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Citation de enkidu_


La fin de la différence des corps est peu de chose comparée à la fin de la différence des âmes, des esprits, des habitudes, autant dire des cultures et des civilisations, telle qu’elle est rendue nécessaire par l’exigence d’interchangeabilité générale, plus couramment appelée mondialisation. La mondialisation peut être critiquée, c’est encore permis, et il arrive qu’elle le soit. Mais elle a des amis et des alliés hauts placés et bien vus, très appréciés, très admirés, très aimés, qui, eux, sont tout à fait incriticables, je veux dire impossibles à critiquer quand bien même ils prêteraient à l’être ; et leur réputation d’être au-dessus de tout soupçon la protège, elle, par métonymie.

Au premier rang de ces alliés respectables entre tous, la démocratie et l’antiracisme post-génocidaire.

Pour la démocratie rien n’est plus précieux que l’égalité. C’est son “cœur de métier”, comme dirait la publicité. Or l’égalité est indispensable à l’interchangeabilité générale. Voyez comme sont difficiles, presque impossibles, les échanges entre cultures, ou bien faut-il dire civilisations, qui n’accordent pas le même prix à la vie humaine. À cet égard je n’ai jamais pu comprendre comment les Palestiniens pouvaient bien accepter d’échanger cent, deux cents ou cinq cents d’entre eux contre un seul Israélien, et parfois un Israélien mort. Non seulement ce n’est pas du tout démocratique, mais surtout c’est très contraire à l’égalité entre les …, entre les … — ici toute sort de mots impossibles, vous remplirez pour moi les blancs. Ce type d’échange me semble affreusement humiliant pour les Palestiniens. Il me semble qu’ils devraient insister, quand ils rendent la liberté à un Israélien enlevé, pour que soit libéré en échange un seul Palestinien détenu.

L’antiracisme dogmatique, par sa seule existence, est tout aussi favorable à la doctrine remplaciste. J’ai eu plaisir à constater depuis longtemps que mes analyses, si j’ose dire, sur ce point, recoupent parfaitement celles de votre président, Gilles-William Goldnadel. Nous sommes parfaitement d’accord lui et moi, lui récemment encore dans ses Réflexions sur la question blanche, moi dans un petit essai intitulé “La deuxième carrière d’Adolf Hitler”, texte repris dans un recueil au titre lui-même emprunté à Alain Finkielkraut, Le Communisme du XXIe siècle — par quoi Finkielkraut et moi voulons désigner précisément l’antiracisme dogmatique, l’antiracisme sorti de son lit, la morale, pour se convertir en pouvoir, et très vite en pouvoir abusif, répressif, oppressif — parfaitement d’accord, dis-je, Goldnadel et moi, je crois, pour voir dans le désastre entre les désastres, le génocide, les camps de la mort, le fondement d’une impossibilité à défendre tout ce qui de près ou de loin a pu paraître associé à Hitler et à la solution finale et bien sûr compromis par eux, irrémissiblement : je veux dire l’État, je veux dire les frontières, je veux dire la citoyenneté en tant qu’elle implique nécessairement quelque chose qui n’est pas elle, une non-citoyenneté, une étrangèreté ; et je veux dire a fortiori la patrie, l’héritage culturel, les traditions nationales — ne parlons même pas de la race, sise au sommet phosphorescent de l’innommable.
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