Sur la terre ocre du dégrad, descendant en pente douce à la rivière, se dessinaient les ombres des grands arbres et des herbes qui bordaient le chemin. Les arbres jetaient de grandes taches sombres renvoyant au passage une fraîcheur agréable. Les hautes herbes étaient juste grises tant la lumière de 13 heures était forte. C'est à peine si l'on distinguait l'ocre de la terre mainte fois foulée pour descendre au dégrad. La pente n'était pas large, il y avait juste de quoi tirer un canot de la rivière. L'eau scintillait sous ce soleil de plomb au milieu des reflets qui semblaient tracés à grands coups de brosse chargée d'un vert-bleu profond. Là, le canot nous attendait, et le rouge vif des capots des touques dénotait dans cet univers écrasé d'un soleil sans pitié, au milieu d'un improbable combat entre les ombres et la lumière.
Déjà on entendait le fracas de la pluie. Elle tombait drue, en gouttes épaisses, lançant des rideaux de tulle devant les berges. L'eau argentée de la rivière était martelée de millions d'éclats.