Derrière tout ce que disait et faisait Périclès se dressait sa foi passionnée et raisonnée dans le génie du peuple athénien et dans la qualité unique que ce génie devait à la démocratie athénienne.
Tout est possible à qui peut gouverner les Athéniens. Périclès lui-même y éprouva quelques déconvenues. Pourtant sa domination fut totale, comme fut totale celle de l'intelligence claire, enthousiaste, sincère, bien qu'il dût, en certaines occasions, faire évidemment appel aux convoitises et aux ambitions populaires.
Ils (ndr : les pythagoriciens) justifiaient une conduite normalement taxée d'injuste, en érigeant en principe qu'il est essentiel de faire le bien des gens, fût-ce contre leur volonté. Périclès ne croyait pas la chose possible. On ne peut être bon sans liberté. Lorsqu'il usait de moyens de coercition, il ne prétendait pas qu'ils fussent bons, mais seulement qu'ils étaient nécessaires. Il choisissait, pensait-il, un moindre mal, mais savait que c'était un mal. Les pythagoriciens faisaient le mal en croyant à tort que c'était le bien. Ils ne tardèrent pas à être impliqués dans tous les crimes et toutes les exagérations de la tyrannie, d'autant plus violente qu'elle était plus hypocrite. Une de leurs actions d'éclat fut la destruction de la ville de Sybaris, qui joyeuse et démocratique semblait menacer leurs intérêts matériels et leur mode de vie. Cet acte de barbarie fut un de leurs derniers exploits. Peu de temps après, comme on pouvait s'y attendre, la révolution éclata dans tous les états qu'ils contrôlaient.
Ils furent tués en grand nombre et beaucoup d'autres furent envoyés en exil. Les survivants firent ce qu'ils auraient dû commencer par faire, s'ils avaient été logiques, et consacrèrent tous leurs soins à la philosophie. Depuis lors, ils accomplirent un travail utile en mathématiques.
Rappelons-nous que l'apparence n'est pas la réalité. Comme je l'ai noté ailleurs, ce qui apparaît n'est qu'un simple aperçu de l'invisible. Notre impression première, nos sensations telles qu'elles se présentent de coutume, en dehors de tout concours extérieur, sont trop faibles pour nous permettre de juger la vérité. Mais cela ne veut pas dire que la vérité nous soit inaccessible. La réflexion et l'expérience peuvent déceler l'erreur et découvrir l'ordre.
La liberté de l'homme vaut plus pour lui que tout au monde. Il n'est pas de bien que puisse accomplir un gouvernement pour en compenser la perte.
Dans une telle démocratie (ndr : de Périclès), là où chaque homme en particulier exerce le pouvoir, il est nécessaire que chaque homme soit, au moins jusqu'à un certain point, sage, bon et courageux. Le reproche communément adressé à la démocratie d'Athènes est que la nature humaine étant ce qu'elle est, cet état de choses est impossible ; et le monde eut lieu de s'étonner en constatant que ce raisonnement était faux.
Sans être un beau parleur ni un entraîneur, Périclès était toujours un chef. Jamais il ne cherchait à flatter l'humeur populaire : il créait la mode, était en avance sur elle.
Il n'existe pas de gouvernement parfait ; l'homme étant ce qu'il est, il ne peut pas y en avoir.
La peur et l'orgueil font souvent taire la raison.