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Critiques de Rémy Oudghiri (35)
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La société très secrète des marcheurs solitaires

Etant souvent appelé « L'homme qui marche », comme Théophraste Sentiero, le marcheur de Jean-Paul Delfino, j'ai été comblé à Noël par l'enquête de Rémy Oudghiri consacrée à « La société très secrète des marcheurs solitaires ».



Rémy, auteur et sociologue, est Directeur Général de Sociovision, filiale du groupe IFOP dédiée au suivi des tendances et à la prospective. Né à Casablanca, il est venu à Paris pour ses études supérieures et s'y est installé. Depuis son enfance, il aime marcher, le plus souvent seul, sans but et sans itinéraire prédéfini, en ville ou dans la nature. Il maitrise « l'art de se perdre » et souhaite théoriser cet art. Pour ce faire, notre enquêteur est allé à la rencontre de marcheurs solitaires et leur a soumis un questionnaire. Ce livre restitue ces échanges et les confronte à l'expérience du rédacteur.



Rémy introduit chaque chapitre par une exploration de sa mémoire et la description de ses errances, souvent nées dans le quartier de l'Oasis à Casablanca. Errances où il a vu la nature et l'urbanisme changer au fil des années, humé les parfums de la nature, écouté le murmure du vent et de la faune, croisé et observé des marcheurs. Promenades où il médite souvent les pensées d'un penseur ou d'un écrivain et nous livre ainsi des citations éloquentes. Puis entre un scène le protagoniste qui est tour à tour l'errant, l'errante, la conteuse, le romantique, la flâneuse, le fugitif, le nonchalant, les fusionnelles. Protagoniste de tous âges, de tous milieux sociaux, de cultures variées qui dévoilent progressivement leur histoire, leur pratique pédestre en répondant aux questions.



Questions et rencontres que ces protagonistes élargissent en suggérant de nouvelles pistes (les cimetières par exemple) et en introduisant des marcheurs complémentaires. Cette enquête incite ainsi le lecteur à réfléchir à ses pratiques et, éventuellement, lui suggère de nouvelles directions.



Au fil des chapitres, j'ai eu souvent la conviction d'avoir déjà croisé Rémy et ses interlocuteurs lors des pérégrinations à Paris, Berlin ou Londres car j'aime aussi déambuler dans le cimetière de Montmartre, grimper vers les Buttes Chaumont ou folâtrer sur les quais. J'ai apprécié les dialogues entre enquêteur et sondé, car le marcheur, même solitaire, n'est pas seul dans un désert, et un regard échangé, un geste, une parole, une boisson offerte sont des composants essentiels de l'errance … rencontres dont j'avais déploré l'absence dans le témoignage de Charlotte Jousseaume « J'ai marché sur l'écume du ciel ».



Marcheur depuis plus de soixante ans, j'ai observé ces dernières années l'invasion des bicyclettes et des trottinettes électriques qui occupent les trottoirs, les squares et parcs publics (le Parc Monceau par exemple) et sont une menace d'autant plus grave que leur silence les rendent beaucoup plus dangereuse que les patins et planches à roulettes que l'on entend arriver de loin. En 2022, à Paris, douze piétons ont été tués par ces « solutions innovantes » et j'en viens à me dire que le marcheur est une espèce menacée, et peut être en voie d'extermination. Jean-Paul Delfino projetait les vélos et les trottinettes au fond de la Seine, étonnamment Rémy Oudghiri est muet sur ce point qui me semble vital, mais sera peut être le thème d'une future étude ?



Au terme de ces promenades et discussions avec l'auteur, il reste à espérer que les lecteurs et lectrices seront nombreux à rejoindre la cohorte des marcheurs et à partager leurs expériences.
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Petit éloge de la fuite hors du monde

Une surprise des plus toniques, reçue d'un ami, par la voie postale...à l'aube de ce dernier week-end... J'ai dévoré cet ouvrage au sujet palpitant .



Qui n'a pas rêvé , en effet, un jour de tout quitter ?....Analyse vivante sur ce rêve universel de "fuir le monde"... pour mieux le retrouver. Cet opuscule

tombe on ne peut mieux, dans mes cogitations du moment... Des rêves, envies, et besoins de changement de vie, de départ, de mise au repos, dans une belle nature... sereine, avec peu de mes congénères !!!!...Une phase transitoire en ce début de nouvelle année...



Pour illustrer son propos, l'auteur -essayiste que je lis pour la toute première fois s'appuie sur 10 textes littéraires, et personnalités significatives,entre Pétrarque [ "La vie solitaire"], "Les rêveries du promeneur solitaire" de Jean-Jacques Rousseau, La dernière fugue de Léon Tolstoï, des Lettres et correspondances de Flaubert, "Oviri- Ecrits d'un sauvage" de P. Gauguin , "Le pressentiment" d'Emmanuel Bove, "La Fuite de Monsieur Monde" de G. Simenon, "Ailleurs" et "Le livre des fuites- roman d'aventures" de le Clézio, sans oublier "La Barque silencieuse" de Pascal Quignard, et de nombreuses autres références qui nourrissent les réflexions et analyses de l'auteur..., dont "L'Eloge de la fuite" de Henri Laborit....



