Richard Forget auteur du Dossier noir du portable à la TV chez Ruquier
Un pensum ! Lorsqu’on est jeune avocat, à son compte comme je l’étais depuis six malheureux mois, on ne recherche pas en priorité les clients insolvables. Il y a déjà la famille qui sort de ses fonds de tiroir tous les différents « absolument plaidables » quelle a contre tout le monde ! Qui plus est, je ne suis pas porté naturellement à m’emballer pour les grandes causes associatives. Pas que mon cœur soit sec, mais les temps sont durs et lorsqu’on démarre dans la vie, dans mon métier comme dans beaucoup d’autres, on tente d’assurer la quiétude de son nid et la becquée de ses proches, voire sa simple pitance, en priorité.
La justice pouvait être aveugle, vraiment aveugle, machinale, infernale, et pas parce quelle était déshumanisée mais au contraire parce quelle était trop humaine ! Des bases fragiles, des condamnations à l’emporte pièces. J’apprenais. L’Esprit de la Loi s’évanouissait dans les limbes et laissait place non pas à l’anarchie mais à d’intimes convictions construites sur et par des subjectivités. Des hommes quoi, ancrés chacun dans leurs certitudes.
On a toujours une première impression et cette première impression est comme l’intime conviction, il faut s’en méfier, quoi qu’en dise le dicton populaire.
Il est toujours difficile, lorsque vous êtes habité tour à tour sans y être préparé par des sentiments qui vont de l’étonnement et du doute à l’acceptation d’une évidence qui confine à l’horreur, d’être impartial, objectif et pourtant je me propose de l’être afin qu’aucune critique partisane ne puisse s’élever contre le récit de ce qui ressemble davantage à un mauvais thriller qu’à une affaire plaidable en justice.
Certains croient détenir le monopole de la vérité. Certains se croient intouchables, et au-dessus des lois, beaucoup font fi de l’humain... Beaucoup tout simplement parce qu’ils ont davantage d’argent que d’autres se croient supérieurs et méprisent leurs contemporains. Et ces gens-là, malheureusement, détiennent parfois un pouvoir exorbitant et sont persuadés qu’ils peuvent tout acheter.
Si la justice est si souvent imparfaite, c’est tout bonnement parce quelle est rendue par des hommes. Illusions perdues. Certitudes acquises. Le droit n’était donc pour finir qu’une interprétation des textes, on pouvait instrumentaliser la justice. Elle pouvait n’être qu’un moyen stratégique et dépendait largement de la bonne ou la mauvaise foi des hommes qui la rendaient.
C’est vrai que nous en profitons du progrès, mais sans la moindre conscience, sans savoir de quoi il retourne, à l’aveugle... Le temps de l’honnête homme qui devait tout comprendre de son monde est bel et bien révolu...Je crois que nous subissons de plus en plus le progrès au nom du profit mais ce n’est jamais celui du plus grand nombre.
Beaucoup pensent que les gros poissons connaissent les coins des pêcheurs et ne sont jamais touchés par des filets maillants qui ne retiennent que le menu fretin.
le mot progrès n’aurait aucun sens tant qu’il y aurait des enfants malheureux.