[
] les auteurs d'aphorismes, surtout lorsqu'ils sont cyniques, irritent ; on leur reproche leur légèreté, leur désinvolture, leur laconisme ; on les accuse de sacrifier la vérité à l'élégance du style, de cultiver le paradoxe, de ne reculer devant aucune contradiction, de chercher à surprendre plutôt qu'à convaincre, à désillusionner plutôt qu'à édifier. Bref, on tient rigueur à ces moralistes d'être si peu moraux.
[
] le moraliste est le plus souvent un homme d'action ; il méprise le professeur, ce docte, ce roturier. Mondain, il analyse l'homme tel qu'il l'a connu. [
] le concept « homme » l'intéresse moins que les hommes réels avec leurs qualités, leurs vices, leurs arrière-mondes.
[
] le moraliste joue avec son lecteur ; il le provoque ; il l'incite à rentrer en lui-même, à poursuivre sa réflexion. [
]
On peut toutefois se demander [
] s'il n'y a pas au fond du cynisme un relent de nostalgie humaniste. Si le cynique n'est pas un idéaliste déçu qui n'en finit pas de tordre le cou à ses illusions.
[
] (Roland Jaccard.)
0:00 - Joseph Joubert
0:09 - Mark Twain
0:29 - Jonathan Swift
0:43 - Giovanni Papini
0:57 - François George
1:20 - Honoré de Balzac
1:33 - Marcel Proust
1:46 - Paul Valéry
1:59 - Nicolas de Chamfort
2:09 - Sigmund Freud
2:23 - Oscar Wilde
2:38 - Pierre Loti
2:54 - Jerry Lewis
3:06 - Milan Kundera
3:40 - Pie XII
3:53 - Remy de Gourmont
4:07 - Jacques Bainville
4:19 - François Bott
4:36 - Johann Nestroy
4:46 - Générique
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Référence bibliographique :
Roland Jaccard, Dictionnaire du parfait cynique, Paris, Hachette, 1982.
Images d'illustration :
Joseph Joubert : https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Joubert_(moraliste)#/media/Fichier:Joseph_Joubert.jpg
Mark Twain : https://theysaidso.com/quotes/author/mark-twain/
Jonathan Swift : https://www.sciencephoto.com/media/228587/view/jonathan-swift-english-author
Giovanni Papini : https://catalogo.beniculturali.it/detail/HistoricOrArtisticProperty/0900118123#lg=1&slide=0
François George : https://www.cultura.com/p-alceste-vous-salue-bien-3179668.html
Honoré de Balzac : https://www.librairielaliberte.com/balzac-le-journalisme-comme-sciences-des-moyens
Marcel Proust : https://www.humanite.fr/culture-et-savoirs/litterature/il-avait-tout-pour-finir-dans-l-oubli-et-marcel-proust-devint-un-ecrivain-national-7
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« Quand un peuple n’ose plus défendre sa langue, il est mûr pour l’esclavage. »
Le loisir, voilà la plus grande joie et la plus belle conquête de l'homme.
« Penser par clichés est quelquefois développé à un degré prodigieux et sans doute pathologique. »
LES ROSES DANS L'ORAGE
Les rose pâles sont blessées
Par la rudesse de l'orage,
Mais elles sont plus parfumées,
Ayant souffert davantage.
Mets cette rose à ta ceinture,
Garde en ton coeur cette blessure,
Sois pareille aux roses de l'orage.
M... dirait : "J'aime mieux être l'esclave de mes passions que l'esclave d'une morale.
Un imbécile ne s'ennuie jamais : il se contemple.

Nouvelles littéraires
14 décembre 1914.
Elles nous viennent maintenant des tranchées, des dépôts, des hôpitaux, des camps de prisonniers. Qui est mort, qui est blessé, qui est malade ? Le Bulletin des Écrivains, n° 2, répond à ces questions pour le mois qui vient de s’écouler. Il n’a pas été très meurtrier pour les lettres, d’où on peut en inférer qu’il a été le même pour l’ensemble des armées, malgré la fréquence des combats et la progression des lignes, mais il n’y a pas mal de blessés, quelques prisonniers et encore des disparus. Avec ces trois catégories, on ferait un excellent sommaire de revue ou de journal littéraire, on alimenterait une librairie. Que faut-il entendre par « disparus » ? On reporte toujours à cette liste le charmant du Fresnois. Hélas ! Quel espoir laisse-t-il encore ? Il est disparu depuis les premiers combats en Belgique. Serait-il blessé grièvement et prisonnier en Allemagne ? Triste perspective et c’est la meilleure. Il en est de même du jeune romancier Alain-Fournier. Cependant, son ordonnance aurait pu revenir sur le lieu du combat où il était tombé et reconnaître le corps. Il est donc peu permis, à moins d’une erreur inexplicable, d’avoir des doutes sérieux. Par prudence, les rédacteurs l’ont mis parmi les disparus. Ce serait une perte très sensible pour les lettres. En somme ce bulletin continue d’être un document très triste et très glorieux, quoique la gloire qui échoit à quelques-uns soit une gloire définitive et sans le lendemain qu’ils avaient rêvé. Mais les lendemains sont bien incertains et peut-être vaut-il mieux mourir en pleine force et en pleine jeunesse que d’en courir les risques. Il y a longtemps que les Anciens, si sages, avaient mis au premier rang des amis des dieux ceux qui meurent jeunes. Ce qui nous paraît une injustice du sort est peut-être un privilège. N’importe Il est douloureux pour ceux qui le contemplent.
Un jour, nous nous vîmes cernés par une troupe de paysans armés de bâtons aigus comme pour la chasse au sanglier. Ils étaient conduits par une manière de sorcier coiffé comme les Galles, qui remuait dans l'air un morceau de bois fourchu comme une potence ; de son autre main il trempait un rameau de buis dans une outre que portait un esclave et il aspergeait la nature. J'aurais bien ri, si je n'avais pressenti un danger. Ma compagne s'était éloignée pour cueillir des herbes : « Ils viennent la chercher, me dis-je. Elle, ils ne lui feront pas de mal. Mais moi, s'ils me joignent, gare aux épieux ! » Je pris mon élan et, franchissant un précipice, je fus bientôt hors d'atteinte. Ce précipice, je n'ai pu le repasser, pendant près de douze cents ans.
Nietzsche avait peu d'expérience de l'amour. On dit même qu'il n'eut jamais avec aucune femme que des relations d'amitié. Il a cependant, comme tout bon philosophe, écrit et sur l'amour et sur les femmes. Un jour, à Sorrente, il confia à Malvina de Meysenburg, le cahier manuscrit qui contenait les aphorismes sur les femmes, parus depuis dans la première partie de Humain, trop humain. Malvida prit le cahier, le lut, et le rendit à Nietzsche en souriant. Il demanda l'explication du sourire. « Ne publiez pas cela, répondit Mlle de Meysenburg. » Nietzsche sembla froissé. il joignit le cahier au reste du manuscrit et envoya le tout à son éditeur.
Le conseil de Malvida était bon. Les aphorismes de Nietzsche sur les femmes forment la partie la moins intéressante de son oeuvre.
Des femmes sont des maîtresses ; d’autres, des amantes ; d’autres
des amies. Les maîtresses se remplacent ; les amantes, rarement ;
les amies, jamais.