D'abondants passages passionnants sur la Lecture, le Savoir... et ce temps hors du temps , qui nous offre la liberté, et la joie d'apprendre, de s'extraire de notre quotidien et de nos congénères "immédiats"...!



"On ne compte pas ses heures quand on lit. On oublie jusqu'à la notion du temps. Les livres nous font rencontrer des auteurs morts il y a des siècles et qui cependant paraissent plus vivants que jamais. Peut-être que le bienfait principal de la fuite hors du monde consiste précisément dans cette possibilité inouïe : sortir du temps présent et accéder à une forme de petite éternité, l'éternité des livres, l'éternité du savoir universel, l'éternité à laquelle on peut prétendre de son vivant. C'est la magie de la fuite : elle introduit à un temps utopique où chaque seconde s'inscrit dans l'éternité. La fuite serait ainsi une voie d'accès privilégié au monde éternel."





"Dans un lieu isolé, il est une activité que prise particulièrement Pascal Quignard, c'est la lecture. Loin de tout, il a le temps de s'abîmer dans les livres. Lire, c'est une autre façon de se retirer du monde. Pour lire, on doit s'éloigner de sa familles, de ses amis, du groupe social auquel on appartient, de notre époque. Les livres sont contraires aux "moeurs collectives" écrit Quignard. À travers eux, on se glisse hors du temps. On s'évade. L'auteur de -Vie secrète- ne cesse d'écrire. Lire est une attente qui ne cherche pas à aboutir : une errance. La lecture est une dérive. Elle "redéboîte le puzzle" note-t-il. Se perdre dans la lecture, c'est se mettre à nu, se réinventer, jaillir à nouveau comme au premier jour. C'est, en tout cas, s'en donner la possibilité. "





Un texte lu trop rapidement: le genre d'ouvrage qu'il me faudra reprendre, relire, où piocher

selon l'humeur... pour savourer à sa juste qualité...et cerise sur le gâteau: un très bel hommage à la littérature...



Je ne peux résister à transcrire un dernier extrait concernant la démarche humaine, littéraire et la

philosophie de vie de Pascal Quignard...

"Heureux celui qui prend la fuite ! L'auteur de - Vie secrète- [Pascal Quignard] éprouve un

visible plaisir à énumérer ces "solitaires qui furent les plus heureux des êtres" : les ermites,

les errants, les "périphériques", les chamans, les "centrifuges", etc. Pascal Quignard se sent

proche de ceux que plus rien ne relie au social. Ces "rebelles, fruits sans racine, sans terreau,

sans règle, sans filiation, sans reconnaissance et d'une postérité complètement aléatoire"

[ "Les ombres errantes"] Ils ont suivi une voie déconcertante aux yeux de la société.

Mais tel est peut-être le chemin le plus excitant. Pascal Quignard recueille dans ses livres les fragments de leur existence comme autant de preuves de la possibilité du bonheur sur terre. (p. 158)
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La société très secrète des marcheurs solitaires

Par le hasard de la vie, j’ai croisé sur mon chemin Rémy Oudghiri qui a eu la gentillesse de m’offrir et dédicacer son essai sociologique sur les marcheurs solitaires.

Pour quelqu’un qui aime de manière obsessionnelle la lecture (que ce soit la littérature jusqu’au besoin de posséder l’objet livre), les moments solitaires ne sont pas angoissants, bien au contraire. Et marcher en solitaire va de pair, au gré de mes envies et de mon temps (en forêt, près de la mer, dans des petits quartiers parisiens ou loin de la capitale, avec -quel que soit le programme- un livre dans ma besace).



J’étais alors bien curieuse de découvrir le texte de ce sociologue (dans ces précédents livres, les moments solitaires n’étaient pas si loin (‘’ habiter l’aube’’, ‘’petite éloge de la fuite hors du monde’’…)).

Pour avoir lu quelques essais sociologiques, j’étais un peu formatée à ce type d’essai. Ce fut donc une agréable surprise de voir, dès les premières pages, que l’auteur ne se limitait pas au style universitaire et savait (s’af)franchir (de) ce cadre. Il s’agit plus d’une ‘’exploration’’ du monde des marcheurs solitaires, une sorte de pérégrination d’un marcheur à la rencontre des autres marcheurs, ceux qui partagent la même activité, les mêmes plaisirs, le même besoin.

Il introduit son étude en parlant de son cas personnel, de son goût des marches solitaires et, plus exactement, des marches ‘’au hasard’’, où on finit par se perdre avec bonheur, par découvrir des rues, des quartiers inconnus, surprendre des épisodes inattendues de la vie, croiser les autres, ressentir des émotions intenses en observant les mouvements de la ville, l’atmosphère d’un lieu (comme celui des cimetières), et comme il l’a dit, découvrir « la poésie du quotidien ».

Et c’est de ce goût, ce besoin de flâner, d’errer, de marcher ‘’au hasard, sans itinéraire précis’’ qu’il a eu l’envie de rencontrer d’autres marcheurs afin de répondre à son interrogation : était-il un des rares à pratiquer cette activité jugée peut-être étrange pour certains (pour ceux qui n’ont pas le temps, ceux dont toute la journée est programmée) ou étaient-ils plus nombreux qu’il ne le pensait ? Ce type de marcheurs constituent selon lui, une ‘’société secrète’’ car ils pratiquent une activité dont on parle peu ou pas à son entourage (car trop intime, pouvant paraître ‘’anodine’’ et sans importance pour les autres,…)

Ce texte est le récit de cette étude (sous forme d’entretiens qualitatifs), peut-être en germination intérieure depuis quelques années. Ces entretiens ont été réalisés auprès de marcheurs solitaires, découverts-pour la majorité- au gré du hasard dans la rue en leur demandant à brûle-pourpoint « Aimez-vous marcher au hasard ?».

