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Citation de NMTB


Quand les hommes parlent des moyens nouveaux de destruction, ils disent « la bombe » comme s’il n’y en avait qu’une et qu’elle appartenait à tout le monde et à personne, ou plutôt comme si le monde entier lui appartenait. Et elle apparaît en effet comme la Reine de ce monde. Elle trône au-dessus d’une foule immense de prêtres et de fidèles qui n’existent, semble-t-il, que pour la servir. Les uns enfouissent dans la terre les œufs empoisonnés de l’idole, les autres les déposent au fond des mers, d’autres encore en parsèment les cieux, faisant circuler sans fin les étoiles de la mort au-dessus de l’inlassable fourmilière. Il n’est pas la moindre parcelle d’une nature nettoyée par la science de toutes les antiques projections surnaturelles qui ne soit réinvestie par la vérité de la violence. De cette puissance de destruction, on ne peut pas ignorer, cette fois, qu’elle est purement humaine, mais, sous certains rapports, elle fonctionne de façon analogue au sacré.
Les hommes ont toujours trouvé la paix à l’ombre de leur idoles, c’est-à-dire de leur propre violence sacralisée, et c’est à l’abri de la violence la plus extrême, aujourd’hui encore, qu’ils cherchent cette paix. Dans un monde toujours plus désacralisé, seule la menace permanente d’une destruction totale et immédiate empêche les hommes de s’entre-détruire. C’est toujours la violence, en somme, qui empêche la violence de se déchaîner.
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