Revue Soeurs

Dans le désert une porte.
Sous l'océan le feu.
Hiver caniculaire dans l'été ténébreux.
De froides étincelles tapissent l'inconscient.
Dans le brasier le gel, une lettre de voeux
Une mer écroulée au seuil d'un torrent.
Un carnaval sans gueux, le long des barricades où se battent les rois à coup de mazagran.
Dans une forêt un fort, où se cachent les loups.
Les routes sont sinueuses sur les lacs de boue.
Dans ta main une ville
Des trésors de cailloux.
La chaise de l'exil
Des montagnes à genou.
Dans le sommeil un monde où les corps sont flous.
Dans l'éveil une tombe où l'ennui se déploie.
Une flaque sans fond loin des ruisseaux arides, le doigt sur le courant, soudain le sol vibre.
Les immeubles oscillent, je penche la fenêtre. Sur la soupe un cil, parti à la conquête.
Dans le néant, l'écho.
Des fleurs d'hirondelle.
La vie à vol d'oiseau.
Un enfer de merveilles.
Je traverse mon ombre, vers une nuit sans fou.
Dans le retard une montre.
J'attends depuis des heures que le magicien joude
Meurtriere ensoleillée par la lumière lunaire.
Le barde joue du clavier sur le chant des sirènes.
Le soleil coule à flot le long des cimetières.
La guerre, le bruit des bombes. muselés sous une symphonie.
La vie douce et clémente.
Un cerf-volant sur le maquis.
Dans le silence une ile.
Sur l'échafaud un rêve.
Un reflet dépose dans une boite à gant.
Une lettre anonyme descend un toboggan.
Des enfants se déguisent de masques étincelants.
Dans lillusion un pli. Sous le préau le vent.
Dans le néant, l'écho.
Un fil tendu à ciel ouvert traverse les siècles à venir.
Un vieillard pleure un univers, des larmes forgées dans la lave, des volcans creusés dans la terre, des confettis en forme d'étoiles.
Sur le trottoir une illusion, un monde étincelant de mystère.
Une femme s'approche lentement, et pointe du doigt l'horizon.
Dans le désert une porte.

- Ytso

Oui
Mais ne tinquiète pas
Regardons ailleurs
Regardons loin
Même si la mer se rétrécit encore
Et avant que la nuit ne tombe dans nos yeux
Allume la lampe de l'espérance
Dans l'antichambre du songe
Et si le feu brûlant enfante l'incertain
Et si le lendemain touche le fond
C'est pour mieux rebondir
Sans doute

- Michèle Gharios

Tu pécheras la lune des horizons sacrés
Tu chanteras le feu des voyages hors frontières
Tu mangeras le sel des douceurs que l'on offre
Tu iras où les mots bercent et captivent
Tu ouvriras les conques où repose l'histoire
Tu graveras la fable du temps qui emboucane
Tu panseras les bouches orphelines d'innocence
Tu prêteras tes ailes à mes évasions d'encre
Tu tairas les séjours gainés d'indifférence
Tu offriras le germe des chemins praticables
Tu guideras les mâts éclosant sur les monts
De nos jardins mystères
Où tout devient possible

Alors
Tu enfanteras les éclosions de notre destin

- Imasango

je ferai tomber les pierres
des murs qui m'encerclent
puis j'abattrai les portes
qui supportent la structure
où se cantonne le néant
je détacherai les chaines
des ancres qui enfoncent
dans le sable leur crochet
je mettrai à ras les tours
les colonnes et les poteaux
je renverserai les piliers
des poeèmes sur les feuilles
j'arracherai de ma poitrine
la médaille de mon âme
et repousserai mon corps
laissant voler mes yeux
Sur la plaine étendue
qui nait du ciel

- Silvia Baron Supervielle