Ce n'était plus la technique qui lui imposait les notes qu'il pouvait ou ne pouvait pas produire. Il s'était approprié la palette complète du chant humain. Chaque racket dont il avait été victime lui fournissait matière à chanter, un piège d'où s'échapper. Il avait toujours su atteindre la note. Désormais, il savait ce que signifiaient les notes. Dans sa bouche, l'espoir tenait bon, la crainte se recroquevillait, la joie se déchaînait, la colère se retournait elle-même, la mémoire se souvenait. La rage de 1968 l'alimenta puis s'évanouit, surprise par la place qu'il lui avait accordée.