouvé le récit d’une existence abandonnée au désespoir frénétique. Pourquoi ne pas tout simplement dire d'une existence désespérée?

Parce que le désespoir réel, concret, total, absolu, fait ressortir de l’existence où il s’incruste deux types d’états opposés, selon les caractères.

Certains se laisseront aller aux hasards de ce qui les entoure, indifférents et insensibles, comme des barques abandonnées, qui ballottent aux grés des vents et des marées, pendant que le temps achève, imperceptiblement, et d’autant plus sûrement, son œuvre. C’est la désespérance apathique.

D’autres, au contraire, explosent en tourbillons d’une rage qui n’en démordra jamais. Chez eux, toute accalmie est tourbillon latent, toute apparence de beauté, de bonté, de bonheur, n’est qu’un vague et bref interlude, dont l’arrêt se fera brusquement, sauvagement. C’est la désespérance frénétique.

Les deux stades peuvent aussi, évidemment, alterner chez certains, mais pas dans ce roman.

Nous trouvons ainsi les caractères opposés de Christian et de Bérénice, du catholique et de la juive, du garçon et de la fille.

Pourquoi toute cette désespérance chez ce frère et cette soeur?

Est-ce la faute de leurs parents? Ces parents dont les différences d’âge, de culture, de religion, de caractère, de taille, de classe sociale, bref, dont leurs différences d’à peut près tout les avait attirés l’un à l’autre. Est-ce leur faute? Les contraires s’attirent, comme on dit et c’est comme ça. C’est tout.

Mais pour s’assembler, il faut se ressembler, comme on dit aussi, et c’est aussi comme ça, c’est tout. Leur mariage est donc tout aussi nécessairement devenu une guerre où on se négocie un enfant pour le tourner vers l’autre, où le moindre geste est une insulte, une attaque, pour que l’autre disparaisse. Leur monde, issu d’une attirance qui s’est transformée en dégoût, devient un territoire stérile à tout espérance.

Ce n’est donc pas la faute des parents, mais de la vie, de la mort, de tout et de rien.

C’est le destin de Bérénice et de Christian, mais c’est aussi le relativisme culturel, l’indifférente tolérance et l’indifférence tolérante à tout sens, dont on finit par perdre tous souvenirs. C’est aussi l’intolérance implacable envers ce qui ne nous détermine pas dans notre horizon dénué de sens : « Je ne m’oppose pas à ce qu’on haïsse les Grecs! Ce à quoi je m’oppose, c’est qu’on se croie, sincèrement, justifié de haïr les Grecs. C’est un vice de raison. ... Mes amis haïssons d’emblée! »(375)

Absence de sens, liberté sans horizons, c’est tout le creux de la post-modernité multiculturelle dans laquelle nous baignons tous plus ou moins.

Il y a certains caractères qui réagissent plus fortement que d’autres à cette ambiance de fin de monde, qui restent irréductiblement inaccessibles, qui détruisent les restes toujours vivants avec une cruelle innocence et c’est bien là ce que représente Bérénice. On pourra bien la détester, on s’y attachera difficilement, mais elle est beaucoup trop loin de tout ça pour être touchée : « J’ai atteint la dernière profondeur de ma solitude. Je suis là où la moindre erreur, le moindre doute, la moindre souffrance ne sont plus possibles. Je suis là où, dépourvue de tout lien, de toute assise, de tout air, ma vie, par son seul fleurissement miraculeux, m’enivre de puissance. »(350)

Elle n’a plus de chaleur dans son monde. Elle vit au « Soir d’hiver » de Nelligan (qu’elle aime tant à citer) :



Ah! comme la neige a neigé!

Ma vitre est un jardin de givre.

Ah! comme la neige a neigé!

Qu'est-ce que le spasme de vivre

À la douleur que j'ai, que j'ai!



Tous les étangs gisent gelés,

Mon âme est noire: Où vis-je? Où vais-je?

Tous ses espoirs gisent gelés:

Je suis la nouvelle Norvège

D'où les blonds ciels s'en sont allés.



Pleurez, oiseaux de février,

Au sinistre frisson des choses,

Pleurez, oiseaux de février,

Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,

Aux branches du genévrier.



Ah! comme la neige a neigé!

Ma vitre est un jardin de givre.

Ah! comme la neige a neigé!

Qu'est-ce que le spasme de vivre

À tout l'ennui que j'ai, que j'ai!...

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Va savoir

Ah, Réjean Ducharme !

