Il est donc temps de réhabiliter le poids du passé car tout ceci est une impression, une compression ultrarapide, une suffocation qui ne peut rien capitaliser. On disperse au lieu d'accumuler, et qui ne s'enrichit pas s'appauvrit. L'histoire immédiate n'est qu'un oxymore, utile pour composer avec sérieux la chronique des jours d'aujourd'hui, mais qui ne peut, au mieux, que poser les prolégomènes à l'Histoire qui s'élaborera plus tard dans le recul de la réflexion. De même nature, l'histoire de l'art ne saurait déroger à cette règle. Elle non plus n'est pas une banque de données (style dictionnaire où l'on clique sur des mots) mais un récit. L'histoire du cinéma se raconte, se déploie dans le temps où elle prend sa véritable dimension. Elle est source, alimente le présent, transmet un héritage, construit un réservoir qui a sa logique, sa cohérence et son mouvement. L'état actuel résulte d'un long cheminement. Il a été façonné par un passé historique complexe. L'ignorer, c'est se condamner à ne pas avoir de futur, de profondeur, à consommer une actualité sans perspective. Pour pouvoir aimer, apprécier, il faut connaître et comprendre comment et pourquoi on en est arrivé là.