Chacun des chapitres relate la rencontre et l’entretien avec ces marcheurs, chacun identifié par sa personnalité et son attitude vis-à-vis de la marche (‘le romantique’, ‘l’émerveillée’, ‘le fugitif’, etc.).

Rémy Oudghiri ne se contente pas de relater les rencontres et d’analyser les caractéristiques des différents marcheurs. L’auteur ne reste pas neutre et montre ses diverses émotions, ce lien qu’il ressent lorsque l’autre marcheur mentionne une sensation, un état proche du sien, ou encore un livre, un écrivain dont il fait référence. Certains d’entre eux mettaient pour la première fois des mots sur leurs marches solitaires. Et c’est comme s’ils prenaient conscience de toute l’importance de ces marches dans leur vie.

Au fil de son enquête de terrain, comme des introductions à chaque rencontre, l’écrivain insère des passages plus personnels, des moments de sa vie adolescente, à Casablanca, où le goût de la marche ‘’errante’’ est né, poursuivi à Paris. Dans ces passages plus intimes coule sans conteste la poésie du quotidien.



Ces différents moments ‘’émotionnels’’ crée une sorte d’interaction avec le lecteur qui se projette dans ces entretiens et ces moments de marche solitaire. Etonnamment, la lectrice-marcheuse que je suis (même si je suis loin d’être une marcheuse « au hasard » comme ceux rencontrés par l’auteur), s’est identifiée à certains de ces marcheurs(ses) par un mot, une sensation, une image.

Comme il m’a paru étrange de découvrir tous ces personnes aux besoins, aux caractères, aux pratiques différents et d’avoir néanmoins l’impression de les comprendre, de faire un peu partie de leur monde, par les émotions que ces marcheurs ressentent, ce sentiment de liberté qu’ils éprouvent en marchant ‘’au hasard’’, ces moments de connexion avec l’environnement, d’introspection ou d’oubli des tracas du quotidien, les évocations d’auteurs qu’ils lient avec leur pratique et que j’affectionne : Aragon, Auster, Eluard, etc. Peut-être aurais-je aimé que l’un d’entre eux cite Frégni ou Bobin, ces auteurs qui chérissent également la beauté qui nous entourent, la nature, ces petits riens du quotidien et dont ils connaissent et nous montrent la valeur. La brise du vent dans les arbres, un chat se prélassant au soleil, l’odeur du premier café du matin, la lumière d’un soir couchant…

Pour ma part, je prends souvent mon appareil-photo (ou dégaine mon portable) pour capturer ‘’le beau’’, ces instants qui font naitre une émotion ou encore d’autres plus ‘’insolites’’, ces couleurs, ces bâtisses magnifiques, les arbres nus d’une forêt sous la neige. Ce sont ces moments qui nous transportent loin de notre quotidien fade et répétitif, comme un temps suspendu. A moins qu’ils ne réussissent à rendre ce quotidien plus lumineux.



J’ai dévoré ce texte en deux jours, happée par les balades et rencontres de Rémy Oudghiri, happée par le plaisir évident de ces marcheurs à parler de ces moments si importants, si vitaux à leur vie… Comme si on entendait battre leur cœur tandis qu’ils évoquaient ces moments particuliers.

Et en refermant ce livre, je me suis également dit qu’il fallait que je remercie à nouveau Rémy car ce livre est un véritable cadeau à la vie. Il rappelle ces petits moments du quotidien qu’il faut savoir apprécier, rechercher, vivre. En refermant ce livre, j’avais une furieuse envie de profiter autrement de ces jours de congés pour déambuler dans les villes de mon programme estival en lâchant le plan et le GPS, quitte à sortir de mes habitudes rassurantes, et prendre des chemins de traverse, ceux qui peuvent révéler bien des trésors, nous faire éprouver une incroyable euphorie, ou encore une étrange quiétude, les pieds bien ancrés à la terre.