L'avalée des avalés, le nez qui voque.....

C'est toute ma jeunesse qui remonte dans une grande bouffée de bonheur.

Que j'ai aimé ses livres !

Autant j'ai pu oublier des tas de titres, des tas d'auteurs, autant de lui je n'ai rien oublié.

Absolument ravie d'avoir trouvé « Va savoir ».

Oui mais justement, va savoir pourquoi, j'ai tant de mal à le lire.

Les neurones qui, comme la jeunesse, ont foutu le camp peut-être.

Si j'ai retrouvé le ton que j'aimais, l'humour, les expressions, je me suis noyée dans les personnages, dans une histoire confuse où j'avais l'impression de ne rien comprendre, sinon que Rémi est désespéré que Mamie, son amour, soit partie parce qu'elle ne s'aimait pas.

Bon allez, je le mets de côté et retenterai plus tard.
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L'Avalée des avalés

Bérénice Einberg, rebelle, fantasque, délurée, idéaliste, jalouse, promène son regard acéré sur le monde qui l'entoure, particulièrement sur ses parents dont l'antagonisme criant ne s'étend pas seulement sur les croyances religieuses (le judaïsme pour papa et le catholicisme pour maman) mais aussi sur l'éducation de leurs enfants. Car Bérénice a aussi un frère qu'elle vénère, Christian, adoré par sa mère. Le père, quant à lui, s'occupe de Bérénice, un peu trop au goût de celle-ci. « Vacherie de vacherie! »

Réjean Ducharme occupe décidément une place à part dans la littérature québécoise : sa prose originale jumelée à ses personnages jusqu'au-boutistes offrent au lecteur une expérience romanesque hors du commun.

Ce roman précède L'hiver de force dans l'oeuvre de Ducharme et en constitue le précurseur autant dans le propos que dans la vivacité de la narration. J'ai, en revanche, préféré L'hiver de force, que j'ai trouvé plus abouti et parcouru d'un humour salvateur, absent de L'Avalée des avalés. Une lecture au récit échevelé, fou et cruel, empruntant à la mythologie grecque et à la Bible, sans concession pour les âmes sensibles.
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L'Avalée des avalés

En rangeant les étagères, je tombe sur l’Avalée des avalés, de Réjean Ducharme. C’est un livre sur lequel je tombe souvent en rangeant les D. Parce que c’est un livre qui malheureusement, ne sort quasiment pas. Quel dommage… je tiens (et je ne suis pas la seule) Réjean Ducharme pour un très très grand auteur et je trouve son roman, un roman d’enfance, époustouflant. Son héroïne Bérénice est une jeune adolescente précoce qui souffre de la séparation houleuse de ses parents. Elle se met à détester les adultes et le monde qui l’entoure. Pleine de fureur et de lucidité, révoltée contre la "vacherie de vacherie", c’est un personnage génial ("La vie ne se passe pas sur la terre, mais dans ma tête. La vie est dans ma tête et ma tête est dans la vie. Je suis englobante et englobée. Je suis l’avalée de l’avalé.")



L’écriture de Ducharme est une poésie brute et vivante, pleine de formidables images : "On aimerait avoir aussi soif qu’il y a d’eau dans le fleuve. Mais on boit un verre d’eau et on n’a plus soif", ou encore: "Je suis seule. Je n’ai qu’à me fermer les yeux pour m’en apercevoir. Quand on veut savoir où on est, on se ferme les yeux. On est là où on est quand on a les yeux fermés: on est dans le noir et dans le vide."



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Va savoir

Va Savoir… oui mais quoi ? Impossible de susciter le moindre souvenir de ce livre quelques mois après sa lecture. Une vague histoire d’amour…banale, à peine belle, vaguement drôle. Avec du potentiel pourtant, mais une manière de raconter qui sonne faux et qui tombe souvent à plat. On a beau vouloir laisser aller son cœur aux charmes des complications humaines, si la grammaire ne convainc pas, impossible de succomber. Rémi raconte son histoire à la première personne mais il ne semble jamais plus savant qu’un narrateur perdu dans la brousse, et cette discordance anéantit toute illusion. Ne restent plus que les allusions maladroites à une libération féminine plus sordide qu’exaltante :





« En petite culotte et tétons armés, elle jouit de tout son long de son gazon frais coupé. Elle va droit au but, sans se faire suer, pour rien ni pour personne. »





Les femmes libérées offrent aux hommes le droit de bander plus dur, et de passer pour des poètes (chancelants) : « Quand je ne saurai plus ce que je fais, je saurai que c’est ce qu’il faut que je fasse. »





Réjean Ducharme fait preuve de bonne volonté et voulait certainement exprimer les fantasmes de libération de son époque, mais il se dirige en tâtonnant dans une direction qu’il discerne encore mal.

