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S'inscrivant dans la nouvelle vague des récits horrifique américains, Automnal tient autant du folk horror des films The Wicker Man et Midsommar que des écrits de Richard Matheson et Stephen King. Sous la plume du romancier Daniel Kraus, connu pour son travail avec Guillermo del Toro (La forme de l'eau, Trollhunters), Automnal redonne du sens au terme roman graphique en portant le récit d'horreur dans les hautes sphères de l'angoisse psychologique, en offrant la part belle à des personnages crédibles. Cela accompagné par le trait gras et puissant de Chris Shehan et du génie de la couleur Jason Wordie.
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C'est la majorité qui définit la norme, non les individus isolés
Juste comme il démarrait le moteur, il s'avisa qu'il était garé le long d'un trottoir interdit au stationnement, et qui plus est à contresens. Il parcourut la rue du regard, appelant : "ohé ! Monsieur l'agent !".
Il rit pendant un bon kilomètre sans pouvoir s’arrêter, en se demandant ce qu'il y avait de si drôle...
Lorsqu'ils montèrent l'escalier, un vent glacé passa sur leurs têtes et fit vaciller les flammes des bougies. Celle d'Edith s'éteignit.
- Qu'est-ce que c'était ? murmura t-elle.
- Un courant d'air, répondit immédiatement Barrett qui inclina sa bougie pour rallumer celle d'Edith. Nous en parlerons plus tard.
Edith ravala péniblement sa salive et jeta un coup d'oeil à Florence. Barrett la prit par le bras et ils continuèrent à monter.
- Ce genre de choses se produira souvent pendant la semaine, dit-il. Tu t'y habitueras.
Edith se tut. Pendant que les Barrett montèrent l'escalier, Florence et Fisher échangèrent un regard.
Encore une question sans réponse, à ajouter à celle qui lui était venue la nuit précédente: comment un vampire musulman aurait-il réagit à la vue d'une croix ?
Une nouvelle terreur a émergé de la mort, une nouvelle superstition a conquis la forteresse inexpugnable de l'éternité. Je suis une légende.
Il y avait quelque chose de sinistrement burlesque dans cette course effrénée au profit alors même que le monde était en train de mourir.
À la vue de cette multitude de visages blêmes tournés vers lui, Neville s'avisa tout à coup qu'à leurs yeux, c'était lui le monstre. C'est la majorité qui définit la norme, non les individus isolés.

Pourtant, en quoi ses habitudes sont-elles plus révoltantes que celles des autres hommes et animaux? Ses crimes sont-ils plus graves que ceux des parents d'enfants qui étouffent la personnalité de leur enfant? Son seul nom provoque des réactions d'effroi. Mais est-il plus monstrueux que les parents d'un gosse névrosé, futur homme politique? Que l'industriel distribuant à des oeuvres l'argent qu'il a amassé en fournissant en bombes et en fusils des terroristes kamikazes? Que le producteur de l'infâme tord-boyaux avec lequel s'abrutissent de pauvres types, déjà incapables d'aligner deux idées à jeun ( 'Mande pardon : je suis en train de dénigrer le sein qui m'abreuve)? Est-il pire, enfin, que le patron du torche-cul qui souille les présentoirs d'un flot de calomnies et d'obscénités? Examinez bien vos consciences, mes petits coeurs, et dites-moi si le vampire est tellement épouvantable.
Tout ce qu'il fait, c'est boire du sang.
Pourquoi, dès lors, ce préjugé injuste et absurde à son égard? Pourquoi le vampire ne peut-il vivre là où il a envie? Pourquoi l'obliger à se terrer? Pourquoi chercher à le détruire? Vous avez fait de cet innocent un animal traqué, sans moyen de subsistance ni possibilité d'instruction. Il n'a même pas le droit de vote. Pas étonnant qu'il doive mener l'existence d'un prédateur nocturne.
Ouais, ouais, bougonna intérieurement Neville.
Mais vous laisseriez votre soeur en épouser un?
Là mon vieux, tu m'as cloué le bec...
Si je pouvais mourir maintenant, songea-t-il. Doucement, paisiblement, sans peur et sans cris. Si je pouvais la rejoindre. Si au moins je pouvais y croire...
Ses doigts se crispèrent lentement, sa tête s'inclina vers sa poitrine.
Virginia. Emmène-moi là où tu es.
Une larme de cristal roula sur sa main immobile...
Il n'aurait su dire combien de temps il demeura ainsi. Au bout d'un moment, toutefois, la tristesse la plus noire finit par s'apaiser, le désespoir le plus vif par s'émousser. C'est le sort du flagellant, dit-il, que de devenir insensible même à la morsure du fouet.
« Dans un monde où l’horreur constituait la norme, nul salut ne pouvait venir des rêves. Il avait pris son parti de l’horreur, mais sa banalité lui paraissait un obstacle infranchissable. » (p. 146)