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Citations de Richard Russo (429)


Mais pour Drew Littler, il suffisait pour être riche d'avoir une baie vitrée dans le salon ou une piscine dans le jardin. C'est lui qui m'a démontré la relativité fondamentale de toute fortune - les gens riches sont ceux qui ont deux dollars de plus que nous.
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Ma mère détestait les types qui traînaient devant ces lieux de perdition. Pourtant ils ne disaient pas de mal d'elle, même plutôt du bien, et on les entendait en traversant la rue. En définitive, leurs commentaires étaient les mêmes pour chacune des passantes.
L'une des anecdotes préférées de mon père concernait un de ces gars, dénommé Waxy, qu'on m'a présenté un après-midi au Mohawk Grill. Un connaisseur. Il avait choisi pour poste d'observation la porte de la salle des billards dans la partie sud de Main Street, avantageuse car elle lui permettait de garder un oeil dehors et un oeil dedans. "Mate-moi ça", a-t-il dit un soir à mon père, sur le point de sortir. Le pater a eu besoin d'une minute pour suivre le regard de Waxy jusqu'au feu du carrefour, et voir de qui il s'agissait. "C'est ta femme, Wax. T'es malade, ou quoi ?" Affreusement déçu, Waxy a hoché la tête : "Dommage, ça aurait pu donner quelque chose."
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J'avais dix ans, et j'avais découvert par hasard qu'une fille de deux ans mon aînée se déshabillait devant sa fenêtre, à dix heures trente le week-end. Elle devait être très fière de ses seins naissants, de leur croissance régulière, car elle les admirait chaque soir presque autant que moi, avant d'enfiler une chemise de nuit transparente. Je redoutais qu'un jour elle ne se rende compte que, par mégarde, elle ne fermait ses stores qu'aux deux tiers. Plus tard, à l'adolescence, je devais comprendre, ô fulgurante révélation, que cette adorable friponne avait pleinement conscience que, de l'autre côté de la rue, c'était bien mon haleine qui embuait ma fenêtre. Quand, à la rentrée suivante, elle a rempli ses cartons pour partir en Floride avec père et mère, ç'a été pour moi une perte dont j'ai rarement retrouvé la teneur. Bien sûr, à cette époque, l'intéressée était devenue plus avare de ses apparitions, mais ses seins bien plus dignes de mon admiration.
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A l'hôpital, ma mère me tenait contre son sein, et elle était sûrement jolie, très jolie même, comme la fille qui avait maté la concurrence avant guerre. "Eh ben?" a dit mon père, et elle m'a tourné vers lui. En apercevant ma petite queue, il a souri et dit : "Eh, v'là autre chose." Ca a dû être un grand moment de tendresse.
Et ça n'a rien changé du tout. Six mois plus tard, mon grand-père était mort. Papa s'est présenté le lendemain des obsèques, pas rasé et en retard, et maman lui a demandé le divorce. En quelques jours à peine elle avait perdu les deux hommes de sa vie.
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C'était au sujet de l'endroit où ils passeraient leur lune de miel qu'ils avaient connu leur premier vrai désaccord. Elle penchait pour les côtes du Maine où elle allait en vacances quand elle était petite. Chaque été, la famille louait la même vieille baraque à moitié en ruines non loin de l'endroit où sa propre mère avait grandi. Les huisseries laissaient passer les courants d'air, la charpente craquait, et le parquet était tellement voilé que si un pion des petits chevaux tombait de la table de la cuisine, on courait après jusque dans le salon pour le récupérer. Mais ils y étaient habitués, et il y avait assez de place pour loger les parents, les cinq enfants et les éventuels visiteurs du week-end. Joy se souvenait des dîners en famille et des excursions le soir vers un parc d'attraction de la région, des parties de Monopoly et des tournois de Cluedo qui duraient la journée entière quand il pleuvait. Même après la mutation de son père dans l'Ouest, ils retournaient passer le mois de juillet dans le Maine, malgré les plages de galets et l'eau trop froide pour s'y baigner. Joy était allée jusqu'à suggérer de louer cette même maison pour leur lune de miel. Ce qui appelait la Grande Question numéro un : pourquoi Griffin l'avait-il convaincue d'aller au cap à la place ? Puisque l'opportunité leur était donnée de suivre les traces d'un mariage heureux - celui des parents de Joy l'avait été, sans l'ombre d'un doute -, pourquoi choisir l'exemple misérable donné par ses propres parents ?
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C'était un jeu auquel ils jouaient depuis bientôt un an. Il consistait à dénicher l'humour involontaire qui saillait dans les bourdes de l'Empire Gazette, dans les fautes d'orthographe des publicités locales, dans les illogismes de l'affichage public - par exemple, on avait posé sur le mur de briques entourant la vieille chemiserie l'indication suivante : DEFENSE D'ENTRER SANS AUTORISATION. Ils avaient baptisé "empirismes" ces découvertes drolatiques, et Tick démontrait une aisance déconcertante à les repérer. Le mois précédent à Fairhaven, elle avait remarqué un panneau à l'extérieur de l'unique bar réputé gay du coin, plutôt minable, et dont on rénovait l'accès : ENTREZ PAR L'ARRIERE. Miles avait été alarmé que, âgée de seize à peine, sa fille y eût décelé quelque humour, mais il en était fier aussi.