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L'hiver de force

L'action du roman, se déroule dans les années 70 au Québec. La situation économique et sociale de la province ne cesse alors de se détériorer, le taux de chômage atteint des sommets. C'est dans ce contexte particulièrement difficile que Réjean Ducharme choisit de placer ses deux principaux personnages : André et Nicole. Ces deux personnages sont des nihilistes qui refusent de se fondre dans une société dans laquelle les valeurs prédominantes sont la possession et le goût pour tout bien matériel.

Dès les premières lignes du roman, on apprend que Nicole et André, qui sont d'ailleurs bien souvent traités par l'auteur comme un seul et même individu avec l'emploi majoritaire du pronom « on », ont pour vocation première de dire du mal de tout.

Au fil des pages, et après la rencontre d'un personnage qu'ils baptiseront la Toune, ils vont renoncer à tout ce qui est matériel, travail, biens, puis finalement logement, pour se consacrer uniquement et de manière obsessionnelle à elle. On peut alors s'interroger sur la finalité de ces deux protagonistes, sont-ils simplement deux marginaux imbéciles et naïfs ou ont-ils pour fonction de dénoncer la société de cette époque ?

Dans ce roman on retrouve bien l'écriture si particulière de Réjean Ducharme, pleine d'aphorismes, néologismes et autres jeux de mots ainsi que de nombreuses références cinématographiques, musicales et littéraires.

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L'hiver de force

De ce roman que j'ai lu il y a plusieurs années, j'ai beaucoup plus retenu le style que le récit en soi. C'est que l'écriture de Réjean Ducharme frappe l'imaginaire par ses figures de style, ses jeux de mots, ses expressions très colorées et poétiques . Je me souviens aussi des deux principaux personnages et de leur manière de vivre plutôt spéciale (un de leur loisir préféré étant de lire La Flore laurentienne). J'ai beaucoup apprécié ce roman très différent de tout ce que j'ai lu.
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Le Nez qui voque

L'art de Ducharme dans ce livre est de pouvoir le comprendre à différents niveaux d'interprétation, fable sur l'amour, rite de passage vers l'âge adulte ou lutte pour la vie. Le langage comme toujours est le moteur premier de l'intrigue.
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L'Avalée des avalés

Quelques amies proches m'avaient conseillé de lire Ducharme, je ne me rappelle plus lequel, mais avec Ducharme, on a l'embarras du choix, j'ai donc lu l'avalée des avalés, mais Ducharme c'est aussi Le nez qui voque, L'hiver de force, L'océantume, à chaque fois des torsions de la langue. Je ne sais pas pourquoi, je croyais que Ducharme était un amuseur qui faisait des jeux de mots. Les jeux de mots, ce n'est pas tout à fait la même chose. Les jeux de mots, c'est léger, désinvolte; les torsions, c'est un travail pénible, sérieux. Après avoir lu les premières pages, je me suis aperçu que sérieux, voulait aussi dire, se prendre au sérieux. Ce n'est pas toujours évident de se mettre dans la tête d'une enfant, surtout l'une qui porte en elle un univers des plus particuliers. C'est risqué, casse-cou, ça peut paraitre surfait, comme un enfant qui fait du théâtre.



L'univers de Bérénice, qui n'existe que dans sa tête, c'est ce qu'elle nous répète sans cesse, nous plonge dans le tiraillement incessant d'une jeune fille qui devient peu à peu adolescente. Bérénice est sur la brèche, en équilibre, telle une somnambule qui devient funambule. La ligne est mince, mais Ducharme s'y tien. On y croit, même dans l'excès. Bérénice est une enfant révoltée, un peu comme Bandini de Fante, cherchant la confrontation avec tout le monde. À cela, s'ajoute qu'elle est sadique. Elle aime faire mal. C'est presque existentiel pour elle. La douleur comme preuve qu'on existe. Elle prône une révolte égalitaire, contre tous : la famille, les amis, la religion, la guerre, les animaux... et surtout, contre elle-même. Personne n'est épargnée. Elle déborde de fureur. Elle se fait un plaisir à en distribuer, de la fureur, à tous ceux et celles qui croisent sa route. Et principalement à ceux qui s'entêtent à chercher à la ramener dans le droit chemin. Droit chemin pour qui ? qu'elle nous dirait.



