Revue Ultreïa !

Ne pourrait-on imaginer les responsables des religions monothéistes se rassembler pour mettre à plat les différends qui entretiennent ou même exacerbent les rivalités idéologiques ? Serait-ce absurde de reprendre en commun la Bible, la Torah et le Coran pour en extraire, non ce qui les sépare, mais ce qui pourrait les unir ? Les livres sacrés méritent notre respect. Leur but initial n'est-il pas d'éclairer les hommes, de leur enseigner la sagesse, l'amour ?

Gilbert Sinoué

Ensemble hétéroclite et bigarré de croyances au parfum de mystère, voie de transformation intérieure, démarche initiatique aux frontière des religions institutionnalisées, il n'est pas simple de définir l'ésotérisme. Souvent identifié fautivement à l'occultisme ou à la magie, l'ésotérisme se présente plutôt comme une voie de connaissance, une science sacrée et une sagesse intemporelle aux antipodes des fondamentalismes et des attitudes sentimentales et moralistes, et, à plus d'un point de vue, comme une invitation à la liberté.
(Introduction au dossier sur l'ésotérisme, p 83.)

De par son dénuement et la majesté de son apparence - vêtu d'une simple robe ocre, il ressemble à une flamme qui s'élève, resplendissante, dans la nuit du monde - , l'authentique sannyasin incarne, aux yeux de l'homme de foi, la métaphore de la connaissance qui dissipe l'obscurité de l'ignorance. (...)
La civilisation védique ne se contente pas de reléguer le mode de vie du sannyasin à la marge négligeable de l'existence, elle l'installe au contraire en son cœur et en son faîte. Traditionnellement, l'adoption de la vie de sannyasin constitue le point culminant d'une existence vécue en harmonie avec l'ordre cosmique et la "Loi éternelle" (Sanâtana-Dharma) qui la soutient.

Gabriel Arnou-Laujeac

Si la spiritualité et l'humanisme permettent de résister à la barbarie, comment comprendre que des personnes civilisées choisissent librement de rejoindre les barbares et épousent pleinement leur cause ?

Vincent Aucante.

Lorsque l'esprit est semblable à un mur, on accède à la Voie. C'est ce qu'on nomme "mettre fin aux conditions par la contemplation murale".

Guifeng Zongmi (780-841)

"Mur" signifie impénétrable aux poussières adventices que sont les passions et les fausses notions.

Personne ne peut détailler le calendrier exact des enchaînements qui transformeront un ensemble de catastrophes en un véritable effondrement, mais il est plausible que cet enchaînement soit réservé aux générations présentes.

Pablo Servigne et Raphaël Stevens

Le monde n'est pas une mécanique aveugle, il est un corps de raison, il est pénétré d'esprit et il est capable d'introduire notre pensée dans une inépuisable contemplation.

L’émerveillement, c'est précisément le moment où émerge en nous une nouvelle dimension, c'est le moment privilégié où nous sommes soudain guéris pour un instant de nous-mêmes et jetés dans une Présence que nous n'avons pas besoin de nommer, qui nous comble en même temps qu'elle nous délivre de nous-mêmes.

Ce moment où nous sommes, pour un moment, libérés de nous-mêmes, où nous ne sommes plus qu'un regard vers, une attention à une aspiration vers, quand nous sommes ainsi totalement soulevés, emportés, libérés, quand nous passons dans l'objet de notre émerveillement, quand nous sommes suspendus à lui, quand nous ne sommes qu'un cri d'amour vers lui, quand nous sommes dans un immense silence où nous ne percevons que son appel, d'où nous nous sentons décollés de nous-mêmes et nous apprenons dans cette expérience même qu'il y a un autre moi possible que ce moi viscéral, possessif, égocentrique, d'ailleurs naturel, qu'il y a un autre moi qui est un moi oblatif, qu'il y a une autre manière d'exister que de s'accrocher à soi et de coller à soi, qui est de se donner, de s'offrir, de se perdre en un autre, et qu'à ce stade en effet, on ne se subit plus soi-même mais qu'on se donne parce que l'être tout entier jaillit dans cette création d'amour,

L'essentiel est de s'émerveiller car lorsqu'on admire, nécessairement on se quitte soi-même.

p.162 Maurice Zundel

Désabusés par le matérialisme ambiant, la médecine moderne et la religion, ces pèlerins d'un genre nouveau voient dans le chamanisme un antidote au désenchantement.

Audrey Mouge

Déjà, en Chine, il y a 3000 ans, les taoïstes se révoltaient contre "la civilisation" qui dénature l'être humain, lui faisant perdre la conscience du Tao, en le séparant de la vie universelle et de la nature. Et encore plus que jamais dans cette civilisation occidentale d'êtres humains cuirassés et séparés de la nature, laisser tomber les conditionnements et particularités apparentes, ce serait vivre enfin sans frontières, dans l'égalité.

Michel Jourdan

Quand on le laisse s'exprimer, l'essentiel, qui organise l'existence harmonieuse, jaillit spontanément.

Bertrand Vergely