[Cela m'a rappelé tous les panneaux ridicules, du genre PELOUSE INTERDITE planté au milieu d'une pelouse]
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« Je ne sais pas, dit Carl, songeur. À quoi servent les hommes, de nos jours ? »
Comme c’était précisément la question que Sully avait soigneusement évité de se poser toute sa vie, il jugea le moment bien choisi pour changer de sujet.
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Le péché est une chose fort répandue dans ce monde, et ceux qu'on qualifie d'originels n'en ont que le nom.
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j'ai toujours su qu'il se passe plus de choses en moi que je m'en montre, mais cela est probablement vrai de tout le monde. Qui n'aimerait pas être mieux compris? réservé, je suis sensible au regard d'autrui et embarrassé par celui que je porte sur moi. Quand certains regrettant d'avoir parlé trop vite, voudraient revenir sur ce qu'ils ont dit de peu amène ou d'irréfléchi, j'ai plutôt tendance, moi, à regretter les propos que je n'ai pas su tenir. Pis ces regrets s'accumulent, les mots s'empilent les uns sur les autres comme les pierres d'un barrage, bloquant toute forme d'expression. Et quand le barrage cède, je laisse échapper une phrase sous le coup d'une urgence déplacée, du fait que mon observation arrive beaucoup trop tard...
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Quand Peter lui adressait la parole, ce qui n'arrivait pas souvent, c'était dans un Anglais différent de celui auquel il était habitué, un anglais qui lui donnait l'impression d'être bête. La vieille Miss Peoples l'avait pourtant prévenu quand il était en quatrième que le monde récompensait les gens qui parlaient suffisamment bien pour faire sentir aux autres qu'ils étaient bêtes.
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Ce qui fausse le match entre le destin et le libre arbitre, c'est que les êtres humains confondent l'un et l'autre; ils s'attaquent furieusement à tout ce qui figé et immuable, en ignorant les choses sur lesquelles ils ont un certain pouvoir.
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Mais voilà le problème avec les mensonges, hein ? Pris séparément ils ne pèsent pas lourd, sauf qu’on ne sait jamais combien il va falloir en raconter pour protéger le premier, et bien sur, ils s’additionnent. Avec le temps, ils se mélangent jusqu’au jour où on se rend compte qu’ils n’ont plus d’importance en tant que tels. Mentir est devenu notre seconde nature. Et la personne à qui on ment le plus, c’est soi-même. 
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Peut-être qu'ils n'étaient pas tous pour un, un pour tous. Peut-être qu'ils ne l'avaient jamais été. Mais ils avaient été amis, de bons amis, et apparemment, l'étaient toujours.
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On ne pardonne pas aux gens parce qu'ils le méritent, avait ajouté Miss Beryl. On leur pardonne parce qu'on le mérite.
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Mais voilà le problème avec les mensonges, hein ? Pris séparément, ils ne pèsent pas lourd, sauf qu'on ne sait jamais combien il va falloir en raconter pour se protéger le premier, et bien sûr, ils s'additionnent. Avec le temps, ils se mélangent, jusqu'au jour où on se rend compte qu'ils n'ont plus d'importance en tant que tels. Mentir est devenu notre seconde nature. Et la personne à qui on ment le plus, c'est soi-même.
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" ce qui lui manque plus que tout, c'est cette conviction naïve de sa génération qui croyait pouvoir se retirer du jeu si elle s'apercevait que le monde s'avérait irrémédiablement corrompu. Formulé ainsi, c'est un peu ridicule, mais n'était ce pas le pivot de leur foi ? Ils croyaient que le fait d'avoir raison à propos d'une guerre au sujet de laquelle leurs parents s'obstinaient à avoir tort faisait d'eux des êtres à part, voire exceptionnels. Ils changeraient le monde. Du moins, ils rejetteraient ses sollicitations éhontées, ses diverses formes de corruption et ses incitations malhonnêtes." P. 275 Lincoln .
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« Lincoln n'est pas là, dit-il. C'est lui que vous voulez voir, j'imagine. »
Troyer se rallonge dans le transat et noue les mains derrière la tête, comme s'il avait décidé de s'installer jusqu'à la fin de l'après-midi.
« Lincoln, répète-t-il. Comment un Blanc peut-il appeler son gamin Lincoln ? »
Teddy résiste à l'envie de lui répondre que le Blanc en question se prénomme Wolfgang Amadeus.
« Peut-être espérait-il que son fils connaîtrait une grande destinée ? Peut-être même qu'il deviendrait célèbre ? »
Troyer ricane.
« Pour recevoir une balle dans la tête ?
- Étant donné que nous sommes en Amérique, il risque fort de se faire tirer dessus, quel que soit son nom. »
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Supposons que les secondes chances existent. Si on disposait tous de plusieurs vies, seraient-elles différentes ? Ou bien exactement semblables ?
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Voilà donc ce que l'on appelait le prix du péché. Ayant trahi la confiance de ses amis il les soupçonnait maintenant d'avoir trahi la sienne ; les personnes qu'il connaissait le mieux et qu'il aimait le plus devenaient soudain des inconnus. Désormais le vieux monde familier était étrange incertain.
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Lorsque j'arrivais sur la terrasse, pieds nus,en caleçon, Ellie tournait le dos au jacuzzi." Que se passe t- il demandais- je? Elle ne pouvait que secouer la tête. En scrutant l'eau bleue inerte, je ne reconnus pas immédiatement ce que j'avais devant les yeux. A la surface flottait une longue et impressionnante merde orangée.
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