Le tour de force de Ducharme est qu'on s'aperçoit que cette colère, violence, ce fanatisme cache en réalité une douceur mal contenue. Toute cette frivolité, cet acharnement, cette violence ne sont là que pour masquer sa fragilité, sa candeur. C'est d'ailleurs grâce à ce procédé que Bérénice nous est si attachante, si émouvante. Comme Ducharme le fait dire à Bérénice : « Je ne joue pas sur les mots, même si je me donne l'air de le faire. J'ai besoin de tendresse. » Bérénice tord les mots jusqu'à leur faire mal, tout ça, pour s'empêcher de pleurer.
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L'Avalée des avalés

J'ai un peu de mal à faire cette critique parce que d'un côté Réjean Ducharme est un auteur québécois important et de l'autre son premier roman "L'avalée des avalés" ne m'a pas entièrement séduite car il y a un peu trop de noirceurs pour moi.

Le texte est d'une grande puissance comme d'ailleurs les chansons qu'il a écrites pour Robert Charlebois mais j'ai eu un peu de mal avec le langage québécois. Il y a des expressions que je ne comprends pas bien.

La narratrice s'appelle Bérénice Einberg. C'est une petite fille qui se réfugie "dans son palais de solitude" où elle trouve ses seules joies. Pourtant c'est une révoltée qui crie souvent "Vacherie de vacherie!". Il faut dire qu'elle a une famille un peu compliquée : un père juif, une mère catholique et un frère qu'elle aime d'amour. Ils vivent sur une île dans la banlieue de Montréal où les parents font tout pour les séparer. Bérénice cherche à partir de cette maison qui l'enclave, quitter sa mère qui la terrifie et son père qui l'ignore. Elle grandit avec la rage nourrit de tristesse.

Il y a un côté loufoque que j'aime bien comme quand son frère Christian qu'elle aime lui raconte qu'il veut devenir lanceur de javelot alors qu'il fait des études de biologie. Mais ce qui m'a gênée c'est que Bérénice parle de la même façon à 9 ans et à 20 ans.

Ce roman a été créé en 1966 et il a fortement marqué les esprits. Je comprends pourquoi car il y a quelque chose de Boris Vian dans ce texte de Réjean Ducharme qui porte vraiment un très beau nom.





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L'hiver de force

Génies rebelles jusqu'au-boutistes ou loosers alcooliques névrosés? Les personnages de ce roman sont à la fois exaspérants et fascinants! Un couple fusionnel d'artistes manqués, nihilistes et désabusés, atteints d'une forme particulièrement aiguë de déni et complètement obsédés par une jeune célébrité aussi riche qu'égocentrique.



Le roman propose un portrait cynique du milieu artistique montréalais des années 70 : une Bohème québécoise, à la fois déprimante et amusante, savamment agrémenté des truculents tours de langue de Réjean Ducharme. Un auteur à découvrir!
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Le Nez qui voque

Pour mieux comprendre le personnage majeur de ce roman, et donc le roman par lui-même, il convient de l’appréhender par son patronyme « MILLE MILLES » ( Mille : Au Canada, ancienne unité de mesure des distances, équivalente au mile britannique soit environ 1609 m ), un itinéraire phénoménal de plus d’ un million six cents mille kilomètres à parcourir, qui condamne le héros à une errance perpétuelle et par voie de conséquence, à une grande lassitude « j’ai tellement de milles dans les jambes" . Mais ce cheminement sans fin est, en fait, un parcours initiatique, une sorte de chemin de croix pour arriver à l’équilibre, à la stabilité voir à l’harmonie, à la paix, à l’âge adulte.

