C'est la première fois que je pense sérieusement à cette idée d'un chez-moi, à ce que signifie de choisir un lieu sur terre, d’être un membre d’une communauté dont les frontières s’étendent au-delà de l’espèce humaine. Je me demande ce qui adviendrait si chaque personne, à un moment de sa vie, prenait le temps de s’intéresser véritablement à une partie de l’endroit où elle habite : un jardin, un coin de bois, un étang, un tronçon de rivière, le flanc d’une colline, une forêt de cactus, un estuaire, un marécage, une crique… Comment cela affecterait-il la façon dont chacun envisage ses relations avec son environnement naturel ou la terre dans son ensemble ? Et au terme de plusieurs générations, en quoi cela modifierait-il la manière dont la culture occidentale considère le monde ? Je crois qu’il faudrait s’inspirer des modes de pensée et de vie de peuples comme les Koyukons.
Si je vivais suffisamment longtemps, je pourrais voir ce flanc de colline couvert d'une forêt naissante. En quelques siècles, ces arbres formeraient une vaste voûte avec des trouées éparses. Protégés de la neige épaisse recouvrant les étendues dégagées, les cerfs survivraient au froid pinçant de l'hiver en se réfugiant dans la forêt. La communauté entière des animaux dépossédés reviendrait s'y installer...