— Alors, comment ça s'est passé, ton rendez-vous hier ?
— Il m'a d'abord complimenté sur ma tenue. Puis il m'a demandé si je voulais des enfants et combien j'en aimerais, et il a terminé en me demandant s'il pouvait me faire la bise.
— Je parlais de ton entretien d'embauche.
— Moi aussi.

Depuis le XIXe siècle, s'est enracinée l'idée qu[e les femmes] sont « le sexe faible ». Certains de leurs souffrances (règles, accouchement) sont considérées comme « normales ». C'est ce qui explique la reconnaissance tardive et inaboutie de l'endométriose comme maladie. Très ancrées, ces représentations influencent l'expression des symptômes et le recours aux soins par les patientes, mais aussi l'interprétation des signes cliniques et la prise en charge par les soignants, notamment vis-à-vis des patientes des classes populaires. Ainsi de l'infarctus du myocarde, dont le diagnostic est plus tardif chez les femmes, comme le montre une étude récente réalisée en Suisse qui corrobore les résultats obtenus ailleurs en Europe et en Amérique du Nord : une patiente qui se plaint d'oppression dans la poitrine se voit davantage prescrire des anxiolytiques alors qu'un homme est orienté vers un cardiologue. À l'inverse, l'ostéoporose et la dépression sont sous-diagnostiquées chez les hommes.