Ducharme métaphorise l’actualité politique et sociale du Québec de la décennie 60 : - La Révolution tranquille - le pays est alors fracturé entre tradition et modernité , innovation et atavisme, partagé entre deux cultures, quatre langues le français académique exacerbé , l’anglais, le franglais, et la québecité , entre pratique religieuse orthodoxe et rétrograde qui frise l’intégrisme et liberté de mœurs et de pensée…

Ce livre peut être lu en se plongeant et en analysant ce contexte historique , il peut être aussi étudié comme un rituel initiatique et traumatisant pour passer à l’âge adulte, d’autres pistes multiples existent, il peut être aussi, et c’est ce que j’ai fait, pris comme un amusement linguistique visant à rechercher les jeux de sonorités , à découvrir les mots- valises, les mots recyclés, les néologismes, les barbarismes, les gallicismes, en traquant les calembours, les contrepèteries , les métaphores, en collectant les références géographiques, historiques, mythologiques, celles concernant les Beaux-arts, … car l’œuvre de Ducharme foisonne de créations verbales, qui éclatent comme un feu d’artifice lexicologique , et c’est ce qui fait son charme ! En prenant cette option, c’est aussi échapper à toute cette noirceur qui a du mal à se diluer dans le blanc de la neige québécoise.

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Le Nez qui voque

Quand j'ai appris tout récemment la disparition, à l'âge de 76 ans, de l'écrivain québecois Réjean Ducharme, je me suis souvenu que j'avais un de ses romans dans ma bibliothèque, acheté l'été 2004 à la librairie Pantoute de Québec et que je n'avais pas encore lu. Je l'ai retrouvé là où il m'attendait patiemment. Il portait ce titre bizarre : "Le nez qui voque" (bizarrerie qui m'avait sûrement poussé à l'acheter à l'époque). Il s'agit du premier roman écrit par Réjean Ducharme, mais publié en second par Gallimard, en 1967, après le succès obtenu l'année précédente par "L'Avalée des avalés" alors que son auteur n'a que vingt-cinq ans. Réjean Ducharme publiera en tout 9 romans, des pièces de théâtre et des scénarios de film. Il écrira des chansons pour Robert Charlebois et Pauline Julien. Son dernier roman, "Gros mots" a été publié par Gallimard en 1999. Il est connu aussi pour avoir toute sa vie fui les média, les photographes et toute forme de publicité, comme les écrivains américains Salinger et Pynchon. Si vous souhaitez en savoir un peu plus sur cet auteur, je vous invite à visionner cette vidéo, tournée à l'occasion de ses 70 ans et qui respecte sa vie privée : https://www.youtube.com/watch?v=64Nlwvbw3Z8 .





Si j'ai pris la peine de présenter aussi longuement l'auteur du "Nez qui voque" c'est que j'ai beaucoup de mal à parler du livre. Il s'agit d'un objet littéraire à l'interface entre le roman et la poésie, dans la lignée des romans de Queneau et de Vian. le livre comporte d'ailleurs plusieurs poèmes intercalés ça et là dans le texte. Comme Queneau et Vian, Ducharme aime beaucoup jouer avec les mots, leur faire subir diverses distorsions ou substitutions. Alors que La Zazie de Queneau parlait "d'homosessuel" (pour homosexuel), Mille Milles, le narrateur du "Nez qui voque", parle (très fréquemment !) de "s'hortensesturber" (pour se masturber). Disons le tout de suite, le sexe (ou l'absence de sexe) occupe une place très importante dans le roman. Mille Milles (c'est un surnom qu'il s'est donné) est un adolescent de seize ans et il a convié une amie d'enfance, de deux ans sa cadette, qui s'appelle de son vrai nom Ivugivic (elle est d'origine esquimaude), mais qu'il a rebaptisée "Chateaugué", a venir vivre avec lui, à Montréal. Ils couchent dans le même lit, mais s'abstiennent de toute relation sexuelle. Ils ont ensemble le projet de se suicider pour ne pas devenir adultes car "devenir adulte, c'est entrer, être pris de plus en plus, dans le royaume du mal".





Mais dans le monde des adultes, c'est surtout les femmes (et la sexualité) qui posent problème à Mille Milles. Tout au début du livre, il veut choisir un substitut au mot "suicide" et en ouvrant au hasard le dictionnaire, il tombe sur le mot "branle-bas" qu'il adopte immédiatement et désormais Chateaugué et lui parlent de se "branle-basser". le mot "branle-bas" est évidemment très évocateur (sans "nez qui voque" possible !) des difficultés que rencontre le narrateur avec le sexe féminin. Plus encore que la logorrhée du narrateur ou l'omniprésence obsédante de ses jeux de mots, ce sont ses propos caricaturaux, parfois très violents, envers les femmes qui m'ont le plus dérangé dans cette lecture. A titre d'exemple : "Amour ! Amour ! Amour ! Quelle déchéance ! L'homme n'est plus qu'un présent de Dieu à la femme. Il ne faut pas la brusquer, Georges. Il ne faut pas lui faire de mal. Il ne faut pas la violer, Georges. Il faut lui demander la permission." ou encore "Porcs ! Porcs ! Domestiques ! Domestiques de la femme et de l'agent ! Embarquer dans une porcherie, c'est accepter de devenir un porc apprivoisé. La maternité ! La porcherie ! [...] L'homme est le domestique. La femme et le dollar sont les maîtres." Et bien-sûr la femme est l'ennemie du poète, du créateur : "Quant à la femme, j'exècre son influence sur mes idées, ces désirs qu'elle flatte, ces parfums fabriqués avec lesquels elle essaie d'endormir mon aigle. Je subis la femme comme un homme qui se meurt de soif subit la torture d'un mirage. Je déplore la femme. [...] La femme, je la martyriserais ! Son petit visage, c'est à l'acide sulfurique que j'aimerais lui faire ravaler ses faux serments !".