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Éloge du petit matin

Où lire devient un moment de réflexion aussi heureux que bref. Après « Petit éloge de la fuite hors du monde » (2014), à destination de toutes celles et ceux en quête de « latitudes plus favorables », Rémy Oudghiri s'attarde ici sur « le secret le mieux gardé du jour » : l'aube. Dans la beauté et la simplicité de commencements faits aussi pour interroger nos vies, il nous fait musarder auprès d'auteurs tels que Char, Thoreau, Giono, Camus, Valéry, Quignard ou Barrico, parmi beaucoup d'autres, entre cinéma, musique et poésie, au gré de ses voyages et de quelques rencontres insolites. Se faisant marcheur et voyageur, peintre et photographe, passeur de lumières provisoires et improvisées, incertaines et changeantes, même des plus irréelles qu'il poursuit jusqu'en Toscane et qu'il inscrit dans cet opuscule, à sa manière simple et directe, nous renvoyant l'écho de nos propres expériences en la matière. Qui ne s'est jamais laissé surprendre (comme lui au retour d'Heidelberg) par l'émotion d'un lever de soleil à travers la vitre d'un train ? Qui n'a jamais ressenti tôt le matin le désir de chambouler ses habitudes, lire au réveil, aller au cinéma à huit heures, ne pas se rendre au bureau ? Si l'aube est à tous et si le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, comme dit le dicton, l'auteur ne cherche qu'à rendre au « miracle matinal » une grâce oubliée, une dimension poétique et une portée métaphysique, que lui dénient les idées utilitaristes communes ou les pratiques de développement personnel de tous ordres. L'expérience de l'aube a commencé pour Rémy Oudghiri dans le silence d'une maison endormie quand, collégien à Casablanca, il s'était levé une fois très tôt pour finir d'apprendre une poésie (et ne pas mourir de honte en classe)…



A l'âge où l'on se cherche des maîtres il lut René Char. « Un matinal, dans la mythologie singulière de René Char, était bien plus qu'un lève-tôt. C'était un insurgé qui refusait de se soumettre à l'accélération du monde et combattait tous ceux qui, par esprit de spéculation ou par extravagance, voulait que le monde avançât plus vite. La tâche des « Matinaux » était semblable à celle assignée à l'aube par Thoreau : ouvrir une voie alternative, « ouvrir dans l'aile de la route d'insatiables randonnées » (p. 126). D'un moment sans les autres qui précède souvent un temps social contraignant il fait de l'aube une échappée qui offre des beautés astronomiques et oniriques éphémères invitant tout un chacun à franchir un seuil. C'est un entre-deux-monde propice à l'errance pour l'auteur cheminant désormais dès potron-minet à travers la ville et sa banlieue entre RER et métro adoptant l'oeil exercé d'un Depardon. Paris, Gare de l'Est et le bassin de la Villette, quartier Saint-Lazare et rue de Lévy, marché Georges Brassens, boulevard Serrurier et Vaugirard au petit matin avec, au-delà du périphérique, la joie d'autres rencontres fortuites et hasardeuses (celle de Peter Handke) capables de sonner l'urgence de relectures. L'aube donne aussi une seconde chance aux questions restées sans réponse, dit Rémy Oudghiri, elle fait dialoguer avec les absents ou entendre ceux qui ne sont plus, ouvre les pièces fermées que chacun porte en soi. L'aube agit-elle comme un livre dont nous tournerions une page chaque matin, avec ennui ou avec envie, comme il le laisse supposer : « C'était tour à tour un jardin où je contemplais l'éveil de l'univers, une bibliothèque où je lisais, un cinéma où j'apprenais à voir, un terrain de jeu où j'apprenais à tout recommencer. Comme les livres l'aube était la vie démultipliée » (p. 99). Il en est donc de ce petit livre comme de l'aube : un territoire à explorer, un temps à retrouver.
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Déconnectez-vous !

[CS] « Déconnectez-vous !] c’est un ordre ! Oui, vous le savez bien « les nouvelles technologies nous influencent du matin au soir ; la connexion est un réflexe mécanique : on se connecte sans même savoir pourquoi ».

Pourquoi ? Oui, pourquoi, au vu de ce qui précède ais-je acheté ce livre qui semble défoncer une porte ouverte au bazooka puis à la grenade défensive et ce avec un style littéraire qui ferait pleurer Rimbaud tant c’est beau ? Possible que ce soit parce que ma femme m’avait dit que cela avait l’air nul lorsque je l’ai saisi. Oui, c’est nul, je sais. Je sais.

En même temps c’est pas de ma faute, l’auteur « s’appuie sur ses lectures de Sénèque, Thoreau ou Sylvain Tesson » quand même ! Vous n’y croyez pas, honnêtement moi non plus, je voulais juste contrarier ma femme. C’est mal (mâle ?).

*

Mais revenons à cet ouvrage. Si vous voulez un livre philosophique brillant passez votre chemin. Si vous désirez un essai rédigé avec élégance aussi d’ailleurs. Mais si, comme moi, vous avez une heure à passer dans les transports et choisissez de l’aborder comme un numéro spécial de magazine plus que comme un livre à proprement parler vous pourriez trouver que c’est un travail honnête. Entre condensé de sondages, philosophie pour les nuls et références convenues il n’y a rien de vraiment transcendant mais le sujet est abordé sous différents angles et vous devriez apprendre une chose ou l’autre. C’est aussi raisonnablement complet.

Maintenant et si vous n’avez pas une heure à perdre en transports je vous offre la conclusion, gratuitement ! Tout l’art est de savoir rester attentif à soi et aux autres, de vivre pleinement sans pour autant rejeter les progrès techniques. Soyez donc les maîtres et pas les esclaves de vos connexions et vous vivrez mieux ! Connectez-vous mais aux autres !

*

Étonnant, non ? Aurait dit le regretté Pierre Desproges.

