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Citation de SZRAMOWO


J’ai été marqué par Mémoire cavalière de Philippe Noiret. Déjà et contrairement à beaucoup d’autres mémoires de comédiens, on sent chez lui une richesse du style. Mais surtout, si Philippe Noiret était plutôt silencieux et peu loquace on découvre ici qu’il a presque un besoin de dire des anecdotes, de bavarder, de conter. Comment expliquez-vous ces deux facettes ?

C’était un conteur formidable dans la vie. On passait des repas merveilleux. À cette époque, il pouvait boire encore du champagne et il nous offrait souvent des bouteilles. C’était avec lui un concours d’anecdotes, d’histoires, de réflexions. Il adorait le style, les dialogues. Il avait énormément apprécié les dialogues d’Aurenche. Il avait aimé leur écriture. Pareil pour Cosmos, ou encore Daniel Boulanger pour Philippe de Broca. Il faisait très attention à la manière dont les choses étaient écrites. Il lisait constamment. Il voyait aussi des pièces de théâtre, il avait une oreille formidable. C’était un amoureux de la langue, un très grand connaisseur de la langue française, tout comme Rochefort et Marielle. On pouvait discuter avec Noiret et Rochefort de Jacques Audiberti très très longtemps. Il s’était frotté à tellement de textes à l’époque du TNP, de Brecht à Corneille.

Vous aviez des projets ensemble qui ne se sont pas concrétisés ?

Non… Peut-être que je devais en avoir, mais je les ai mis de côté quand je l’ai vu devenir malade. Je ne pouvais pas le faire venir dans Laisser passer ou Ça commence aujourd’hui. Il ne pouvait pas faire partie de ces films-là.

Dans son livre, il se décrivait de la manière suivante : « Dans mon métier je me suis toujours senti saltimbanque et j’ai toujours voulu être artisan. J’ai toujours eu la plus grande considération pour les hommes de l’art. » C’est quelque chose qui le définit bien selon vous ?

Oui, mais artisan au sens très noble du mot. C’est beau d’être artisan. C’est quelqu’un qui construit une merveilleuse table, un meuble splendide, qui va devenir une pièce de musée peut-être. Mais quand il travaille, il ne pense pas à ça. Il est juste guidé par la passion. Il était très marqué par Vilar, l’école du TNP. Il avait un énorme respect du public, dans sa façon de ne jamais le sous-estimer. Il pouvait faire sienne la réplique qu’à Guitry dans Le Comédien : « Quand vous parlez mal du public, j’ai l’impression que vous humiliez un peu la France, parce que le public c’est votre pays. » Ça le résume parfaitement.
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