On peut me rétorquer que c'est le narrateur qui tient ces propos, et que rien ne prouve que l'auteur les cautionne. Pourtant la fin du roman est conforme à cette haine de la femme puisque l'auteur met à mort la part féminine de cette histoire (et de son personnage principal ?) et laisse penser que tout est pour le mieux ainsi : "Elle était laide. Elle avait l'air stupide et médiocre dans sa robe trois fois trop grande, dans le lit défait, dans la chambre en désordre. L'odeur âcre du sang m'a pris à la gorge comme quand on passe près d'un abattoir. J'ai comme envie de rire. Je suis fatigué comme une hostie de comique."





On m'objectera aussi qu'Arthur Rimbaud (qui est une référence insistante de Ducharme dans ce roman) n'était pas tendre non plus avec ses "petites amoureuses" : "Ô mes petites amoureuses, / Que je vous hais ! [...] Je voudrais vous casser les hanches / D'avoir aimé !". Mais Rimbaud n'en fait pas un roman de 300 pages et il est difficile d'y voir un côté obsessionnel comme c'est le cas avec le roman de Ducharme.





Que sauver de ce livre amer ? Sans doute un témoignage sincère sur la douleur de vivre d'un adolescent mâle qu'une éducation religieuse culpabilisante aura traumatisé (Ducharme n'en parle pas explicitement mais on peut le lire entre les lignes). Et le dégât est hélas profond ! Et également quelques poèmes, généralement plus souriants que le reste du texte, comme celui-ci :





Les automobiles





Sur le chemin des édicules

Passent des hommes et des femmes

Greffés avec des véhicules

Qui éteignent le sang et l'âme.

Ils passent en automobile,

Ces hommes fous, ces femmes folles.

Et ils se croient, hélas, habiles

De ne vivre que de pétrole.





Ils ne parlent pas : ils klaxonnent.

Et ils ne marchent pas : ils roulent.

Vu qu'à deux jambes, je fonctionne,

Ils rient; ils me traitent de poule.





Ils sont jaunes, ou verts, ou noirs.

Entre eux, point de ségrégation :

Ils bougent entre les trottoirs

Côte à côte et à l'unisson.





––––



Il reste aussi ce dialogue à la fois surréaliste et poignant entre l'auteur et son lecteur : "O mon ami l'homme, que ne t'ai-je encore entretenu des délices symphoniques de t'entendre m'entendre ? Car je t'entends m'entendre.Tu m'entends et c'est comme si tu me parlais. Tu ne m'entends pas à voix basse, tu m'entends à haute voix. Chaque mot que je te dis se répercute en toi comme une goutte d'or, comme dans un puits d'or. Mes murmures te grattent comme les doigts du guitariste grattent la guitare, ô grotte d'or ! Tu es un puits profond et sonore, et un puits qui n'a pas de cordes, mais tu es une guitare, tu es ma guitare. Je joue du puits d'or comme on joue de l'orgue. Je t'entends dire que j'exagère... pourtant je n'entends rien, pourtant, il n'y a personne dans cette chambre."





Une lecture difficile donc, rébarbative, obsessionnelle, irritante à plus d'un titre mais qui ne peut laisser indifférent, comme un cri d'écorché vif qui résonnerait dans la nuit, ou bien peut-être dans un puits d'or.



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L'Avalée des avalés

Ouf! Il n'y a pas à dire, Réjean Ducharme a la plume leste! Que de richesse dans ce livre! Chaque page recèle de perles de poésie!