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Petit éloge de la fuite hors du monde

Larguer les amarres, changer de peau, rompre avec le passé... Ou, de manière moins radicale, s'évader, fuir, qui ne l'a jamais désiré ? Une fois pour toutes ou comme simple parenthèse. « Combien sont-ils à étouffer là où ils ont eu le malheur de naître ? Combien sont-ils qui auraient pu développer leurs talents si seulement ils avaient pu s'évader hors de leur lieu de naissance et rejoindre une latitude plus favorable ? Où se situe le vrai « paradis » de chacun s'il existe ? » (p. 92). Ces quelques questions de Rémy Oudghiri, à propos de Gauguin, concentrent en termes simples l'esprit de ce petit essai embarquant son lecteur en belle compagnie ; surtout celle des écrivains, mais aussi de leurs personnages, en quête de "latitudes plus favorables". Une lâcheté, une impasse que la fuite ? Parfois, mais pas toujours. La fuite est également une mise en danger, elle émancipe et révèle autant qu'elle peut enfermer. Petit et sans prétention cet éloge est sacrément vivant et sa lecture revigorante m'a ravie. Précis de la fuite en forme de réflexion sur la création artistique et sur la quête de soi. Joies de la vie retirée hors du monde où se mêlent le réel et la fiction par l'illustration des arts et de la littérature – entre goût de la solitude, désir d'esthète ou plus simplement l'oubli des turpitudes de l'existence –, à destination de tous ceux que tuent la comédie des apparences, la vacuité de leur époque, ou pour qui la solitude est nécessaire. Que du bienfait. Le cheminement est fort bien construit, léger (il y aurait contradiction de l'auteur à faire de la pompe verbale là où finalement des pesanteurs de toutes sortes et de toutes époques sont soulignées), profond, émouvant même quand il s'agit de « la dernière fugue » du vieux Léon (Tolstoï) encore plein de projets ou de l'histoire saisissante et tragique de Christopher McCandless, mise en scène en 2007 au cinéma par Sean Penn. En somme si vous pensez que Tolstoï, Simenon, Gauguin, Le Clézio, Pétrarque, Quignard et Sean Penn ont quelque chose à dire ensemble aujourd'hui vous adorerez cette lecture.



La réflexion oscille entre la fuite présentée comme un mouvement sans destination, bien ancré dans le réel, où rien n'est prévu, telle que l'a théorisée Deleuze ou au contraire, prenant sa source dans l'imaginaire et condition même du bonheur individuel, telle que préconisée par Henri Laborit (Eloge de la fuite, 1976). La lecture montre que si la question de la création et du bonheur sont en jeu dans la fuite pour nombre d'artistes, c'est souvent une question de survie (en tout cas l'indispensable soupape face à la pression du quotidien) dont l'issue peut être radicale, pour le vulgum pecus (« Into the wild », Sean Penn, 2007, retrace justement l'histoire de Christopher McCandless cité plus haut). Des vies trop bien réglées de personnages de fictions servent parfaitement le propos. C'est, à dix ans d'intervalle, Emmanuel Bove examinant les motivations du désir d'effacement de Charles Benesteau (Le Pressentiment, 1935) et, Simenon poussant encore plus loin l'exercice avec Norbert Monde (La fuite de Monsieur Monde, 1945). Outre le maître de Yasnaïa Poliana tirant furtivement sa porte un soir d'octobre 1910, on rencontre ici Pétrarque à Vaucluse : « il faut fuir cette comédie, fuir ces mines affairées, fuir ces êtres livrés à des pacotilles » (ne pensez-pas que la fréquentation de la pensée des Anciens soit incompatible avec celle de notre période connectée) ; Rousseau à Montmorency fuyant « pour être, pour écrire, pour rêver », l'ours totalement désenchanté de Croisset (Flaubert à Melle Leroyer de Chantepie le 18 mai 1857 : « La vie est une chose tellement hideuse que le seul moyen de la supporter, c'est de l'éviter. Et on l'évite en vivant dans l'Art, dans la recherche incessante du Vrai rendu par le Beau » p. 78) ; ou bien encore le sauvage de Polynésie (Gauguin) dont le parcours emblématique n'est qu'une vaste interrogation philosophique résumée par sa toile de 1897 « D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? ». Mais c'est finalement toujours un même repli du faux vers le vrai, une même envie de se remettre au monde (renaître) que promet le recours à la fuite. Recherché autant par Pétrarque, Rousseau que Gauguin, il perdure en mode apparemment opposé chez deux écrivains contemporains : Pascal Quignard en son refuge sédentaire des bords de l'Yonne et le nomade Le Clézio en ses fuites répétées autour du monde ? Les latitudes abordées en ces pages sont d'abord et avant tout éminemment intérieures.











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Déconnectez-vous !

L'image de la couverture est parlante ! Elle représente la silhouette d'un de ceux que je surnomme les nouveaux zombies, les personnes, jeunes le plus souvent mais pas que, qui marchent en consultant leur smartphone.

Cet essai concernant la nécessité de se déconnecter date de 2013, mais il est prémonitoire et plus que jamais d'actualité.

Les méfaits de cette addiction sont nombreux : perte du moment présent, inattention de plus en plus grande, oubli des autres, ....

Plusieurs technophobes mais surtout, paradoxalement, technophiles l'ont bien compris, qui tentent de se sevrer par tous les moyens de la technologie excessive.

Les sources de l'auteur proviennent en grande partie de la littérature, depuis l'Antiquité (Sénèque) jusqu'à nos jours (Sylvain Tesson) en passant par Jean-Jacques Rousseau et Nietzsche, car, en effet, l'utilité de la déconnexion de l'information en continu n'est pas récente.

