Revue Nez

« Le culte des sens a souvent été décrié, et à juste titre, car la nature de l'homme lui fait éprouver une terreur instinctive devant des passions et des sensations qui lui paraissent plus fortes que lui et qu'il a conscience de partager avec des êtres vivants moins supérieurement organisés. Mais Dorian Gray estimait que l'on avait jamais compris la vraie nature des sens, et qu'ils n'avaient conservé leur sauvagerie ou leur animalité que parce que le monde avait tenté de les soumettre par la faim ou de les tuer par la souffrance, au lieu de viser à en faire les éléments d'une spiritualité nouvelle, qui aurait pour trait dominant un sens instinctif et subtil de la beauté. » Ce passage du Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde, publié pour la première fois en 1890, évoque bien la condamnation du « culte des sens » par la morale victorienne de la fin du XIXe siècle. Mais des cinq sens, l'odorat est sans doute celui auquel s'applique le plus cet opprobre. Les travaux de l'historienne et anthropologue Annick Le Guérer, dans Les Pouvoirs de l'odeur (éd. Odile Jacob, 2002), ont montré à quel point la philosophie occidentale avait cultivé pour celui-ci un certain mépris, le tenant, entre autres griefs, pour un sens subjectif, instinctuel, inapte à l'abstraction et qui ne permet pas l'accès à la connaissance. Dès la Grèce antique et jusqu'à une époque récente, de Platon à Hegel en passant par Aristote et Descartes, rares sont les philosophes qui, comme Etienne Bonnot de Condillac au XVIIIe siècle ou Nietzsche au XIXe siècle, ont plaidé en faveur de ce sens mal aimé.

Sens interdit ou sens unique ? Eugénie Briot, p. 93

Des matières sur la sellette
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Six ingrédients qui ont du corps
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Musc
Le matière dont on prohibe l'utilisation est le musc, dit aussi musc Tonkin, issu du chevrotain porte-musc originaire d'Asie.
La substance est sécrétée par une glande abdominale du mâle en rut, et ne peut être prélevée sans tuer ce dernier.
L'animal, dont la population a été décimée, est désormais protégé par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites). Or, la production de musc en élevage est peu concluante. On décrit cette matiere - et il faut le croire sur parole, car rares sont ceux a en avoir senti- comme puissante et chaude, tel le café noir.

Interview de Richard Pfister *

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Dans votre livre Les Parfums du vin, vous distinguez bien les odeurs et les arômes. Quelles sont les différences, même si cela peut sembler évident ?
Les odeurs, c'est ce que l'on sent directement et exclusivement par le nez. Les arômes sont perçus par la bouche puis par le nez grâce à la rétro-olfaction. Lors de leur passage à l'arrière du palais, les molécules remontent dans l'epithelium nasal. On les sent au même endroit que si elles passaient par le nez. Le nez, c'est donc 50% du goût.
Un arôme est est une odeur, mais une odeur n'est pas forcément un arôme.

* cet ingénieur suisse de 37 ans a complété son cursus par l'apprentissage de la parfumerie.
Cette double spécialité fait de lui un profil rare, sollicité par de nombreux professionnels du vin pour son approche transversale axée sur l'olfaction.

Il [l’oranger] commence à produire significativement des fruits à l’âge de 4 ans, atteint sa pleine maturité à 10 ans et peut vivre jusqu’à plus de 30 ans.

كل حاسة في جسم الانسان نعمة من اللة استخدم عقلك في استخدام حواسك

L’odeur dans l’usine est extrêmement intense, car elle est composée de molécules très volatiles, qui forment comme une vapeur autour des machines : je me souviens d’une sensation survitaminée, avec des facettes butyriques marquées, de fruits trop mûrs.

C’est le fruit qui a donné son nom à la couleur, au XVIe siècle, et non l’inverse. Cette dernière était auparavant décrite comme « rouge-jaune » ou « safran ».

Zestée, acide, vive, caractérisée par le limonène et les aldéhydes, c’est cette dernière qu’on retrouve dans l’essence utilisée en parfumerie.