En dépit de sa qualité littéraire, j'ai d'abord eu de la difficulté à adhérer à l'histoire, car on est bien forcés d'admettre que Bérénice Einberg est un personnage qui se laisse difficilement aimer, autant par son entourage, dans le livre, que par le lecteur! Fille de feu : passionnée, intransigeante, cruelle, à la fois créative et destructrice, lucide et fêlée. Go hard or go home!



Au début, je l'ai détestée ; assez pour me demander si j'allais parvenir à terminer ma lecture! Lentement, mais sûrement, je l'ai apprivoisée, et j'ai fini par, sinon l'aimer, être fascinée par sa fougue!



C'est un récit fort, prenant et déroutant. Je suis vraiment très contente d'avoir persévéré malgré mes réserves du début.
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L'hiver de force

Ducharme, c'est notre Jean-Pierre Martinet québécois... Pas connu pour pas connu, on peut le dire. Si l'on préfère parler pour se faire entendre, que les maux dis soient entendus, on peut, sans se gêner, parler de Céline, pas d'y-t-on, mais le Céline de chez vous, pas chénous, celui qui se trémoussait sur sa chaise et pas dans une TV couleurs à lancer ces syllabes ! Dans l'hiver de force, on le savoure notre Ducharme, c'est comme du sirop d'érable, ça colle au palet, ça dégouline, ce n'est pas bon pour la ligne, mais ça réchauffe le cœur. C'est aussi un test pour savoir si votre oreille est capable d’attraper le Québécois, correct ou même de travers, c'est faux-nez-tique, c'est fonne à lire !



L'histoire se passe dans la belle province avec tout ce qui va avec ; des gros mots, des pirouettes sur la glace glacée jusqu'au bout du nez, des traversées du lac en barque, des pinottes dans la caboche, c'est pour dire comme c'est fonne ! Ils sont drôles, André et Nicole, à chercher à ne pas être comme les autres... s'effacer jusqu'à ne ressembler à personne, c'est un peu pour ça, que ce qu'ils préfèrent par dessus tout, c'est de ne rien faire, Rien avec une majuscule, ce n'est pas accessible à tout le monde ce rien là ! Ce n'est pas facile d'échapper à tout. Ce n'est pas juste de la paresse, il faut être tenace, être prêt à tout : rien ce n'est pas rien qui nous dirait André.



Le style Ducharme est ici tendu comme un arc. 270 pages travaillées au couteau, patiemment, travail d'orfèvre qui fait que ça se lit d'une traite, un respire, en une nuite. Nos bouts de doigts s'usent à tourner les pages pour suivre ces deux joyeux-lurons qui cherchent à perdre le nord, à perdre la face dans les rues de Mouréal avec toute la jet set qu'ils cherchent à éviter. C'est d'ailleurs pour ça qu'ils restent dans leur appartement et qu'ils le vident par petits bouts, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien, sauf le chat, qui partira de lui-même, c'est un chat surdoué, faut pas l'oublier !



Malgré tout ce lyrisme, malgré les personnages complètement à côté de la plaque, volontairement, se dessine une belle histoire entre André et Nicole, parler d'amour serait peut-être trop simplifier la chose, ce n'est pas non plus de la simple loyauté, ni seulement de la tendresse, tout ça et un peu plus. Avoir quelqu'un sur qui compter, quand il ne reste plus rien, quand tout se vide, ça n'arrive pas si souvent que ça que ça mérite qu'on le dise, car ce n'est pas eux qui vont nous le dire...
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Le Nez qui voque

Réjean Ducharme est un auteur quebecquois, le Nez qui Voque est son deuxième roman. Publié en 1967 alors que son auteur n'avait que 26 ans, il fait partie de la période des "romans d'enfance" de Ducharme, ses trois premiers ouvrages en fait, dont l'Avalée des Avalés qui fut nommé pour le Goncourt 66.



Ducharme développe en 330 pages les tribulations d'un adolescent qui rejette le monde des adultes. "Je ne veux pas aller plus loin" assure-t'il, "on ne peut pas prétendre à la grandeur quand on est mêlé au sexuel." Aussi Mille Miles, le narrateur, et son amie d'enfance Chateaugué envisagent-ils de se suicider (on dit "branle-basser"), d'en rester là et de s'en tenir pour quitte, parce que "quand on est sorti de l'enfance, il n'y a pas moyen d'aller quelque part sans s'écoeurer." Mais Mille Miles est partagé entre son rêve de pureté et ses pulsions sexuelles.