J'ai été intéressé au début de ma lecture, puis un peu lassée par cet auteur qui enfonce des portes ouvertes et cite une litanie d'écrivains divers.

Enfin, il insiste sur les bienfaits de la lecture et de cela j'en suis pleinement convaincue.



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Déconnectez-vous !

Je tiens tout d'abord à remercier la masse critique et la maison d'édition Arlea qui m'ont permis la découverte du livre "Deconnectez-vous" de Rémy Oudghiri. Notre monde, notre société nous laissent de moins en moins de choix. En effet nous recevons dorénavant presque toutes nos factures par internet et la déclaration d'impôts sur le net est en passe de devenir la norme.

Quelle place notre société laisse-t-elle à ceux qui ne possèdent ni ordinateur ni smartphone?



Dans son essai, l'auteur parle des objets connectés dont principalement des smartphones qui sont littéralement perçus "comme le prolongement de nous-mêmes". Il s'appuie sur des chiffres qui explicitent ce phénomène mondial. Il décrit assez vite cette phase addiction-connexion pour en montrer les graves conséquences sur l'être humain et aborder la déconnexion d'un point de vue actuel puis il élargit cette notion d'un point de vue historique et philosophique.

Rémy Oudghiri fait un état des lieux des prémisses de la déconnexion :

- mouvement slow

- retour du disque vinyle

- retour à la marche

- retrouver le lien avec la nature pour juste en citer quelques-unes.

Il nous donne aussi comme exemple les effets positifs d'une famille qui a vécu l'expérience de 6 mois de déconnexion:

- plaisir de lire

- apprendre à jouer d'un instrument de musique

- écouter la musique

- jeux en famille.

L'auteur convoque Seneque, Nietzsche et Rousseau pour nous montrer que cette notion de déconnexion ne date pas d'aujourd'hui et pour explorer de nouvelles solutions .

Il cite Rousseau:

"Je ne médite, je ne rêve jamais quand je m'oublie moi-même. Je sens des extases, des ravissements inexprimables (...) à m'identifier avec la nature entière.

J'ai éprouvé quelques difficultés au début de la lecture puis j'ai été vivement intéressé par sa mise en perspective.

D'ailleurs, je vous encourage vivement à lire ce livre qui vous reconnecte avec votre part d'humanité.



Son titre, cette incitation impérative "Déconnectez-vous !"nous rappelle l'urgent besoin de se retrouver et ainsi de retrouver le sens de la vie.
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Déconnectez-vous !

Essai très intéressant qui m'a permis de prendre beaucoup de recul sur l'hyperconnexion au téléphone mais également à d'autres médias et travers de notre société moderne. Ce souci de prendre du recul n'est pas nouveau et l'auteur le met bien en avant grâce à des exemples historiques et philosophiques. L'écriture est fluide et j'ai dévoré cet essai en quelques jours. Cette lecture invite à découvrir d'autres livres notamment des initiatives personnelles de plusieurs personnes comme Sylvain Tesson par exemple. Dans l'idéal j'aurais aimé des exemples un peu plus concrets de déconnexion du téléphone notamment mais ce n'était pas l'objet de ce livre. Merci à la masse critique pour cette découverte très sympathique qui m'a fait sortir de mes sentiers battus !
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Petit éloge de la fuite hors du monde

Très bon livre de réflexions sur la fuite "hors du monde".

A travers des écrivains ou personnages de fictions, de Pétrarque à Quignard, en passant par Flaubert, Gauguin, Bove..., l'auteur pose la question de la nécessité de la fuite pour "se retrouver". Fuir, quoi, comment, dans quel but ?

On y découvre toutes les variantes possibles : fuir la société du paraître, fuir un monde qui ne nous correspond pas pour en trouver un, plus conforme à notre être et à nos idées. Pour 3 jours, 3 mois ou à vie.

Selon la plupart des exemples cités, on fuit surtout pour trouver une vie plus authentique, loin de la foule, comme Pétrarque ou Gauguin. Mais est-ce toujours possible ou souhaitable ?

Laborit propose la fuite dans l'imaginaire, toujours possible et moins contraignante pour éviter une situation intenable.

A contrario, le héro de "Into the wild", aura pu bénéficier de ses quelques mois de retour "authentique" aux origines, mais au prix de sa vie.

Oudghiri, pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses. D'ailleurs, chacun n'a-t'il pas sa propre façon de fuir la société lorsqu'il le souhaite ?

Ce livre a le mérite de nous faire réflechir sur cette question.

Un des personnages de le Clezio (Mondo et autres histoires), une lycéenne, a fugué quelques jours, juste pour rester à contempler la mer. Et si une simple fugue de quelques jours pour "respirer" suffisait, pour nous permettre ensuite le retour à la société du "paraître" ?
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Habiter l'aube ou apprendre à vivre dans la s..

Pour quitter l'agitation frénétique du monde, on peut choisir de s'exiler dans le désert ou sur une île lointaine. Mais sans partir aussi loin, il est un espace-temps quotidien propice au calme, au recueillement et à la contemplation de la naissance et de la beauté du monde que l'auteur, avec poésie, nous invite à habiter : c'est l'aube. Un contrepoint parfait au désenchanteur "Miracle Morning" du douteux et peu scrupuleux Hal Elrod.




Lien : https://www.nomadisant.com/
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Déconnectez-vous !

"Déconnectez-vous !".

Ce livre, où le titre se termine par un point d'exclamation pouvant exprimer l'importance si ce n'est l'urgence de la déconnection numérique, est un manifeste exhortant chacun, de manière bienveillante, à se détourner des petits ordinateurs de poche que nous trimballons tout les jours.



Je pense que cela n'a échappé à personnes que depuis maintenant une dizaine d'années, nous sommes officiellement entrés dans l'ère du numérique et que l'avènement du smartphone a complètement changer nos vies pour le meilleur (applications pratiques nous permettant de gagner du temps, une meilleure mise à disposition des connaissances et de diverses informations, mise en relation d'individus, etc...) mais aussi et surtout pour le pire (paradoxalement cette tendance à l'hyper-connexion entraine une augmentation de l'isolement social, une baisse significative de la capacité d'empathie entre individus et l'oubli de l'autre, une superficialité du comportement, une marchandisation du lien entre personnes connectées, etc...).

C'est pourquoi Rémy OUDGHIRI appel à savoir faire preuve de discernement. Savoir lever les yeux pour réapprendre à regarder, à nouveau le ciel, les arbres, la nature, l'architecture des villes dans lesquels nous vivons mais que nous avons oubliés à cause de ces petits écrans qui savent accaparer si facilement toute notre attention.



C'est très bien écrit et de bonnes références y sont évoquées pour soutenir les propos (THOREAU, TESSON, SÉNÈQUE, ROUSSEAU, HESSE, etc...).



Enfin, malgré tout effets néfastes que cette technologie de la connexion généralisée engendre dans la société, Rémy OUDGHIRI redonne un souffle d'enthousiasme en nous affirmant avec conviction que depuis maintenant quelque années un mouvement mondiale en faveur de la déconnexion a commencer à émerger. Ce qui aide à rester optimiste !
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L'Echappée belle : L'art de s'évader un peu cha..

Et si on s'échappait belle ?



Dans notre société où plus rien n'est laissé au hasard, où l'imprévu n'a plus sa place, l'auteur nous invite ici à nous reconnecter avec l'essentiel : la poésie des petits instants du quotidien.

Dans ce traité de l'art subtil de la fugue, qui se lit très vite, Rémy Oudghiri nous donne quelques petites clés pour apprendre à ralentir, et transformer les contrariétés du quotidien en d'innombrables occasions de s'évader, voyager, méditer et de vivre, tout simplement.



Etre et résonner avec le monde. C'est une facon intéressante d'aborder la pleine conscience et de la tourner à son avantage le plus épanouissant.



J'ai adoré, même si bien entendu, ce n'est pas aussi simple que ce que l'auteur nous le raconte. Nous vivons tout à un rythme effréné qui nécessite pour lâcher prise et saisir l'instant, de commencer par se rendre compte que nos propres pensées tournent beaucoup trop vite dans notre esprit. Et puis apprécier l'annulation de votre train pour un entretien d'embauche qui pourrait changer votre vie..? Comment y parvenir ? La belle affaire N'est-ce pas ?



Je crois d'abord que le premier pas est de prendre conscience. Prendre conscience que parfois on ne peut strictement rien changer à un imprévu. Le reste suit si l'on est réceptif aux petits riens. Comme l'a si bien dit bien Jorge Luis Borges "La poésie nous attend au coin de la rue. Elle peut nous sauter dessus n'importe quand"



Je suis une adepte des petites Méthodes de ce genre car étant moi-même la pire râleuse de la planète, le pire exemple de comportement lorsque les choses ne vont pas comme je les avaient prévu, (oupsy 😅 je plaide atrocement coupable) il me faut toujours m'intéresser pour m'améliorer !



Je vous invite donc dès la prochaine contrariété dans votre quotidien à saisir l'opportunité de découvrir ce petit ouvrage. Sinon en vacances sur la plage c'est bien aussi !
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Petit éloge de la fuite hors du monde

Rilke disait : "nous naissons tous avec une lettre à l'intérieur de nous, et nous passons notre vie à essayer de déchiffrer cette lettre. Pour se donner les moyens de la déchiffrer vraiment, mieux se soustraire aux cadres convenus de la société."



Excellent livre (à lire et à relire) sur les raisons et les façons de fuir le monde pour mieux le - et se - (re)trouver : de Rousseau à Flaubert, en passant par Tolstoï et Gauguin, l'auteur décrit avec justesse et poésie la fuite sous différents angles, celles des artistes ou des personnages de fiction qui un jour ont fui pour se débarrasser de leur identité sociale et accéder à eux-mêmes, à ce qui a été enfoui et que leur fuite a révélé...




Lien : https://www.nomadisant.com/
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Petit éloge de la fuite hors du monde

Petit traité sobre, concis et intéressant ; qui donne envie de lire les livres qui y sont cités.

R.Oudghiri y analyse les différentes motivations et conséquences du retrait de la société de personnages de romans, d'artistes ou d'écrivains, sans jugement ni prosélytisme.