Réjean Ducharme n'est pas Romain Gary : il n'écrit pas La Vie Devant Soi, il n'y a pas beaucoup de sourires dans ce Nez là ! Il n'y a que la lumière qu'il veut donner, elle est basse, et il fait sombre, il fait cynique. Seule la poésie éclaire un petit peu. L'auteur multiplie les néologismes et les associations d'idées pour en faire des jeux de maux. Et des idées, il en a, Ducharme ! Mais comme dit Mille Miles, ce sont les idées noires, comme les tulipes noires, qui sont les plus belles. Un peu sombre, tout ça. Un beau roman tout de même, à gros caractère. C'est ce qu'il faut pour lire les romans ténébreux.



Merci, précieuse camarade Coli, pour tes judicieuses orientations et cette découverte.

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L'hiver de force

André et Nicole, artistes plus ou moins ratés, mènent la vie de bohème, entre petits boulots alimentaires (ils sont correcteurs pour des maisons d’édition), soirées entre amis où ils écoutent Robert Charlebois et rencontres avec des gens du show-business parmi lesquels une jeune actrice surnommée Petit Pois. On la verra apparaître sous les noms de Toune, un de ses rôles au cinéma, ou de Catherine son vrai prénom. Petit à petit, ils s’entichent de cette jeune femme, belle, sensible, capricieuse, égoïste, jusqu’à ne plus vivre que pour la voir, l’entendre, simplement être à ses côtés. Curieuse passion qui n’a rien de sexuel mais les happe totalement. Ils l’épient, la harcèlent au téléphone, la suivent, l’entraînent dans leur monde. Ils jubilent quand elle est “ gentille ”, c ”est-à-dire quand elle accepte leur compagnie, au désespoir si elle les rejette.

Le tout est conté dans une langue truculente (on croit entendre l’accent!), avec drôlerie, tendresse, finesse. Une curiosité et un plaisir.

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Ines Pérée et Inat Tendu

C'est une pièce de théâtre surréaliste, aux limites de l'absurde, dans laquelle deux marginaux tentent de trouver leur place dans le monde tout en refusant de rentrer dans les rangs, constamment tiraillés entre leur besoin d'être aimés et leurs envies de liberté. C'est un thème récurrent chez l'auteur, donc pas trop de surprise de ce côté-là.



Leur histoire, à la fois comique et tragique, nous est racontée dans cette langue truculente propre à Ducharme. Le texte est rempli de jeux de mots et de sens cachés, parfois drôles, symboliques ou même poétiques. Les personnages sont loufoques, colorés et attachants.



C'était une lecture sympathique. J'espère que j'aurai l'occasion de la voir jouée un jour!
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L'hiver de force

Pour moi, ce livre, c’est l’hiver québécois, c’est le lendemain de la crise d’octobre,  c’est une chanson de Robert Charlebois, c’est l’alcool, c’est la discussion intellectuelle des folles années… Ainsi, André et Nicole vivent dans un appartement à Montréal, ils boivent et ils regardent des films à la télé. Ils ont 28 ans et ils exercent le métier de correcteur. Ils aiment profondément Catherine, une actrice, dite La Toune. Entrer dans cet univers permet au lecteur d’être en contact avec de nombreuses références au cinéma par le biais d’extraits de quelques films. Mais encore, Ducharme se réfère à des personnalités politiques ou à celles de la culture populaire comme les Beattles, Charlebois, etc. Aussi, le thème de l’indépendance du Québec apparaît central dans cette histoire tout comme celui de la société de consommation. Des anti-héros? Oui! Ces derniers tentent de lutter contre la société de consommation à leur façon.



Nous disons du mal des bons livres, lus pas lus, des bons films, vus pas vus, des bonnes idées, des bons petits travailleurs et de leurs beaux grands sauveurs (ils les sauvent en mettant tout le monde, excepté eux et leurs petits amis, aux travaux forcés), de tous les hippies, artistes, journalistes, taoïstes, nudistes de tous ceux qui nous aiment (comme faisant partie du gros tas de braves petits crottés qui forment l’humanité), qui savent où est notre bien (parce qu’ils sont intelligents eux), qui veulent absolument que nous quittions l’angoisse de nos chaises pour nos embarquer dans leur jumbo-bateau garanti tout confort jusqu’à la prochaine vague.



https://madamelit.me/2017/02/03/madame-lit-une-ecrivaine-ou-un-ecrivain-par-mois-2/


Lien : https://madamelit.me/2017/02..
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