Je me suis surpris à catégoriser ceux dont je me sens proche (Le Clezio, Laborit, Bove, Simenon), ceux qui me laissent froid (Pétrarque, Rousseau, Quignard) et ceux qui me sont antipathiques (Flaubert, Gauguin).

L'angle du trouble mental à l'origine de la fuite hors du monde de certains artistes ou écrivain n'est pas évoqué (Flaubert, Gauguin ?), voire de la maladie neurologique (Tolstoï / Alzheimer ?).
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Déconnectez-vous !

Essai très intéressant en dehors d'un début qui l'est moins. Dans les premiers chapitres, l'auteur se focalise uniquement sur le déconnexion par rapport aux smartphones. Il cite de nombreux chiffres mais le livre datant de 2010, ils sont déjà dépassés.

Le propos devient plus intéressant lorsqu'il prend du recul, s'éloigne dans le temps pour démontrer que le besoin de déconnexion n'est pas nouveau et dépasse notre époque technologique.

De l'Antiquité à nos jours, des hommes ont éprouvé le besoin de se retirer au moins temporairement du monde trépidant pour prendre des distances, du recul, analyser, retrouver les vraies valeurs, aboutir à un meilleur contrôle de soi, une meilleure compréhension du monde.

Sénèque, Bossuet, Pascal, Rousseau, Goethe, Thoreau, le mangaka Taniguchi, Sylvain Tesson ont tous fait l'éloge du rêve, de la pause.

Finissons avec Goethe et son "n'oublie pas de vivre "
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Petit éloge de la fuite hors du monde

Livre-commode, car il ouvre plein de tiroirs.

A la question souvent posée : Existe-t-il un livre qui a changé votre vie ? Je n'aurais eu aucune réponse à donner si j'y avais été soumis.

En revanche, il est possible (probable ?) que ce livre puisse changer ma vie.

Il me faut explorer plus avant, notamment Pétrarque, Rousseau et ses Rêveries et enfin Henri Laborit. C'est en cours.

Bref, tout cela pour dire que ce livre, pour certains pourrait devenir une lumière au fond d'un tunnel d'expectatives.
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L'Echappée belle : L'art de s'évader un peu cha..

Microfugues, échappées belles, brèches ouvertes dans l'espace temps, portes dérobées... c'est ce que Rémy Oudghiri nous propose dans ce court essai : une invitation à savourer l'art de s'évader de nos vies trépidantes, tout en restant au coeur de notre ville.

Pour cela, il va falloir accepter que survienne un imprévu, un contretemps, une annulation et profiter de cette faille dans le temps pour flâner, rêver, contempler. Plus facile à dire qu'à faire ; pas sûrs d'arriver à "lâcher prise" et à faire de ces incidents une "respiration", une parenthèse poétique ! Nous sommes si impatients, parfois.

L'invitation du narrateur est tentante pourtant : faire de l'imprévu, une forme de révolte, de résistance dans un quotidien fait d'injonctions, de "bruit et de fureur".

L'auteur, lui, est rompu à l'art de la microfugue : en parcourant les allées d'un cimetière, il retrouve son rythme, "celui auquel la ville voudrait le faire renoncer, en l'assujettissant à ses deux idoles : le vacarme et la précipitation" ; en rentrant par effraction dans un hall d'immeuble pour s'assoir sur une marche et s'extraire un moment du monde ; dans la salle vide d'un restaurant, comme Baudelaire "qui n'avait ni heures, ni règles" et dînait à trois heures de l'après-midi ou encore à l'aéroport, sur un banc, ou dans une église.

D'autres personnages fictifs ou réels, ont pratiqué cet art : le commissaire Maigret, Patrick Modiano ou encore Jean-Paul Sartre.

Allez, venez, écoutez Borges : la poésie est au coin de la rue.
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Éloge du petit matin

Rémy Oudghiri nous parle avec poésie, justesse, et émotion de la beauté de l'aube.

Ce moment si particulier qui ne dure que l'espace de quelques minutes et qu'il faut savoir attendre, savourer, et percevoir.

"Pour vivre l'aube, il faut errer, ouvrir les yeux et saisir le moment".

Ce moment si précieux qu'il est vraiment dommage d'en faire un espace de plus dans l'agenda déjà surchargé pour l'encombrer de bonnes résolutions : faire du sport, préparer sa journée, lire ses mails et bien d'autres suggestions proposées dans les livres Miracle Morning qui ont vu le jour ces dernières années.

Même si l'auteur reconnaît que lire à l'aube alors que tout le monde dort encore est un plaisir différent "celui où l'esprit pénètre avec légèreté dans l'intimité du texte".



Et si, se lever à l'aube avait un tout autre objectif ? Juste celui d'apprécier ce moment, ses couleurs, sa lumière et observer la terre qui s'éveille ?



Cette éloge de l'aube est un très beau texte qui donne envie de se lever beaucoup plus tôt pour observer l'aube et s'imprégner de sa magie pour colorer sa journée.



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Déconnectez-vous !

J'ai préféré "Petit éloge de la fuite hors du monde" de ce même auteur, plus littéraire que ce livre-ci, plus journalistique et sociologique.

J'apprécie le fait que R.Oudghiri ne rejette pas en bloc les outils d'interconnexion modernes, mais appelle plutôt à prendre de la distance et à en faire un usage raisonné, comme pour n'importe quel outil.
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